dumaĂŻs grain humide et en production laitiĂšre Lâutilisation du maĂŻs grain humide broyĂ© et conservĂ© en boudin est tout Ă fait possible pour les vaches laitiĂšres. La technique permet de valoriser ses cĂ©-rĂ©ales sans investir dans du matĂ©riel de stockage : silo, vis de reprise. Cela permet ainsi dâamĂ©liorer lâautonomie alimentaire de lâexploitation en rĂ©dui-sant les achats
RĂ©coltĂ© assez humide 30-35 % d'humiditĂ©, le maĂŻs grain humide peut ĂȘtre broyĂ© et stockĂ© dans un silo Ă©troit ou dans un silo boudin. Ă condition d'en consommer plus de 150 kg par jour 40 vaches minimum de façon Ă Ă©viter les risques d'Ă©chauffement Ă la reprise.© WATIER-VISUELLa partie noble de la plante est une source d'amidon de qualitĂ©, qui s'associe bien Ă l'herbe pĂąturĂ©e et aux fourrages riches en celluloses digestibles pour densifier les rations en Ă©nergie. UTILISĂ POUR L'ALIMENTATION DES PORCS depuis les annĂ©es cinquante, le maĂŻs grain humide MGH entre de plus en plus souvent dans la ration des vaches laitiĂšres. Dans ce cas, c'est un concentrĂ© intĂ©ressant pour valoriser la culture du maĂŻs, en complĂ©ment de l'ensilage plante entiĂšre. Cela permet de gagner en autonomie alimentaire sans engager de frais de sĂ©chage et sans besoin de structure de stockage. Certains nutritionnistes privilĂ©... Vous avez parcouru 6% de l'article > AccĂ©dez Ă tous les articles > Recevez la newsletter > Recevez 2 numĂ©ros chez vous UTILISĂ POUR L'ALIMENTATION DES PORCS depuis les annĂ©es cinquante, le maĂŻs grain humide MGH entre de plus en plus souvent dans la ration des vaches laitiĂšres. Dans ce cas, c'est un concentrĂ© intĂ©ressant pour valoriser la culture du maĂŻs, en complĂ©ment de l'ensilage plante entiĂšre. Cela permet de gagner en autonomie alimentaire sans engager de frais de sĂ©chage et sans besoin de structure de stockage. Certains nutritionnistes privilĂ©gieraient mĂȘme le maĂŻs grain humide sur l'ensilage plante entiĂšre dans la ration des laitiĂšres, en l'associant Ă d'autres fourrages de OU INERTĂ, DEUX MODES DE CONSERVATIONIl existe essentiellement deux techniques de conservation du maĂŻs grain humide. Chacune impose une absence d'oxygĂšne, donc un mode de stockage Ă©tanche. Si le grain est moissonnĂ© assez tĂŽt, Ă une humiditĂ© entre 30 et 35 %, il peut ĂȘtre ensilĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© broyĂ© et tassĂ©. Dans ce cas, les bactĂ©ries lactiques fermentent les glucides et abaissent rapidement le pH 4 Ă 4,5. Cette conservation se fait en silo couloir Ă©troit ou en silo boudin, mais impose un avancement minimum de 10 cm par jour de façon Ă Ă©viter la reprise en fermentation. Autre mĂ©thode de conservation l'inertage. Elle concerne des grains moissonnĂ©s plus secs 2 Ă 30 % d'humiditĂ© qui sont conservĂ©s entiers, souvent dans un big bag respiration des grains consomme l'oxygĂšne et produit du gaz carbonique pour un abaissement modĂ©rĂ© du pH 5 Ă 5,5. L'inertage en big bag de 800 kg est recommandĂ© pour des consommations quotidiennes infĂ©rieures Ă 150 kg bruts, mais elle impose un broyage ou un aplatissage Ă la reprise. Il existe une autre mĂ©thode qui permet d'Ă©viter tout broyage. Il s'agit d'un traitement Ă l'ammoniac des grains avant de les stocker hermĂ©tiquement en big bag. L'ammoniac dĂ©grade la paroi cireuse du grain, ce qui permet de l'utiliser en l'Ă©tat par la vache laitiĂšre sans gaz est injectĂ© dans le maĂŻs grain entier, Ă raison de 20 kg/t avant son stockage en big bag. L'humiditĂ© doit ĂȘtre suffisante 32 Ă 38 % pour bien fixer l'ammoniac. L'intĂ©rĂȘt de cette mĂ©thode est aussi d'enrichir le maĂŻs en azote 140 g de PDIN/PDIE au lieu de 82 g pour un MGH non traitĂ©. Comme l'ammoniac imprĂšgne l'amidon du grain, il permet un enrichissement en PDIA non nĂ©gligeable 82 g au lieu de 60 g. La technique apparaĂźt trĂšs intĂ©ressante dans cette pĂ©riode de correcteur azotĂ© hors de prix. Le maĂŻs grain ainsi traitĂ© peut se conserver deux Ă trois ans dans son big bag, et reste beaucoup plus stable Ă l'ouverture qu'un maĂŻs inertĂ©. Le prix du traitement Ă l'ammoniac se situe dans une fourchette de 38 Ă 40 âŹ/t. Le maĂŻs grain est la partie noble de la plante. Qu'il soit sec ou humide 25 Ă 35 % d'humiditĂ©, il possĂšde la mĂȘme composition chimique, avec Ă©videmment une dominante en amidon 742 g/kg de MS supĂ©rieure au blĂ© 698 g/kg.UNE SOURCE D'AMIDON DE BONNE QUALITĂDe ce fait, sa densitĂ© Ă©nergĂ©tique est trĂšs Ă©levĂ©e 1,22 UFL/ kg de MS, bien au-dessus d'un ensilage maĂŻs plante entiĂšre qui intĂšgre une partie tige-feuilles assez pauvre moins de 0,6 UFL. Dans les rations pour vaches laitiĂšres, le maĂŻs grain a aussi la rĂ©putation d'ĂȘtre dĂ©gradĂ© plus lentement dans le rumen, donc potentiellement moins acidogĂšne. C'est indĂ©niable pour le maĂŻs grain sec dont l'amidon vitreux se dĂ©grade lentement DT 56 %. Cela l'est moins pour le MGH qui se dĂ©grade assez vite dans le rumen DT 74 % mais moins rapidement qu'un blĂ© DT 80 %. Le MGH ne peut donc pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une source importante d'amidon lent. Sa dĂ©gradabilitĂ© dans le rumen est tout juste un peu plus faible que l'amidon d'un ensilage maĂŻs plante en- 3 QUESTIONS Ă... tiĂšre. Le risque d'acidose n'est donc pas Ă nĂ©gliger. Dans le dĂ©partement de l'Illeet- Vilaine, 14 % des producteurs de lait utilisent du maĂŻs grain dans la ration de leurs vaches laitiĂšres. 55 % d'entre eux, soit environ 250 Ă©levages, l'utilisent sous forme humide et pour moitiĂ©, ils pratiquent un traitement Ă l'ammoniac du KG PAR VACHELe MGH est utilisĂ© dans les rations hivernales, en complĂ©ment de l'ensilage de maĂŻs qui domine toujours les rations bretonnes. Les quantitĂ©s distribuĂ©es dĂ©pendent de la richesse en amidon du fourrage de façon Ă ce que la ration totale ne dĂ©passe pas le seuil critique de 27 % d'amidon. Dans ce cas, le maĂŻs grain humide peut avoir deux fonctions corriger un ensilage maĂŻs pauvre en amidon trois points d'amidon peuvent se corriger par 1 kg de MGH ou enrichir en Ă©nergie une ration mixte comprenant une part consĂ©quente d'ensilage d'herbe. En gĂ©nĂ©ral, nous ne dĂ©passons pas 1 Ă 1,5 kg de maĂŻs grain humide par vache et par jour. Le traitement Ă l'ammoniac peut ĂȘtre judicieux Ă cette pĂ©riode en permettant une Ă©conomie de 400 g de correcteur azotĂ©e, soit un gain de 3 Ă 4 âŹ/1 000 l », explique Alain Bourge, d'Eilyps Conseil Ă©levage d'Ille-et-Vilaine.Autre usage pendant la pĂ©riode de pĂąturage oĂč l'amidon du maĂŻs grain humide permet de densifier la ration en Ă©nergie. En gĂ©nĂ©ral, nous ne dĂ©passons pas le seuil de 2,5 kg/jour, car peu d'Ă©leveurs arrĂȘtent l'ensilage maĂŻs pendant le pĂąturage. Bien sĂ»r, il n'y a pas de traitement Ă l'ammoniac ici de façon Ă ne pas rajouter de l'azote soluble. » Un Ă©leveur qui distribue du maĂŻs grain humide en hiver et au printemps en utilise environ 500 kg par vache. Avec un rendement moyen estimĂ© Ă 90 q/ha Ă 35 % d'humiditĂ©, un troupeau de 60 vaches nĂ©cessitera un peu plus de 3 ha. C'est assez souple car, en fonction des surfaces disponibles en maĂŻs et du rendement de l'annĂ©e, l'Ă©leveur remplit en prioritĂ© ses silos de fourrage et dispose ensuite du maĂŻs grain humide nĂ©cessaire. Cela permet de gagner en autonomie mais comme tout aliment fermier, il faut ĂȘtre trĂšs attentif Ă ne pas le gaspiller », avertit Alain CHANTIER EST RAPIDEJĂ©rĂ©mie, Ă©leveur dans l'Ille-et- Vilaine avec 90 laitiĂšres Ă 9 200 kg, utilise le MGH dans la ration des vaches depuis 2008. Il lui en faut 25 t traitĂ©es Ă l'ammoniac en big bag pour la ration hivernale et 25 t broyĂ©es et stockĂ©es en silo boudin pour le printemps. Je distribue 1,2 kg de MGH par vache en hiver dans une ration Ă©quilibrĂ©e Ă 30 kg de lait avec 50 kg d'ensilage maĂŻs, 5 kg d'ensilage luzerne et 3,7 kg de correcteur azotĂ©. Au printemps, avec une ration de deux tiers d'ensilage maĂŻs et un tiers de pĂąturage, je passe Ă 2 kg par vache. » L'exploitation de 155 ha de SAU compte chaque annĂ©e environ 54 ha de maĂŻs. En annĂ©e normale, 40 ha sont ensilĂ©s, 7 ha passent en maĂŻs grain humide, le reste est moissonnĂ© sec et vendu. Pour moi, le maĂŻs grain humide prĂ©sente plusieurs intĂ©rĂȘts. C'est d'abord un amidon moins acidogĂšne que le blĂ© qui permet de densifier les rations en Ă©nergie. Il faut cependant ĂȘtre trĂšs prudent sur la fibrositĂ© de la ration. C'est d'autant plus intĂ©ressant chez nous que certaines de nos terres trĂšs humides imposent du maĂŻs chaque annĂ©e. Ainsi toutes les autres cĂ©rĂ©ales blĂ©, triticale produites sur l'exploitation sont vendues. » L'Ă©leveur apprĂ©cie aussi un chantier rapide le grain est moissonnĂ© le matin, puis ensilĂ© ou traitĂ© l'aprĂšsmidi par une entreprise. Le stockage a un coĂ»t, mais il est simple big bag ou boudin. Il faut veiller Ă l'Ă©tanchĂ©itĂ©, donc protĂ©ger le boudin des oiseaux. Il faut aussi avancer d'au moins 10 cm par jour. Je m'assure en utilisant un conservateur. Seul inconvĂ©nient il faut remplir la mĂ©langeuse Ă la pelle. »Le traitement Ă l'ammoniac avant l'inertage a plusieurs avantages il enrichit de façon non nĂ©gligeable le maĂŻs en azote et permet de distribuer le grain en l'Ă©tat sans avoir Ă le broyer. Le gaz attaque la paroi cireuse du grain et lui donne une teinte brune. L'idĂ©al est d'avoir un taux d'humiditĂ© entre 32 et 38 %. © © CHRISTIAN WATIER 3 QUESTIONS Ă... LE MAĂS ENSILAGE N'EST PAS UN FOURRAGE MICHEL LEPERTEL, NUTRITIONNISTE INDĂPENDANT Vous avez toujours Ă©tĂ© critique vis-Ă -vis de l'utilisation de l'ensilage maĂŻs dans les rations pour vaches laitiĂšres. Que reprochezvous Ă ce fourrage ? M. L. Je lui reproche justement de ne pas ĂȘtre un fourrage. Ă mon sens, le maĂŻs est une cĂ©rĂ©ale dont la partie noble est le grain. Le reste de la plante n'a guĂšre plus de valeur alimentaire que de la paille ou du mauvais foin. Pour preuve, j'ai fait analyser des tiges de maĂŻs en distinguant la partie infĂ©rieure Ă l'Ă©pi, qui reprĂ©sente environ 60 % de l'ensemble tige-feuilles, et la partie supĂ©rieure Ă l'Ă©pi en intĂ©grant les rafles et les spathes. RĂ©sultats des digestibilitĂ©s enzymatiques respectives de 43,6 % MAT 36 g/kg de MS et 47,2 % MAT 34 g. La valeur alimentaire de la partie tige-feuilles du maĂŻs se dĂ©prĂ©cie trĂšs vite une fois passĂ©e le stade de la floraison femelle. Au stade ensilage, Ă 32 % de MS, les tiges et les feuilles n'ont pas leur place dans la ration des vaches laitiĂšres. Et que dire des ensilages Ă 35-37 % de MS et plus, toujours frĂ©quents dans les campagnes. Ensiler du maĂŻs Ă ces stades Ă autant de sens qu'ensiler une cĂ©rĂ©ale quinze jours avant la moisson. » Le maĂŻs n'aurait pas sa place dans les systĂšmes fourragers ? M. L. Si ! mais pas dans la proportion que nous connaissons. Dans nos rĂ©gions de l'Ouest notamment, le maĂŻs ensilage est une facilitĂ© qui permet de rĂ©colter en une fois, sans beaucoup d'efforts et sans se poser de questions Ă 14-16 t de MS/ ha. Mais je le rĂ©pĂšte 0,92 UFL, 43 de PDIN et 35 % d'amidon, ce n'est pas une analyse qui caractĂ©rise un fourrage. Le maĂŻs aurait davantage sa place dans un systĂšme fourrager laitier en Ă©tant rĂ©coltĂ© sous forme de maĂŻs grain humide. C'est lĂ une source d'amidon digestible de qualitĂ©, que l'on peut associer Ă de vrais fourrages riches en cellulose, avec une part importante de fibres efficaces et Ă©quilibrĂ©es en Ă©nergie et protĂ©ine, donc aptes Ă faire fonctionner le rumen efficacement. Le maĂŻs ensilage plante entiĂšre n'a aucune de ces qualitĂ©s. En plat unique, il est souvent facteur d'acidose dommageable pour l'Ă©conomie de l'Ă©levage laitier et il impose des consommations d'intrants azotĂ©s trĂšs coĂ»teux, avec une part d'azote soluble pour dĂ©grader des fibres peu digestibles. » Quels sont ces fourrages de qualitĂ© Ă associer Ă du MGH ? M. L. Leur choix est Ă raisonner globalement au niveau de l'assolement de l'exploitation en faisant en sorte de ne jamais avoir de sols nus. Donc, cela peut ĂȘtre des dĂ©robĂ©es ou des prairies multi-espĂšces. J'apprĂ©cie la qualitĂ© des mĂ©langes RGH-TV. Ils sont Ă©quilibrĂ©s en UFL et PDIN avec beaucoup de cellulose digestible, des fibres pour faire ruminer, des sucres, des sels minĂ©raux, du bĂȘta-carotĂšne. Mais il faut rĂ©apprendre Ă faire des ensilages d'herbe de qualitĂ© au bon stade, en Ă©vitant la conditionneuse et avec une hauteur de coupe Ă 8 cm minimum. Ensuite, privilĂ©gier l'autochargeuse et les brins longs pour la fibrositĂ©, et ne pas hĂ©siter Ă rĂ©aliser un vrai prĂ©fanage, Ă condition d'assurer un excellent tassement du silo. Autre fourrage intĂ©ressant le mĂ©teil, associant cĂ©rĂ©ales et protĂ©agineux. RĂ©coltĂ© assez tĂŽt, au stade floraison des protĂ©agineux, il offre des valeurs alimentaires intĂ©ressantes 0,88-0,90 UFL et 90-95 de PDIN. Dans un premier temps, il serait facile de ramener le maĂŻs ensilage Ă moins de 50 % de la part des fourrages dans la ration. Avant d'oser aller plus loin et n'utiliser que du MGH associĂ© Ă des fourrages. Exemple d'une ration Ă©quilibrĂ©e Ă 32 kg de lait ensilage d'herbe RGH-TV 9,2 kg ; ensilage de mĂ©teil 4,2 kg ; ensilage maĂŻs 4,2 kg ; paille 0,50 kg ; orge 3 kg ; correcteur azotĂ© 0,98 UFL, 290 PDIN, 195 PDIE 2,2 kg. Une ration Ă ensilage maĂŻs dominant consommerait au minimum 4,5 kg de correcteur azotĂ©. » L'AVIS DE.... LA COMPLĂMENTARITĂ ENTRE LES FOURRAGES GILDAS CABON, ingĂ©nieur Arvalis- Institut du vĂ©gĂ©tal Comme le mĂ©teil, le maĂŻs est une plante qui associe une partie concentrĂ©, l'amidon des grains, et une partie fourrage, le reste de la plante. Vers 32 % de matiĂšre sĂšche, la DMO de la partie vĂ©gĂ©tative hors amidon est de 58 Ă 60 %, et apporte nettement plus de 50 % de la matiĂšre organique digestible. Plus la rĂ©colte tarde, plus le maĂŻs ressemble Ă une association de grains et de fourrage pauvre, nĂ©cessitant des complĂ©ments protĂ©iques, et mĂ©ritant d'ĂȘtre associĂ© Ă des fibres trĂšs digestibles herbe jeune bien conservĂ©e pour Ă©viter l'excĂšs d'amidon qui conduit Ă l'acidose. Avant de condamner le maĂŻs, il vaut mieux corriger les dĂ©rives vers des rĂ©coltes trop tardives, et considĂ©rer son rendement Ă l'hectare en UFL et PDIE, ainsi que sa facilitĂ© de rĂ©colte et de conservation. Il vaut mieux raisonner la complĂ©mentaritĂ© entre les diffĂ©rents fourrages plutĂŽt que de les opposer. » Editions France Agricole La France Agricole Phytoma La France Agricole Employeur Jobagri Vitijob Agrodistribution Machinisme et rĂ©seaux Vitisphere Ă©ditĂ© avec La Vigne Le Lien horticole La Toque TrophĂ©e national des lycĂ©es agricoles Innov-Agri GFA Events
AGPM20 avril 2022. MaĂŻs grain humide : pour maĂźtriser les coĂ»ts en Ă©levage bovins TĂ©lĂ©charger Hausse du coĂ»t de lâaliment, augmentation du coĂ»t de production du maĂŻs grain liĂ© notamment Ă la hausse du prix des Ă©nergies et donc du coĂ»t de sĂ©chage le contexte actuel invite les Ă©leveurs Ă sâintĂ©resser de prĂšs au maĂŻs grain humide (MGH).
Le MaĂŻs Grain Humide Le MaĂŻs Grain Humide une technique efficace et Ă©conomique Lettre fourrage n°11 SEPTEMBRE 2013 Le maĂŻs est une culture aux rendements rĂ©guliers. Sous forme humide, câest une matiĂšre premiĂšre appĂ©tente et bien valorisĂ©e par les ruminants. Cet aliment peut ĂȘtre utilisĂ© en complĂ©ment des rations Ă base de maĂŻs fourrage ou dâherbe pour les troupeaux laitiers ou les ateliers dâengraissement. Alors que le maĂŻs grain humide » est trĂšs utilisĂ© comme matiĂšre premiĂšre dans lâalimentation des porcs, elle ne fait que se vulgariser en Ă©levage bovins. Face Ă lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la qualitĂ© des maĂŻs fourrage de lâannĂ©e et Ă la baisse des cours du maĂŻs, le maĂŻs grain humide peut ĂȘtre une alternative dans votre Ă©levage pour rĂ©duire votre coĂ»t alimentaire. Christophe HARDY, Ă©lu responsable fourrages CA28. Un deuxiĂšme silo en maĂŻs grain humide » Avec une valeur moyenne et stable de UFL/kgMS, le maĂŻs grain conservĂ© humide est un aliment idĂ©al pour densifier les rations des bovins en Ă©nergie. Le Principe Le processus de conservation est identique Ă celui dâun ensilage. Le principe repose sur un dĂ©veloppement des bactĂ©ries et une conservation du grain humide en absence dâair. AprĂšs consommation de la totalitĂ© de lâoxygĂšne par les bactĂ©ries, il y a production de gaz carbonique et interruption des fermentations. Le produit est ainsi stabilisĂ© et peut ĂȘtre conservĂ© dans de bonnes conditions. Pour avoir une valeur alimentaire et une conservation optimale, il faut rĂ©colter Ă un taux dâhumiditĂ© entre 35 et 38 % pour un maĂŻs grain humide broyĂ© et ensilĂ©. Une rĂ©colte prĂ©coce et des Ă©pis propres Adoptez des variĂ©tĂ©s adaptĂ©es pour rĂ©colter tĂŽt prĂ©fĂ©rez des variĂ©tĂ©s prĂ©coces et peu sensibles aux mycotoxines. La rĂ©colte se fait Ă la moissonneuse-batteuse. LâidĂ©al est dâintervenir Ă la maturitĂ© physiologique, câest-Ă -dire dĂšs lâapparition du point noir Ă la pointe du grain. Lâobservation de ce stade est une premiĂšre indication qui doit ĂȘtre complĂ©tĂ©e par lâanalyse dâun Ă©chantillon de grains de maĂŻs par un organisme stockeur. Source Arvalis-Institut du vĂ©gĂ©tal La rĂ©colte doit se faire sur des parcelles homogĂšnes pour pouvoir stocker du maĂŻs avec une humiditĂ© relativement uniforme. Il est nĂ©cessaire de vĂ©rifier lâĂ©tat et la propretĂ© des Ă©pis absence de fusariose sur lâĂ©pi, absence de pourriture et moisissures pour Ă©viter le dĂ©veloppement des mycotoxines au stockage. Lettre fourrage n°11 septembre 2013 1 Les conservateurs, une assurance pour la qualitĂ© Lâincorporation dâun conservateur acide propionique, ferments lactiques Ă la rĂ©colte avec une pompe doseuse sĂ©curise la conservation du maĂŻs. Ces produits accĂ©lĂšrent lâapparition des fermentations lactiques qui empĂȘchent le dĂ©veloppement des clostridies butyriques et acĂ©tiques qui provoquent une baisse de lâappĂ©tence du maĂŻs et augmentent les risques de dĂ©veloppement de moisissures Ă la reprise. Stocker en conditions anaĂ©robies Aux alentours de 35 Ă 38 % dâhumiditĂ©, le grain presque entiĂšrement rempli est encore suffisamment riche en eau pour assurer une bonne conservation. Les grains sont directement broyĂ©s puis ensilĂ©s. La conservation anaĂ©robie se fait par acidification lactique. Le pH doit se situer entre 4 et 4,5. Le silo couloir est la solution de stockage la moins coĂ»teuse. La rĂ©alisation du silo est rapide cadence rythmĂ©e par le dĂ©bit du broyeur. Le principal inconvĂ©nient de ce mode de stockage est la reprise du maĂŻs qui est difficilement mĂ©canisable. Dâautre part, il faut veiller Ă ce que les abords du boudin restent propres installer le boudin sur une aire stable et portante en pĂ©riode hivernale et Ă©viter les herbes envahissantes⊠pour surveiller aisĂ©ment lâabsence dâattaques de rongeurs. Il est recommander de mettre un filet sur le boudin ou sur la bĂąche du silo couloir afin dâĂ©viter les attaques des oiseaux. TĂ©moignage entreprise Pour commencer, nous prĂ©fĂ©rons rĂ©colter le maĂŻs entre 32 % et 36 % d'humiditĂ©. Ă 40 % et plus, nous avons des gros soucis pour vider les remorques et le dĂ©bit du broyage est fortement diminuĂ©. Par contre, il n'y a pas plus de problĂšme de conservation. En revanche, en dessous de 32 %, nous n'avons pas de recul. Ensuite, il faut trouver un sol le plus plat possible afin de comprimer au mieux le boudin et ne pas freiner la machine. Sâil y a des trous et des bosses, le boudin sera irrĂ©gulier ce qui fera varier la quantitĂ© de maĂŻs au mĂštre linĂ©aire et pourra ainsi crĂ©er des poches d'air. Il faut aussi prĂ©voir pas mal de place en largeur la silopress plus la remorque. Source En revanche, quand le silo est ouvert, il faut avancer 10 cm par jour en hiver et 20 cm en Ă©tĂ© pour Ă©viter lâĂ©chauffement du front dâattaque, ce qui suppose quâil faut faire consommer des quantitĂ©s importantes chaque jour ou avoir un silo avec une faible largeur de front dâattaque. Le silo boudin est une technique qui ne nĂ©cessite pas dâinvestissement et le volume stockĂ© est adaptĂ© selon les besoins des saisons. Une fois battu, le maĂŻs est broyĂ© et mis en boudin en polyĂ©thylĂšne de m Ă m de diamĂštre. Le dĂ©bit de chantier avoisine souvent les 20 T de maĂŻs grain humide Ă lâheure. Il faut ĂȘtre vigilent sur la prestation de compression du maĂŻs dans le boudin car un maĂŻs mal compressĂ© est un maĂŻs qui chauffera. 2 Lettre fourrage n°11 septembre 2013 Le dĂ©bit du broyeur varie suivant l'humiditĂ© du maĂŻs et la fluiditĂ© du grain selon leurs formes. Mais en gĂ©nĂ©ral, il ne fournit pas la moissonneuse batteuse. Le plus long est la mise en place, surtout lorsqu'il y a plusieurs boudins Ă faire. Dans un mĂštre linĂ©aire de boudin, on met 1,2 T Ă 1,4 T de maĂŻs et le coĂ»t est de 32 euros le mĂštre linĂ©aire. » Denis RENAULT de la STARM Entreprise de Travaux Agricoles basĂ©e Ă Mondoubleau 41 Veillez Ă la qualitĂ© du broyage Pour les bovins, un broyage grossier suffit. Le broyage Ă la rĂ©colte devra ĂȘtre dâautant plus fin que le maĂŻs sera sec, pour permettre un bon tassement. Dâun point de vue Ă©conomique, des entreprises locales proposent la prestation de broyage + mise en boudin Ă un prix comparable Ă la rĂ©faction sĂ©chage du maĂŻs grain. Un stock dâĂ©nergie pour les bovins ! Produit et conservĂ© sur lâexploitation, le maĂŻs grain humide fait partie des leviers pour amĂ©liorer lâautonomie alimentaire et rĂ©duire le coĂ»t alimentaire. Sa conservation permet de sâaffranchir des coĂ»ts de sĂ©chage et de transport. dâamidon constitue le bon Ă©quilibre dans ration pour vaches laitiĂšres. Par ailleurs, il sâassurer que la fibrositĂ© de la ration suffisante et que lâĂ©quilibre Energie Azote adaptĂ©. une faut soit soit Tableau 3 QuantitĂ©s indicatives de maĂŻs grain humide distribuĂ© par VL Kg brut/jour Une valeur nutritionnelle intĂ©ressante Le grain de maĂŻs est la partie la plus Ă©nergĂ©tique de la plante. Câest une source dâĂ©nergie moins fermentescible que les cĂ©rĂ©ales Ă paille blĂ©,orgeâŠ. Le MGH a la mĂȘme valeur alimentaire que le maĂŻs grain sec. En revanche, sa dĂ©gradabilitĂ© ruminale est plus Ă©levĂ©e. Le maĂŻs grain humide est donc plus intĂ©ressant que les cĂ©rĂ©ales Ă paille dans les rations Ă risque. Tableau 1 Valeur alimentaire du maĂŻs grain humide g/kg MS VL Ă kg VL Ă kg RĂ©gime Herbe pĂąturĂ©e 2 kg/VL/j 2 Ă 3 kg/VL/j* Ration complĂšte E. MaĂŻs / E. Herbe 1 Ă 2 kg/VL/j* 2 Ă 3 kg/VL/j* * La quantitĂ© de maĂŻs grain humide est Ă moduler selon la valeur en UFL et en amidon de la ration de base. Tableau 4 Exemples de rations complĂ©mentĂ©es au maĂŻs grain humide et destinĂ©es aux vaches laitiĂšres MaĂŻs Plante entiĂšre 35 % MS MaĂŻs Grain Humide MaĂŻs Grain Sec BlĂ© 201 350 69 42 67 25 742 94 63 83 25 742 94 74 97 26 698 121 81 102 CB Amidon MAT PDIN PDIE MaĂŻs Grain broyĂ© ensilĂ© Source INRA 2007 et Arvalis-Institut du vĂ©gĂ©tal Il est important de connaĂźtre lâhumiditĂ© de la mouture pour juger de sa qualitĂ© nutritionnelle. Kg MS Semi-complĂšte 32 kg ComplĂšte 35 kg Ensilage de maĂŻs Ensilage Herbe/Foin MaĂŻs Grain Humide Soja-Colza 70-30 Tx. TannĂ©s UrĂ©e + AMV + Sel TOTAL 0 1 22 Un effet positif sur la production laitiĂšre constatĂ© depuis dĂ©jĂ longtemps ! Tableau 2 Equivalence pondĂ©rale entre le maĂŻs humide et le maĂŻs sec HumiditĂ© % 26 28 30 32 34 36 Kg de maĂŻs humide pour 1 kg de maĂŻs sec Source Arvalis-Institut du vĂ©gĂ©tal, FNPSMS, SEPROMA Densifier les rations vaches laitiĂšres en Ă©nergie Avec une valeur de 1,22 UFL/kgMS, le maĂŻs grain humide permet dâapporter de lâĂ©nergie dans les rations Ă base dâherbe pĂąturĂ©e ou ensilĂ©e. Le maĂŻs grain humide a aussi sa place dans les rations dont la densitĂ© Ă©nergĂ©tique est insuffisante. Il permet ainsi dâajuster les rations des vaches hautes productrices et les rations des taurillons. Pour autant, le taux dâamidon dans de la ration ne doit pas dĂ©passer 27 %. Un niveau de 24 % Des essais de complĂ©mentation des rations destinĂ©es aux vaches laitiĂšres avec du maĂŻs grain humide ont Ă©tĂ© conduits dĂšs 1987, sur 2 hivers consĂ©cutifs Ă la ferme expĂ©rimentale des TrinottiĂšres 49. Cet essai consistait Ă comparer du maĂŻs grain humide Ă du blĂ© inertĂ© en complĂ©ment dâune ration complĂšte Ă base dâensilage de maĂŻs de bonne qualitĂ© 32 Ă 34 % dâamidon. Avec kg de maĂŻs grain humide ou de blĂ© inertĂ©, la ration complĂšte se situait Ă UFL et 110 g de PDI/kg MS. ConcentrĂ©s totaux Ingestion totale Lait brut/jour TB TP Perte de poids maxi kg MaĂŻs Grain Humide 7 20 34 -45 BlĂ© inertĂ© 7 32 30 -6 Les vaches alimentĂ©es au maĂŻs grain humide ont produit plus de lait brut, mais moins de TB et TP. Câest Ă partir de la 8Ăšme semaine de lactation que lâaugmentation de lait est la plus importante. Dâautre part, mĂȘme si la reprise dâĂ©tat est plus lente avec une complĂ©mentation au maĂŻs grain humide, les notes dâĂ©tat restent au-dessus des normes. Lettre fourrage n°11 septembre 2013 3 En ration de base ou complĂ©ment pour les bovins Ă lâengraissement Avec ce plan dâalimentation, le GMQ atteint 2 000 g/j au 6Ăšme mois dâengraissement et se maintient entre 1 200 et 1 400 g/j en fin dâengraissement. Le maĂŻs grain humide peut ĂȘtre aussi utilisĂ© comme complĂ©ment Ă©nergĂ©tique dans les rations Ă base dâensilage. Des essais comparatifs maĂŻs grain humide/blĂ© ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s Ă la station expĂ©rimentale de la JailliĂšre sur taurillons limousins alimentĂ©s avec des rations Ă base dâensilage de maĂŻs + correcteur azotĂ©s + CMV. Les rĂ©sultats montrent que les consommations et les performances de croissance sont identiques avec du maĂŻs grain humide en substitution au blĂ©. Pour les animaux Ă lâengraissement, le maĂŻs grain humide peut ĂȘtre lâĂ©lĂ©ment de base de la ration. Il faut distribuer lâaliment complet MaĂŻs Grain Humide ensilĂ© + complĂ©mentaire » deux fois par jour et distribuer Ă volontĂ© des fourrages grossiers foin ou paille apportant des fibres longues appĂ©tentes afin de favoriser la rumination 1 Ă 2 kg/jour. Tableau 5 Exemple de plan dâalimentation pour des jeunes bovins blonds dâaquitaine Ă base de maĂŻs grain humide QuantitĂ© brutes en kg/JB/j Mois dâengrais 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 MGH* 5 Tx. Soja Fourrage grossier A volontĂ© AMV 150 Ă 200 g/j * MGH MaĂŻs Grain Humide 34 % dâhumiditĂ© Source Arvalis-Institut du vĂ©gĂ©tal, FNPSMS, SEPROMA Contact Chambres dâagriculture Cher Yvan Lagrost 02 48 23 04 40 Eure-et-Loir Philippe Loquet 02 37 53 44 33 CharlĂšne Javon 02 37 53 44 35 Indre Service Ă©levage 02 54 61 61 54 Indre-et-Loire StĂ©phane David 06 08 18 87 60 Loir-et-Cher Gilles Dufoix 02 54 73 65 66 Loiret François Roumier 02 38 67 28 52 Document financĂ© dans le cadre du PRDA, action 111 fourrage 2012 avec la contribution financiĂšre du CASDAR-MinistĂšre de lâagriculture 4 Lettre fourrage n°11 septembre 2013 Source
Cettefiche technique porte sur la production de semences de courgette en agriculture biologique. Elle décrit les étapes de production des semences, dans le respect du cahier des charges de l'AB et de la réglementation de la production de semences : - Exigences de la culture ; - Mise en place de la culture ; - Conduite de la culture ; - Maladies et ravageurs ; - Récolte, séchage et agréage.
PrĂ©ambule 1Lâhistoire du monde rural se conjugue avec celle du climat. Les annĂ©es de fortes ou faibles rĂ©coltes sont traditionnellement associĂ©es Ă des conditions climatiques extrĂȘmes. Ces relations entre productions agricoles et climat ont mĂȘme Ă©tĂ© utilisĂ©es pour la reconstruction de climats anciens. Ainsi les dates de rĂ©coltes renseignent sur les variations annuelles de tempĂ©rature. Et les variations de largeurs de cernes des arbres permettent dâapprĂ©hender les variations climatiques au cours des derniers siĂšcles. TrĂšs naturellement la recherche agronomique sâest donc prĂ©occupĂ©e dĂšs les premiĂšres publications du GIEC des consĂ©quences du changement climatique sur les agrosystĂšmes et les forĂȘts en Aquitaine. 2Les deux chapitres qui suivent sâattachent Ă rassembler les connaissances actuelles sur lâimpact du changement climatique non seulement sur les niveaux de productivitĂ© observĂ©s des cultures agricoles et forestiĂšres, mais Ă©galement sur le fonctionnement des plantes, sur la composition des formations vĂ©gĂ©tales et forestiĂšres, et de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale sur lâĂ©volution du monde agricole et forestier. Les effets de lâaccroissement du CO2, de la tempĂ©rature et des changements de pluviomĂ©trie sur les plantes cultivĂ©es ou arbres ont fait lâobjet dâexpĂ©rimentation en milieux contrĂŽlĂ©s dans lesquels ces conditions ont Ă©tĂ© artificiellement reconstituĂ©es. Ces Ă©tudes ont Ă©tĂ© utilement complĂ©tĂ©es par des observations et simulations faites au niveau dâĂ©cosystĂšmes entiers et prenant en compte en plus le bilan radiatif ou le bilan hydrique. Des tendances trĂšs gĂ©nĂ©rales ont Ă©tĂ© observĂ©es qui transgressent toutes les cultures et forĂȘts avancĂ©e des stades de dĂ©veloppement de toutes les formations vĂ©gĂ©tales pĂ©rennes arbres fruitiers, vignes, arbres forestiers et progressive depuis une trentaine dâannĂ©es, tendance Ă lâaugmentation de la productivitĂ© mais avec de fortes variations selon les types de cultures. Lâimpact des Ă©vĂ©nements extrĂȘmes sĂ©cheresses, incendies ou tempĂȘtes sâavĂšre souvent plus important que les variations graduelles des facteurs climatiques. Au-delĂ des effets et impacts dĂ©jĂ visibles, une vaste Ă©tude prospective a Ă©tĂ© rĂ©cemment menĂ©e Ă lâĂ©chelle de lâensemble du territoire, accompagnĂ©e dâun examen particulier au sein de 6 zones gĂ©ographiques projet CLIMATOR dont lâobjectif Ă©tait de traduire les diffĂ©rents scĂ©narios climatiques du GIEC en consĂ©quence sur les principaux systĂšmes de culture et les forĂȘts. Ces donnĂ©es sont examinĂ©es et commentĂ©es en dĂ©tail dans le contexte aquitain dans les deux chapitres suivants. Ils mettent Ă©galement lâaccent sur lâimportance de lâaction humaine dans la rĂ©gulation de ces changements. Cette action sâattache Ă concilier les modes dâutilisations des terres, la gestion des ressources naturelles nĂ©cessaires Ă lâagriculture et aux forĂȘts sols et eau, et le maintien des principaux services Ă©cosystĂ©miques. Les activitĂ©s agricoles 3Coordination Nathalie Ollat 4RĂ©dacteurs Nadine Brissonâ , BĂ©atrice Denoyes, Inaki Garcia de Cortazar-Atauri, Jean-Pascal Goutouly, Marc Kleinhentz, Marie Launay, Richard Michalet, Nathalie Ollat, Philippe Pieri, Cornelis Van Leeuwen LâAquitaine est lâune des rĂ©gions françaises oĂč lâagriculture est le secteur Ă©conomique le plus dĂ©terminant. Elle est caractĂ©risĂ©e Ă la fois par une grande diversitĂ© de productions agricoles, mais aussi une spĂ©cialisation pour certaines cultures majoritaires comme le maĂŻs et la vigne. En raison de la vocation agricole de la rĂ©gion et de la grande dĂ©pendance de lâagriculture vis-Ă -vis du climat, le changement climatique reprĂ©sente un enjeu majeur pour ce secteur en Aquitaine. LâĂ©volution des variables environnementales et climatiques qui caractĂ©risera le changement climatique au cours du XXIe siĂšcle, i. e. principalement la teneur en CO2 dans lâatmosphĂšre, la tempĂ©rature et les prĂ©cipitations sera dĂ©terminante pour la production agricole. La teneur en CO2 et le rĂ©gime des pluies affecteront principalement la capacitĂ© de production de biomasse, et donc les rendements, mais aussi la qualitĂ© des produits. La tempĂ©rature aura un effet majeur sur la phĂ©nologie et le cycle de dĂ©veloppement des plantes. Des avancĂ©es jusquâĂ 40 jours sont prĂ©dites pour la fin du siĂšcle pour la plupart des espĂšces cultivĂ©es. Ces changements auront un impact majeur sur le maintien ou non de certaines cultures. En raison de la trĂšs possible rarĂ©faction de la ressource en eau, la culture du maĂŻs irriguĂ© est fortement menacĂ©e Ă long terme. Des adaptations techniques et des dĂ©localisations seront nĂ©cessaires. Pour les grandes cultures, il faut compter principalement sur des arbitrages dâassolements revisitĂ©s surfaces, lâadaptation du matĂ©riel vĂ©gĂ©tal variĂ©tĂ©s et la modification des itinĂ©raires techniques dates de semis. Lâirrigation des cultures devra ĂȘtre gĂ©rĂ©e trĂšs prĂ©cisĂ©ment, notamment pour les productions fruitiĂšres. La viticulture dispose Ă©galement dâun potentiel dâadaptation avec la possibilitĂ© de modifier les modes de culture, de changer les cĂ©pages et les porte-greffes, et de mettre en valeur des situations climatiques plus favorables. Ces adaptations devront sâaccompagner de modifications de la rĂ©glementation et de lâorganisation des filiĂšres. Leur mise en Ćuvre sera dĂ©pendante des politiques publiques. Il existe une vĂ©ritable dynamique de recherches en Aquitaine pour Ă©tudier lâadaptation de lâagriculture au changement climatique, notamment pour la viticulture et lâarboriculture fruitiĂšre. Par ailleurs, la rĂ©gion Aquitaine pourra largement bĂ©nĂ©ficier des travaux conduits sur le plan national pour dâautres cultures ou axes de recherche. Introduction Les enjeux du changement climatique pour lâagriculture en Aquitaine 1 En agriculture, on appelle intrants » les diffĂ©rents produits apportĂ©s aux terres et aux culture ... 5Le changement climatique reprĂ©sente un double dĂ©fi pour lâagriculture. Dâune part, le secteur agricole rejette dans lâatmosphĂšre des gaz Ă effets de serre GES et bien quâau niveau europĂ©en, il ne reprĂ©sente que 9 % des Ă©missions totales de GES, ce secteur concourt Ă prĂšs de 20 % des rejets en Aquitaine pour 3 % de la consommation rĂ©gionale dâĂ©nergie. Ces Ă©missions sont essentiellement dues Ă lâutilisation dâengrais azotĂ©s pour 3M t CO2 eq/an et Ă lâĂ©levage via le dĂ©gagement de mĂ©thane pour 2,7 M t CO2 eq/an [1]. Mais les surfaces agricoles constituent Ă©galement un important puits de carbone permettant de limiter lâaugmentation de CO2 dans lâatmosphĂšre, et lâagriculture pourrait donc jouer un rĂŽle pour attĂ©nuer les effets du changement climatique. Dâautre part, il est indiscutable que lâactivitĂ© agricole et les milieux naturels terrestres subiront la majeure partie des impacts du changement climatique. Il est donc indispensable dâĂ©tudier les moyens de sây adapter. Selon les scĂ©narios Ă©tablis par le GIEC [2], les projections font Ă©tat dâune augmentation de la teneur en CO2 atmosphĂ©rique de 540 Ă 950 ppm et de la tempĂ©rature moyenne de 1,8 Ă 4 °C, voire plus en fonction des zones gĂ©ographiques considĂ©rĂ©es. De plus lâensemble des scĂ©narios sâaccordent sur une augmentation de la variabilitĂ© du climat et des Ă©vĂ©nements climatiques extrĂȘmes. Une cascade de rĂ©percussions du changement climatique sur les besoins et les disponibilitĂ©s en eau, sur la qualitĂ© des sols, sur la pression de bio-agresseurs, sur les besoins en intrants1, sur la qualitĂ© et la typicitĂ© des produits, les rendements agricoles ainsi que sur les modes dâutilisation des terres, est donc Ă envisager au cours du siĂšcle [3]. Contexte gĂ©nĂ©ral de lâagriculture en Aquitaine 2 SAU surface agricole utile, correspond au territoire consacrĂ© Ă la production agricole, composĂ©e ... 6Avec 43 100 exploitations agricoles et 1 377 300 ha de surface agricole utilisĂ©e, recensĂ©s en 2010, lâAquitaine se place au second rang des rĂ©gions françaises en termes de SAU2, aprĂšs Midi-PyrĂ©nĂ©es, et au premier rang en termes dâemploi agricole [4]. ReprĂ©sentant 4,3 % du PIB rĂ©gional, la valeur ajoutĂ©e apportĂ©e par les secteurs de lâagriculture, de la forĂȘt et de la pĂȘche en Aquitaine reprĂ©sente plus du double de celui de la France qui est de lâordre de 2 % [5]. La filiĂšre agricole reprĂ©sente donc une part importante de lâĂ©conomie rĂ©gionale. Le secteur des vins dâAOP contribue pour 31 % de la valeur de la production agricole, suivi principalement par le maĂŻs, les fruits et lĂ©gumes. Le vignoble aquitain tient la premiĂšre place mondiale pour la production de vins dâAppellation dâOrigine ProtĂ©gĂ©e AOP, et sâĂ©tend sur 142 313 hectares, dont 83 % en Gironde. PrĂšs de 11 000 viticulteurs produisent 7 millions dâhectolitres de vin dont 90 % en AOP. Les trois principales grandes cultures sont en superficie, le maĂŻs grain et semences qui reprĂ©sente 20 Ă 25 % de la surface agricole utile SAU de la rĂ©gion, le blĂ© tendre avec 7 % de la SAU et le tournesol avec 4,2 % de la SAU [6]. LâAquitaine est depuis longtemps la premiĂšre rĂ©gion de production française de fraises, avec 40 % de la production nationale organisĂ©e pour environ 20 000 tonnes produites sur 1 000 ha en 2010 [6]. Les productions animales sont essentiellement reprĂ©sentĂ©es par la filiĂšre bovine 10 % et la volaille 9 % environ. Avec une prĂ©dominance des productions vĂ©gĂ©tales 68 % des productions, contre 57 % pour le national et une faible part de culture hors-sol, la filiĂšre agricole en Aquitaine est donc relativement tributaire des alĂ©as climatiques. La rĂ©gion Aquitaine est de plus caractĂ©risĂ©e par une forte spĂ©cialisation dĂ©partementale des systĂšmes de production, ce qui rendra variables les impacts des Ă©volutions climatiques futures entre dĂ©partements. Ainsi la Gironde est Ă vocation majoritairement viticole alors que la filiĂšre animale couvre 70 % de la production des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques. La polyculture-Ă©levage prĂ©domine en Dordogne alors que les Landes sont spĂ©cialisĂ©es dans la maĂŻsiculture et lâaviculture. Le Lot-et-Garonne quant Ă lui, affiche une production de fruits et lĂ©gumes principalement tomates et fraises, de cĂ©rĂ©ales et de protĂ©agineux. 7Avec 350 000 de surfaces irrigables, lâAquitaine occupe la troisiĂšme place au niveau national en surface, mais la premiĂšre en termes de pourcentage de la surface agricole totale. Elle recense 200 000 ha de maĂŻs irriguĂ© soit plus de 50 % des surfaces cultivĂ©es en maĂŻs et 8 000 maĂŻsiculteurs irrigants. Lâirrigation est Ă©galement dĂ©terminante pour la production fruitiĂšre et lĂ©gumiĂšre. La gestion de la ressource en eau sera donc tout particuliĂšrement cruciale pour lâavenir de lâactivitĂ© de la filiĂšre agricole de lâAquitaine [7]. Les grandes fonctions biologiques de la production agricole vĂ©gĂ©tale potentiellement affectĂ©es par le changement climatique 8Dans le cadre du changement climatique, lâaugmentation du CO2 et la modification des diffĂ©rentes variables climatiques tempĂ©rature, rayonnement, prĂ©cipitations affecteront la croissance et le dĂ©veloppement de toutes les espĂšces vĂ©gĂ©tales, cultivĂ©es ou non. En effet, lâactivitĂ© photosynthĂ©tique dâune plante, qui permet la production de biomasse, dĂ©pend du rayonnement absorbĂ©, de la tempĂ©rature, du taux de CO2, de la disponibilitĂ© en eau et dâun Ă©lĂ©ment majeur, lâazote. Chacune de ces composantes va ĂȘtre touchĂ©e par le changement climatique. Certains effets seront favorables et dâautres dĂ©favorables aux productions vĂ©gĂ©tales. Par ailleurs, lâeffet de lâinteraction entre ces facteurs sur la fertilitĂ© des sols teneur en matiĂšre organique, minĂ©ralisation, notamment de lâazote et la physiologie des plantes est trĂšs complexe et les consĂ©quences de la combinaison de ces diffĂ©rents effets sont particuliĂšrement difficiles Ă Ă©valuer. Au-delĂ des effets des variations moyennes des paramĂštres climatiques, lâoccurrence dâĂ©vĂ©nements extrĂȘmes tempĂȘtes, canicules, inondations, sĂ©cheresses extrĂȘmes, gel et leurs impacts se surimposent et devront ĂȘtre analysĂ©s. 9Une Ă©lĂ©vation de la concentration en CO2 se traduira jusquâĂ un certain seuil par une augmentation de lâactivitĂ© photosynthĂ©tique de la plante et une diminution de la conductance stomatique qui mesurent le degrĂ© dâouverture des pores situĂ©s Ă la surface des feuilles et qui permettent les Ă©changes de CO2 et dâeau entre lâatmosphĂšre et la plante. Cela aura pour consĂ©quence de diminuer les besoins en eau des cultures. Ceci devrait conduire Ă une augmentation de la production de biomasse, dans la mesure oĂč les autres facteurs climatiques tempĂ©rature et eau ne seront pas trop limitants. Par contre, toutes les plantes ne rĂ©agiront pas de la mĂȘme façon. Ainsi des plantes comme le blĂ© et vigne seront plus favorisĂ©es par lâaugmentation du CO2 que des plantes comme le maĂŻs et le sorgho, lesquelles seront presque insensibles, les seuils de saturation environ 400 ppm ayant Ă©tĂ© atteints pour ces espĂšces [8]. 3 Cumul des tempĂ©ratures journaliĂšres dĂ©passant un seuil appelĂ© base sur une pĂ©riode dâintĂ©rĂȘt. 4 Cycle phĂ©nologique succession dâĂ©vĂ©nements pĂ©riodiques dans le monde du vivant, dĂ©terminĂ©e par l ... 10La tempĂ©rature est le moteur du dĂ©veloppement des plantes dans une gamme qui varie selon lâespĂšce considĂ©rĂ©e. La tempĂ©rature rĂ©gule Ă©galement la majeure partie des processus chimiques et biochimiques du vivant. Ă ce titre elle joue un rĂŽle majeur sur la quantitĂ© de biomasse produite et sur la composition et la qualitĂ© des produits rĂ©coltĂ©s. Lâaugmentation attendue des tempĂ©ratures va accroĂźtre la disponibilitĂ© thermique pour les vĂ©gĂ©taux3. Cela aura des consĂ©quences sur lâavancement et la longueur des cycles phĂ©nologiques4 des cultures, et sur la possibilitĂ© de cultiver de nouvelles espĂšces ou variĂ©tĂ©s dans des zones considĂ©rĂ©es jusquâici comme trop fraĂźches. Par ailleurs, les processus physiologiques de levĂ©e de dormance qui font que les graines acquiĂšrent la capacitĂ© Ă germer et les bourgeons Ă dĂ©bourrer sont dĂ©pendants de lâoccurrence de certaines tempĂ©ratures hautes ou basses Ă un moment donnĂ© du cycle. Par exemple, certaines espĂšces fruitiĂšres ont des besoins en froid spĂ©cifiques pour dĂ©clencher la levĂ©e de la dormance. Ainsi des tempĂ©ratures trop Ă©levĂ©es pendant lâhiver pourront entraver le dĂ©marrage de la vĂ©gĂ©tation au printemps, ainsi que la fertilitĂ© de ces cultures. Finalement lâintensitĂ© dâautres processus biochimiques, notamment ceux qui accompagnent la maturation des fruits, est corrĂ©lĂ©e Ă la tempĂ©rature dans une gamme variable avec les processus en question et les espĂšces. Des tempĂ©ratures trop Ă©levĂ©es peuvent conduire Ă des phĂ©nomĂšnes de brĂ»lure et dâĂ©chaudage ayant un impact trĂšs nĂ©gatif sur le rendement. 11Lâeau reprĂ©sente gĂ©nĂ©ralement le premier facteur limitant la croissance dâune plante et le rendement des cultures. La disponibilitĂ© hydrique conditionne lâensemble des processus mĂ©taboliques indispensables au fonctionnement dâun ĂȘtre vivant et un manque dâeau peut occasionner un arrĂȘt des chaĂźnes mĂ©taboliques voire la mort de la plante, si lâĂ©quilibre hydrique de la plante nâest pas satisfait. De lâĂ©tat hydrique de la plante, dĂ©pend Ă©galement en partie lâintensitĂ© de la photosynthĂšse. Les besoins en eau dâune plante varient au cours de son cycle de dĂ©veloppement. Ainsi, pour atteindre un rendement maximal, le maĂŻs ne doit absolument pas souffrir de stress hydrique au moment de la floraison qui sâĂ©tend entre mi-juillet et mi-aoĂ»t. Pour la vigne, une contrainte hydrique modĂ©rĂ©e pendant la maturation des raisins est reconnue comme bĂ©nĂ©fique pour la qualitĂ© car elle limite la croissance et rĂ©oriente le mĂ©tabolisme vers la biosynthĂšse et lâaccumulation de polyphĂ©nols. La sĂ©cheresse se dĂ©finit en fonction de composantes mĂ©tĂ©orologiques dĂ©ficit de pluviomĂ©trie, hydrologiques niveau anormalement bas des riviĂšres et agricoles dĂ©ficit des rĂ©serves en eau des sols superficiels [9]. En agriculture, il faut distinguer les dĂ©ficits pluviomĂ©triques en cours de vĂ©gĂ©tation sĂ©cheresse Ă©daphique et ceux conduisant Ă une reconstitution dĂ©ficiente des rĂ©serves hydrographiques sĂ©cheresse hydrologique [10]. La sĂ©cheresse conduit Ă des baisses de rendements par rapport au rendement attendu en situation favorable, et peut affecter la qualitĂ© des produits rĂ©coltĂ©s. Elle ne dĂ©pend pas de la seule pluviomĂ©trie, mais du croisement entre les conditions climatiques pluviomĂ©trie, Ă©vapotranspiration de rĂ©fĂ©rence, les caractĂ©ristiques du sol rĂ©serves en eau, le systĂšme de conduite surface foliaire et la rĂ©action de la plante. Lâaugmentation du nombre des Ă©pisodes de sĂ©cheresse depuis 1976, ainsi que les prĂ©visions dâune baisse de pluviomĂ©trie de 900 mm Ă 680 mm par an dans le Sud-Ouest mĂȘme si les modĂ©lisations sont moins fiables que celles concernant la tempĂ©rature, avec une augmentation de la demande en eau exprimĂ©e par lâĂ©vapotranspiration potentielle de 800 Ă 850 mm justifient que cette question soit prise trĂšs sĂ©rieusement en compte [8][11]. Les projections faites sur le XXIe siĂšcle des indices de sĂ©cheresse dĂ©finis dans le cadre du projet ClimSec font ressortir un risque dâintensification de lâassĂšchement des sols superficiels jusquâen 2050, puis de la multiplication de sĂ©cheresses agricoles extrĂȘmes dâici la fin du siĂšcle [9]. 12Ainsi chaque annĂ©e, le rendement et la qualitĂ© de chaque production agricole apparaissent comme la rĂ©sultante des interactions entre lâoffre du milieu naturel et la demande de la plante qui varie au cours de son cycle de dĂ©veloppement et des interventions culturales. Ce schĂ©ma est gĂ©nĂ©ral pour lâensemble des cultures. Pour maintenir une activitĂ© agricole de qualitĂ© et Ă©conomiquement rentable, lâĂ©volution des conditions climatiques attendue au cours du XXIe siĂšcle nĂ©cessitera la mise en Ćuvre de modifications dans les systĂšmes de culture qui constitueront un dĂ©fi dâinnovation et dâadaptation pour les agriculteurs. Contexte scientifique 5 Institut des Sciences de la Vigne et du Vin â Bordeaux Aquitaine. 13La question des impacts des changements globaux sur lâagriculture a commencĂ© Ă faire lâobjet de prĂ©occupations Ă lâĂ©chelle mondiale Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 1990. Cet intĂ©rĂȘt nâa fait que croĂźtre depuis. En France, depuis la fin des annĂ©es 1990, 70 projets de recherches ont Ă©tĂ© mis en Ćuvre sur cette thĂ©matique, dont la moitiĂ© sâintĂ©ressait aux impacts, une vingtaine concernait lâattĂ©nuation des effets nĂ©gatifs et une dizaine lâadaptation aux nouvelles conditions attendues. Au cours des annĂ©es 2000, les recherches se sont multipliĂ©es sur ce sujet et lâannĂ©e 2003 a Ă©tĂ© un facteur dĂ©terminant pour la prise de conscience des impacts attendus du changement climatique. Le projet CLIMATOR 2007-2010 a reprĂ©sentĂ© une contribution majeure Ă lâĂ©tude des impacts du changement climatique sur lâagriculture française [12]. Sur la base des rĂ©sultats de ces projets, un atelier de rĂ©flexion prospective a Ă©tĂ© mis en place en 2009 ANR ADAGE dont lâobjectif Ă©tait dâidentifier les besoins en recherche et en dĂ©veloppement sur lâadaptation au changement climatique de lâagriculture et des Ă©cosystĂšmes anthropisĂ©s [13]. Les conclusions de cet atelier ont conduit lâINRA Ă proposer en 2011 une structuration transversale de ses recherches sur cette thĂ©matique dans le cadre du MĂ©taprogramme ACCAF [3]. Un projet qui structure Ă lâĂ©chelle nationale les recherches sur ces questions pour la filiĂšre viti-vinicole a Ă©tĂ© construit. Ce projet, dĂ©nommĂ© LACCAVE, regroupe 22 laboratoires nationaux. Il est coordonnĂ© par lâUMR EGFV Bordeaux ISVV et lâUMR Innovation Montpellier IHEV afin de renforcer le caractĂšre national de la problĂ©matique. En Ă©cho aux prioritĂ©s de la RĂ©gion Aquitaine dĂ©finies dans les plans climat 2007 et 2011 et aux attentes des professionnels particuliĂšrement sensibilisĂ©s Ă cette question, les laboratoires de lâISVV5 coordonnent leurs actions pour mieux anticiper les consĂ©quences du changement climatique sur la filiĂšre viti-vinicole, Ă©tant donnĂ© lâenjeu Ă©conomique quâelle reprĂ©sente. Des programmes de recherche sont Ă©galement en cours de mise en place pour les espĂšces fruitiĂšres. I- Impacts observĂ©s et attendus pour les principales productions agricoles en Aquitaine 14Certaines observations dates de vendanges, rendement des cultures rĂ©alisĂ©es au cours des derniĂšres dĂ©cennies en agriculture montrent que le changement climatique est en cours. Si lâĂ©volution future de ces indicateurs ne peut ĂȘtre prĂ©vue avec certitude, il paraĂźt important de rapporter ici ces observations, puis les impacts attendus pour les principales cultures dâintĂ©rĂȘt en Aquitaine. Comme il est impossible dâĂȘtre exhaustif, ces changements observĂ©s et attendus seront prĂ©sentĂ©s pour les principales caractĂ©ristiques des cultures phĂ©nologie, rendement, qualitĂ© des produits, et pression parasitaire, Ă partir dâexemples relatifs aux productions agricoles majeures de la rĂ©gion. En raison de son importance pour la rĂ©gion, certains aspects liĂ©s Ă la ressource en eau seront Ă©galement dĂ©crits. Contexte et mĂ©thodologies 15Au cours des derniĂšres annĂ©es plusieurs bases de donnĂ©es Phenoclim, Observatoire de Saisons, PEP 725⊠ont Ă©tĂ© mises en place pour stocker les observations de la rĂ©ponse des espĂšces vĂ©gĂ©tales au climat passĂ© et prĂ©sent. Ces donnĂ©es nous ont permis dâanalyser les tendances et lâintensitĂ© de lâĂ©volution de cette rĂ©ponse et de nous renseigner sur la capacitĂ© dâadaptation des espĂšces cultivĂ©es dans nos rĂ©gions. 16En revanche les impacts attendus du changement climatique ne peuvent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s autrement que par voie de modĂ©lisation. Pour cela, les conditions climatiques futures simulĂ©es Ă lâaide de modĂšles de circulation globale du climat i. e modĂšle ARPEGE de MĂ©tĂ©o-France rĂ©gionalisĂ© sont introduites dans des modĂšles agronomiques qui reprĂ©sentent le fonctionnement de diffĂ©rents processus de fonctionnement de la plante par exemple la phĂ©nologie ou des systĂšmes de culture Ă lâĂ©chelle de la parcelle. Au prĂ©alable ces modĂšles ont Ă©tĂ© testĂ©s avec des donnĂ©es climatiques du passĂ© rĂ©cent. Des variables de sortie synthĂ©tiques concernant ces diffĂ©rents processus permettent de quantifier les impacts probables du changement climatique. 17LâĂ©valuation des consĂ©quences futures du changement climatique peut aussi reposer sur des expĂ©rimentations en conditions contrĂŽlĂ©es, notamment celles oĂč la concentration en CO2 dans lâatmosphĂšre a Ă©tĂ© augmentĂ©e artificiellement. Les informations de cette nature concernant les principales espĂšces cultivĂ©es sont encore rares. Leur extrapolation pour les conditions futures est pour cela souvent critiquable et risquĂ©e puisque de nombreuses interactions potentielles ne sont pas prises en compte. La seule alternative est alors dâutiliser la modĂ©lisation comme dans le projet CLIMATOR. Mais cette dĂ©marche nâest Ă©galement pas dĂ©pourvue dâinconvĂ©nients puisque des Ă©tapes intermĂ©diaires sont nĂ©cessaires, par exemple la rĂ©gionalisation des sorties issues des modĂšles climatiques globaux, et les erreurs peuvent facilement se cumuler au cours de ce processus dâemboĂźtement de modĂšles de natures trĂšs diffĂ©rentes. Ainsi, il est trĂšs important dâĂ©valuer les incertitudes gĂ©nĂ©rĂ©es par ce type de couplage. Certaines incertitudes sont irrĂ©ductibles, comme celles liĂ©es aux scĂ©narios de concentration des gaz Ă effet de serre. Dâautres sont associĂ©es Ă une mĂ©connaissance du fonctionnement et des interactions entre processus qui sont dĂ©crits dans les modĂšles climatiques, les mĂ©thodes de rĂ©gionalisation et les modĂšles de culture utilisĂ©s pour lâĂ©tude dâimpact. Par ailleurs, il existe Ă©galement des sources de variabilitĂ©s, qui sont soit subies variabilitĂ© interannuelle, variabilitĂ© des sols et des sites Ă©tudiĂ©s ou qui, au contraire, constituent des choix possibles pour la conduite de lâagriculture choix de variĂ©tĂ©s, itinĂ©raires techniquesâŠ. Tout cela conduit Ă interprĂ©ter les rĂ©sultats dâimpacts attendus avec prĂ©caution, notamment en gĂ©nĂ©rant des sĂ©ries trentenaires de variables agronomiques rendement, phĂ©nologie, etc. et en analysant celles-ci, variabilitĂ© interannuelle comprise. Il est toujours nĂ©cessaire de les considĂ©rer comme dĂ©finissant des tendances prĂ©visibles sur lesquelles fonder des choix stratĂ©giques pour lâadaptation. Le projet CLIMATOR [8][12]Ces derniĂšres annĂ©es, plusieurs projets ont mis en Ćuvre cette dĂ©marche de modĂ©lisation couplĂ©e, pour Ă©valuer les impacts du changement climatique en agriculture. Câest notamment le cas du projet CLIMATOR 2007-2010, financĂ© par lâAgence Nationale de la Recherche ANR. Pendant 3 ans, 17 Ă©quipes de 7 instituts et organismes ont travaillĂ© ensemble sur le projet CLIMATOR, associant ainsi des disciplines variĂ©es climatologie, agronomie, Ă©cophysiologie, bioclimatologie, science du sol pour des objectifs divers recherche, dĂ©veloppement, enseignement. Cependant, la mise en place dâun cadre mĂ©thodologique commun a permis une gestion optimale de cette diversitĂ©. Ce projet avait pour objectif de proposer des mĂ©thodes et des informations pour des systĂšmes cultivĂ©s variĂ©s monocultures et rotations de blĂ©, tournesol, maĂŻs, sorgho, colza, prairies, forĂȘt, banane, canne Ă sucre et vigne, Ă lâĂ©chelle de la parcelle, sur 13 sites reprĂ©sentatifs des climats français. Le travail rĂ©alisĂ© dans CLIMATOR repose sur une analyse dâimpacts possibles selon diverses hypothĂšses pour le climat futur. Il sâagit dâun exercice de modĂ©lisation Ă vocation prospective qui ne peut, en aucun cas, ĂȘtre considĂ©rĂ© comme prĂ©visionnel. Lâobjectif est de traduire les hypothĂšses climatiques en impacts chiffrĂ©s pour distinguer les effets positifs, nĂ©gatifs ou non significatifs quâinduisent ces hypothĂšses sur lâagriculture et la forĂȘt françaises, dans leur dimension uniquement biotechnique. De nombreux rĂ©sultats issus de ce projet seront prĂ©sentĂ©s dans ce document pour illustrer les impacts attendus du changement climatique sur lâagriculture en Aquitaine. Pour la plupart de ces projections, le scĂ©nario du GIEC dâĂ©mission des gaz Ă effets de serre A1B a Ă©tĂ© utilisĂ©. Il correspond Ă une augmentation de la tempĂ©rature moyenne de lâordre de 2 °C sur la France en 2050, et de 3,2 °C Ă la fin du XXIe siĂšcle. Dâautres informations plus complĂštes sur les mĂ©thodes de rĂ©gionalisation du climat, sur les modĂšles agronomiques utilisĂ©s pour chaque culture, ainsi que sur la hiĂ©rarchisation des incertitudes peuvent ĂȘtre obtenues dans le Livre Vert du projet CLIMATOR. La phĂ©nologie 18Comme il a Ă©tĂ© vu prĂ©cĂ©demment, lâaugmentation de la tempĂ©rature aura un effet majeur sur la vitesse de dĂ©veloppement des plantes. La phĂ©nologie est dĂ©terminante pour lâadaptation des espĂšces dans un environnement donnĂ©. Par consĂ©quent câest un caractĂšre des espĂšces cultivĂ©es pour lequel de nombreuses Ă©tudes dâimpact ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© conduites. Impacts observĂ©s 19Lâaugmentation des tempĂ©ratures accĂ©lĂšre le dĂ©veloppement de la vigne [14]. Depuis vingt ans, lâaugmentation de la tempĂ©rature moyenne combinĂ©e Ă des pratiques culturales particuliĂšres faible rendement, rĂ©duction de la fertilisation, augmentation de la surface foliaire a conduit Ă une avance de la date de maturitĂ© des raisins de 15 jours en moyenne Figure 1. Cet ordre de grandeur de lâavancement de la phĂ©nologie dans le Bordelais est comparable Ă celui observĂ© dans dâautres vignobles [15]. Ă ce sujet, il est nĂ©cessaire de faire rĂ©fĂ©rence aux importantes recherches qui ont permis de reconstruire le climat passĂ© Ă partir des donnĂ©es phĂ©nologiques de la vigne et notamment la date de vendanges cf. chapitre 2, Figure 15 [16][17]. Figure 1 Ăvolution de la date des vendanges dans une propriĂ©tĂ© du Bordelais entre 1900 Ă 2012. Si la date des vendanges a eu tendance Ă reculer jusquâau dĂ©but des annĂ©es 1990, principalement en raison de la diminution de la pression des maladies par une amĂ©lioration des traitements phytosanitaires, elle a subi une avancĂ©e de prĂšs de 15 jours par la suite [18]. 20De la mĂȘme maniĂšre, des avancĂ©es de la phĂ©nologie ont Ă©tĂ© observĂ©es sur la plupart des espĂšces cultivĂ©es, que ce soient dans les grandes cultures ou les espĂšces fruitiĂšres telles que le pommier, le poirier, le cerisier [19] et le prunier dâEnte. Sur les 40 derniĂšres annĂ©es, une avance de 7-8 jours a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence pour la floraison du pommier et de 10-11 jours pour celle du poirier et du cerisier. Ces observations ont Ă©tĂ© faites malgrĂ© des hivers plus doux qui ont eu pour consĂ©quence une augmentation de 3 Ă 5 jours de la durĂ©e nĂ©cessaire pour la satisfaction des besoins en froid, nĂ©cessaire Ă la levĂ©e de dormance, prĂ©alable au dĂ©bourrement cf. supra. Figure 2 Dates moyennes de floraison A et de vendanges B pour le cĂ©page Merlot calculĂ©es pour le passĂ© rĂ©cent PR 1971-2000, le futur proche FP 2020-2050 et le futur lointain FL 2070-2100 Ă Bordeaux, Lusignan et Toulouse [8]. Impacts attendus 21Sur la vigne, les simulations produites dans le projet CLIMATOR permettent dâenvisager pour le cĂ©page Merlot Ă Bordeaux une avancĂ©e de la date de floraison et de la date des vendanges dâenviron 40 jours pour la fin du siĂšcle Figure 2. Du fait de ce dĂ©calage vers le milieu de lâĂ©tĂ©, la tempĂ©rature minimale moyenne pendant la pĂ©riode de maturation des raisins serait augmentĂ©e de 4 Ă 6 °C, ce qui renforce lâimpact du rĂ©chauffement climatique sur la composition des raisins. Voisine de 15 °C actuellement, cette tempĂ©rature augmenterait au-delĂ de 20 °C. 22LâavancĂ©e de la phĂ©nologie se poursuivra pour toutes les espĂšces cultivĂ©es. Concernant le maĂŻs, un avancement de la date de floraison dâenviron 15-20 jours est attendu pour la fin du siĂšcle, et dâenviron 15 Ă 30 jours selon le scĂ©nario, pour la rĂ©colte [8]. Sur les espĂšces fruitiĂšres telles que le prunier dâEnte et le cerisier, les avancĂ©es de floraison envisagĂ©es sont susceptibles dâaccroĂźtre le risque de gel de fleurs ou de jeunes fruits. Des anomalies physiologiques de la phĂ©nologie des bourgeons causĂ©es par des satisfactions insuffisantes des besoins en froid retards et Ă©talements excessifs de la floraison pourraient ĂȘtre observĂ©es. Les consĂ©quences agronomiques attendues sont des dĂ©synchronisations de floraison entre des cultivars devant sâinterpolliniser ou des Ă©talements excessifs de la maturitĂ© des fruits Ă lâĂ©chelle de lâarbre ou des vergers. Des dĂ©bourrements vĂ©gĂ©tatifs excessifs pourraient Ă©galement perturber fortement lâarchitecture des arbres et la conduite des vergers. Les rendements 23Pour la plupart des productions agricoles, le rendement est la variable clĂ© qui conditionne la rentabilitĂ© Ă©conomique. Pour une variĂ©tĂ© et un systĂšme de culture donnĂ©s, il dĂ©pend en grande partie de lâĂ©volution des conditions climatiques au cours de la saison de croissance de la culture. Impacts observĂ©s 24En Aquitaine, les rendements pour le maĂŻs sont proches des rendements moyens nationaux autour de 90 qtx/ha. Ces rendements ont notablement augmentĂ© entre les annĂ©es 1980 et 2000, et stagnent depuis une dizaine dâannĂ©es, notamment en raison des Ă©pisodes de sĂ©cheresse rĂ©pĂ©tĂ©s avec des besoins en eau accrus. De 2007 Ă 2010, alors que le rendement moyen du maĂŻs irriguĂ© est restĂ© stable, le rendement du maĂŻs pluvial non irriguĂ© a significativement diminuĂ©. Le rendement du blĂ© en Aquitaine est infĂ©rieur dâun cinquiĂšme au rendement moyen national environ 55 qtx/ha pour 70 qtx/ha au niveau national. Pour cette culture dâautomne non irriguĂ©e, on observe la mĂȘme tendance que pour le maĂŻs, câest-Ă -dire une augmentation du rendement depuis les annĂ©es 1980 gain de 15 qtx/ha environ, puis une stagnation voire une lĂ©gĂšre diminution depuis les annĂ©es 2000 attribuĂ©e en grande partie au changement climatique, mais aussi Ă des paramĂštres agronomiques tels que la baisse de la fertilisation azotĂ©e [20]. Le rendement du tournesol, culture de printemps, non irriguĂ©e, est comparable au rendement moyen national 25 qtx/ha. Il sâavĂšre exemplairement stable depuis une trentaine dâannĂ©es. 25Certaines espĂšces fruitiĂšres telles que le cerisier, lâabricotier, le prunier dâEnte sont dĂ©jĂ trĂšs sensibles aux irrĂ©gularitĂ©s de production. SpĂ©cifiquement pour la rĂ©gion Aquitaine, il faut citer lâexemple du prunier dâEnte dont la rĂ©colte de 2011 nâa pas atteint 25 000 tonnes de fruits parvenus Ă maturitĂ© et de calibre marchand, alors que la filiĂšre en espĂ©rait entre 45 000 et 50 000. La sĂ©cheresse du printemps puis lâĂ©tĂ© humide en sont la cause. Ces irrĂ©gularitĂ©s de production pourraient augmenter avec le changement climatique [21]. Impacts attendus 26Le projet CLIMATOR a permis dâobtenir de nombreux rĂ©sultats concernant la culture du maĂŻs, de blĂ© tendre et du tournesol dans le Sud-Ouest. Dans le cas du maĂŻs irriguĂ© Ă 80 % des besoins, on pourrait ainsi sâattendre Ă une diminution de rendement de 9 qtx/ha dans le futur proche FP-2020-2050 et de 15 qtx/ha dans le futur lointain FL-2070-2100. Le rendement pourrait diminuer malgrĂ© lâirrigation car lâavancement des stades phĂ©nologiques floraison, rĂ©colte est susceptible de gĂ©nĂ©rer une diminution du nombre de jours de remplissage des grains et donc une diminution du rendement. Dans le cas du blĂ© tendre, il est prĂ©vu une stabilitĂ© du rendement dans le futur proche, voire une augmentation du rendement dans le futur lointain +9 qtx/ha dans le FL en raison de lâeffet de lâaccroissement de la teneur en CO2 dans lâatmosphĂšre sur la production de biomasse. Les prĂ©visions pour le futur proche sont en contradiction avec les effets observĂ©s depuis le milieu des annĂ©es 1990. Pour cette culture, un avancement des stades est Ă©galement attendu. Les phases de remplissage du grain pourraient donc se produire pendant des pĂ©riodes moins contraignantes pour la plante. Les rĂ©sultats obtenus pour le tournesol laissent envisager Ă©galement une stabilitĂ© du rendement dans le futur proche et une amĂ©lioration du rendement dans le futur lointain + 4 qtx/ha dans le FL. Mais cette augmentation ne serait pas significative, et soumise Ă une forte variabilitĂ© interannuelle. Ce rĂ©sultat est expliquĂ© par une compensation entre les effets bĂ©nĂ©fiques de lâaugmentation de la teneur en CO2 atmosphĂ©rique et les effets nĂ©gatifs du stress hydrique, particuliĂšrement prĂ©gnant sur sol Ă faible rĂ©serve en eau. Production de fraises hors sol Marie-NoĂ«lle Demene, Invenio 27Chez le fraisier cultivĂ©, le rendement est conditionnĂ© par le potentiel de production de la plante. Lâinitiation florale est un facteur dĂ©terminant pour la rentabilitĂ© de cette culture car elle conditionne le potentiel de floraison et donc pour partie, le rendement. Le fraisier a besoin en hiver dâĂȘtre exposĂ© Ă des heures de froid pour pouvoir lever sa dormance. Lâimpact dâune Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature se traduirait notamment par des besoins en froid non satisfaits, Dans ces conditions les plants reprendraient leur activitĂ© de façon plus prĂ©coce. Ils pourraient alors prĂ©senter un dĂ©veloppement vĂ©gĂ©tatif rĂ©duit, des hampes florales trĂšs courtes avec des fleurs mal formĂ©es. Les consĂ©quences seraient une rĂ©duction du rendement et des fruits plus petits comme au printemps 2003 en Aquitaine suite Ă un hiver doux. Par ailleurs, les automnes chauds conduisent Ă un retard de lâinitiation florale qui a lieu le plus souvent fin aoĂ»t ou dĂ©but septembre. Avec des tempĂ©ratures automnales Ă©levĂ©es, il faudrait attendre des jours plus courts pour que les plants puissent induire des inflorescences. Dans ces conditions le taux de plants induits Ă une date donnĂ©e serait rĂ©duit. 28LâINRA Aquitaine sâassocie avec Invenio et le Ciref pour Ă©tudier lâimpact dâune Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature sur le rendement. Des marqueurs de potentiel de floraison sont recherchĂ©s pour permettre une Ă©valuation rapide du potentiel de production et une sĂ©lection efficace de variĂ©tĂ©s productives mĂȘme en conditions plus chaudes. La qualitĂ© des fruits 29Pour les productions fruitiĂšres et surtout pour la vigne, la composition des fruits Ă maturitĂ© est dĂ©terminante pour la valorisation des rĂ©coltes. Cette composition dĂ©pend Ă©troitement des conditions climatiques, comme en atteste la variabilitĂ© quâil existe entre millĂ©simes pour des vins Ă©laborĂ©s Ă partir de raisins issus de la mĂȘme parcelle. Il est donc dĂ©terminant dâĂ©tudier ce point en particulier. Impacts observĂ©s 30Pour beaucoup de rĂ©gions viticoles, notamment en Aquitaine, lâavance des dates de maturitĂ© au cours des 20 derniĂšres annĂ©es a permis dâatteindre plus rĂ©guliĂšrement une excellente maturitĂ© du raisin et sâest traduite globalement par une amĂ©lioration de la qualitĂ© des vins produits. On constate une plus grande frĂ©quence de bons millĂ©simes Ă partir des annĂ©es 1980. Cette amĂ©lioration est surtout liĂ©e Ă lâĂ©volution des techniques viticoles et Ă une plus grande frĂ©quence des dĂ©ficits hydriques au cours de lâĂ©tĂ©. Dans le Bordelais, la qualitĂ© du millĂ©sime nâest en effet pas corrĂ©lĂ©e Ă la tempĂ©rature, mais au dĂ©ficit hydrique perçu par la vigne entre la vĂ©raison et la rĂ©colte [22]. Par exemple, les millĂ©simes les plus secs depuis 50 ans, 2005 et 2010, sont de grands millĂ©simes. Ces observations rĂ©alisĂ©es dans le Bordelais sont valables pour lâensemble de lâAquitaine. Au cours de cette pĂ©riode, on constate aussi une Ă©volution de la composition du raisin, qui nâest pas sans consĂ©quence sur lâĂ©quilibre des vins produits. Lâaugmentation de la teneur en sucres du raisin, qui se traduit par une augmentation de la teneur en alcool des vins, est particuliĂšrement spectaculaire Figure 3. 31En parallĂšle, lâaciditĂ© du raisin a diminuĂ©, provoquant une augmentation du pH des vins. Cette Ă©volution peut, suivant la situation et suivant la sensibilitĂ© du dĂ©gustateur, augmenter les qualitĂ©s gustatives du vin plus de souplesse et de rondeur ou les dĂ©prĂ©cier moins de fraĂźcheur. Lorsque lâaugmentation des tempĂ©ratures provoque une trop grande avancĂ©e de la pĂ©riode de maturation, et que celle-ci se dĂ©roule en conditions chaudes au cĆur de lâĂ©tĂ©, la maturitĂ© technologique Ă©quilibre entre sucres et aciditĂ© est atteinte avant la maturitĂ© phĂ©nolique maturitĂ© des tanins. Lâaugmentation des tempĂ©ratures pendant les vendanges entraĂźne dĂ©jĂ des modifications de pratiques avec une augmentation de la frĂ©quence des rĂ©coltes nocturnes. De plus, lâĂ©volution de la composition des raisins a des consĂ©quences majeures sur les procĂ©dĂ©s Ćnologiques dâĂ©laboration des vins. Figure 3 Augmentation de la teneur en alcool dâun vin dâune propriĂ©tĂ© en Bordelais entre 1962 et 2009. Alors que la teneur moyenne en alcool Ă©tait infĂ©rieure Ă 12° au dĂ©but des annĂ©es 1960, elle a augmentĂ© jusquâĂ des valeurs supĂ©rieures Ă 13° Ă la fin de la premiĂšre dĂ©cennie du XXIe siĂšcle Roby, communication personnelle. Impacts attendus 32Pour la vigne, lâavancement de la phĂ©nologie conduira en toute vraisemblance Ă un dĂ©roulement de la maturation dans des conditions de plus en plus chaudes. Les consĂ©quences sur la qualitĂ© du vin, plutĂŽt positives jusquâĂ aujourdâhui, risquent de devenir nĂ©gatives pour une proportion croissante des vins produits en Aquitaine lorsque les augmentations de tempĂ©rature dĂ©passeront un certain seuil. Des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sous des climats plus chauds ont montrĂ© que lâexposition directe et prolongĂ©e des raisins Ă des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es apparaĂźt prĂ©judiciable Ă lâaccumulation des polyphĂ©nols qui contribuent Ă la couleur et Ă la structure des vins rouges [23] et des composĂ©s aromatiques [24]. Par ailleurs, la hausse des tempĂ©ratures minimales sera probablement plus importante que celles des tempĂ©ratures moyennes [25]. LâĂ©lĂ©vation des tempĂ©ratures nocturnes et la rĂ©duction probable de lâamplitude thermique jour-nuit dans le cadre du rĂ©chauffement climatique Ă venir devraient Ă©galement contribuer Ă des modifications de la composition en polyphĂ©nols. Des recherches sont actuellement conduites en Aquitaine au sein de lâISVV sur ces questions. Pour des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă environ 35 °C, des symptĂŽmes dâĂ©chaudage sur feuillage peuvent apparaĂźtre, entraĂźnant une altĂ©ration des feuilles et un blocage de la synthĂšse des sucres. Les raisins peuvent ĂȘtre eux aussi touchĂ©s par cet Ă©chaudage extrĂȘme et prĂ©senter des brĂ»lures ou un dessĂšchement. Si des contraintes hydriques modĂ©rĂ©es sont favorables Ă la qualitĂ© des vins, des Ă©pisodes de sĂ©cheresse plus marquĂ©e sâaccompagneraient dâun arrĂȘt de la synthĂšse des sucres via la photosynthĂšse et de chutes de feuilles prĂ©coces, induisant un blocage de la maturation et de lâaccumulation des sucres dans les raisins. Ces nouvelles conditions de maturation provoqueront des dĂ©sĂ©quilibres gustatifs vins trop alcoolisĂ©s et insuffisamment acides, un dĂ©calage entre la maturitĂ© technologique et phĂ©nolique, ainsi quâune modification de la composition en arĂŽmes des vins produits. Elles pourront augmenter le risque dâun vieillissement prĂ©maturĂ© des vins, en particulier pour les vins blancs. 33Au-delĂ des effets sur le calibre des fruits, des modifications des rythmes de croissance pourraient avoir des consĂ©quences sur des aspects majeurs de la qualitĂ© des fruits. Chez le Cerisier, par exemple on observe dĂ©jĂ une plus grande proportion de fruits doubles, phĂ©nomĂšne favorisĂ© par des tempĂ©ratures dĂ©passant frĂ©quemment les 30-35 °C durant lâĂ©tĂ© prĂ©cĂ©dent. Par ailleurs lâĂ©clatement de la cerise constitue un exemple prĂ©occupant de caractĂšre de qualitĂ© qui pourrait ĂȘtre de plus en plus soumis aux irrĂ©gularitĂ©s de pluviomĂ©trie Figure 4. 34Des facteurs gĂ©nĂ©tiques, physiologiques, climatiques et agronomiques ont une influence sur ce caractĂšre. Des Ă©tudes sont actuellement en cours Ă lâINRA en Aquitaine pour crĂ©er des variĂ©tĂ©s moins sensibles Ă ce problĂšme. Le confort hydrique des cultures et les consĂ©quences sur la ressource en eau 35Ătant donnĂ© lâimportance et lâenjeu que reprĂ©sente lâeau pour lâagriculture en Aquitaine, il nous a paru indispensable de prĂ©senter quelques Ă©lĂ©ments relatifs aux situations actuelles et futures pour cette question. Le confort hydrique exprime la capacitĂ© dâune culture Ă fonctionner de façon potentielle, câest-Ă -dire sans rĂ©duction de la consommation en eau liĂ©e Ă un stress hydrique. Figure 4 DĂ©gĂąts dâĂ©clatement sur cerises mĂ»res photo J. Claverie, INRA. Ces fruits ne sont plus commercialisables. Impacts observĂ©s 36De 2003 Ă 2006, les besoins en eau dâirrigation des cultures de maĂŻs ont Ă©tĂ©, en France, de 30 % supĂ©rieurs Ă la moyenne de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente [calcul qui tient compte des prĂ©cipitations et de la rĂ©serve en eau des sols, 26], mĂȘme si la responsabilitĂ© du changement climatique sur cette augmentation nâa pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e. La surface de maĂŻs irriguĂ© a Ă©tĂ© rĂ©duite de 10 % en Aquitaine pour une moyenne nationale de 13 %. Dans le mĂȘme temps, les volumes dâeau par hectare ont progressĂ© pour compenser les dĂ©ficits de prĂ©cipitation. La sĂ©cheresse a surtout Ă©tĂ© plus marquĂ©e en 2005 dans notre rĂ©gion [27]. Cette annĂ©e avait en effet Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e par un dĂ©ficit de pluviomĂ©trie estivale, prĂ©cĂ©dĂ© dâun hiver Ă©galement sec. Ces sĂ©cheresses ont eu un impact nĂ©gatif sur le rendement des cĂ©rĂ©ales cf. § Les rendements, mais positif sur la qualitĂ© des vins produits dans la rĂ©gion cf. § La qualitĂ© des fruits. Impacts attendus 37Les simulations rĂ©alisĂ©es dans le cadre du projet CLIMATOR montrent des impacts variables pour le confort hydrique et la restitution aux nappes, selon les cultures et le fait quâelles sont irriguĂ©es ou non. 38Ainsi, dans le cas du blĂ©, culture dâautomne non irriguĂ©e, malgrĂ© lâanticipation des stades phĂ©nologiques, la diminution de la pluviomĂ©trie pourrait provoquer une dĂ©tĂ©rioration du confort hydrique, affectant davantage le rendement. Par contre, Ă mĂȘme niveau de confort hydrique, lâeffet bĂ©nĂ©fique du CO2 induirait une augmentation du rendement dans le futur proche 2020-2050 et dans le futur lointain 2070-2100. Concernant le maĂŻs irriguĂ©, lâaugmentation du dĂ©ficit hydrique climatique pourrait se traduire par la nĂ©cessitĂ© dâun supplĂ©ment dâirrigation de lâordre de 40 mm/an en moyenne dans le futur proche 2020-2050. Dans le futur lointain 2070-2100, les incertitudes sont grandes et il se peut que le frein phĂ©nologique compense lâaugmentation du dĂ©ficit climatique. Par ailleurs, le maĂŻs, en raison de ses particularitĂ©s en matiĂšre de photosynthĂšse, serait moins favorisĂ© par lâaugmentation de la teneur en CO2 atmosphĂ©rique. Les choix des variĂ©tĂ©s et des sols seront trĂšs importants pour limiter lâaugmentation dâeau dâirrigation. 39MalgrĂ© lâaugmentation du dĂ©ficit hydrique climatique, le confort hydrique de la vigne dans le vignoble girondin ne subirait pas de dĂ©tĂ©rioration trĂšs sensible pendant la pĂ©riode floraison-maturitĂ© grĂące au maintien de quelques pluies estivales et Ă lâavancĂ©e de la phĂ©nologie qui pourrait reporter les pĂ©riodes de sĂ©cheresses les plus intenses aprĂšs les vendanges. En revanche, une franche diminution du confort hydrique de la vigne pourrait concerner le nord de la rĂ©gion, par extrapolation de ce qui est simulĂ© Ă Lusignan en Poitou-Charentes. Les zones les plus Ă lâest connaĂźtraient un confort hydrique toujours dĂ©gradĂ©, comme lâindiquent les rĂ©sultats obtenus pour Toulouse Figure 5. Figure 5 Confort hydrique estimĂ© pour le passĂ© rĂ©cent PR, futur proche FP et futur lointain FL par le rapport ETR Ăvapotranspiration rĂ©elle sur ETM Ăvapotranspiration Maximale pour un vignoble du cĂ©page Merlot Ă Bordeaux, Lusignan et Toulouse. ETM reprĂ©sente la demande en eau dâune culture en absence de limitation hydrique. Ce rapport quantifie donc lâĂ©quilibre offre/demande moyen entre la floraison et la maturitĂ© [8]. 40Le changement climatique aurait pour consĂ©quence une baisse trĂšs sensible de la restitution dâeau aux nappes en profondeur ou aux riviĂšres. Les prĂ©visions rĂ©alisĂ©es pour les sols viticoles dans le cadre du projet CLIMATOR montrent que dans les zones oĂč le rapport offre sur demande en eau est initialement relativement Ă©levĂ©, comme Ă Bordeaux, la quasi-totalitĂ© de la baisse de la ressource en eau se rĂ©percuterait sur un dĂ©faut dâalimentation des nappes en profondeur ou dâalimentation du rĂ©seau hydrologique, ce qui est cohĂ©rent avec le fait que le confort hydrique des cultures serait peu affectĂ©. Pour les zones plus continentales comme le Lot-et-Garonne, dont le bilan hydrique climatique est initialement plus faible ou nĂ©gatif, il y aurait une diminution moindre de la restitution de lâeau aux nappes par rapport Ă la situation actuelle. Le niveau de restitution dâeau au milieu serait Ă©galement modulĂ© par les paramĂštres du systĂšme de culture, en premier lieu par la rĂ©serve utile du sol une rĂ©serve plus importante permet de stocker de lâeau qui sera Ă©vaporĂ©e ou transpirĂ©e vers lâatmosphĂšre, et donc de rĂ©duire la transmission en profondeur. La santĂ© des cultures 41Les bioagresseurs des plantes sont connus pour avoir des impacts variables sur les cultures en fonction des variations de conditions climatiques interannuelles. On imagine donc que le changement climatique aura un impact majeur sur le fonctionnement des pathogĂšnes et sur leur agressivitĂ© vis-Ă -vis des diffĂ©rentes cultures. 42On sâattend notamment Ă des effets directs du changement climatique sur les champignons pathogĂšnes, ainsi quâĂ des effets indirects via la plante hĂŽte. Lâaugmentation des tempĂ©ratures, de la teneur en CO2 de lâatmosphĂšre, de lâirrĂ©gularitĂ© des pluies et de lâoccurrence dâĂ©vĂ©nements extrĂȘmes, devrait modifier non seulement les cycles Ă©pidĂ©miques mais Ă©galement la rĂ©partition spatiale des pathogĂšnes. Classiquement, lâefficacitĂ© dâinfection dâun champignon dĂ©pend de deux variables climatiques, la tempĂ©rature et la durĂ©e dâhumectation prĂ©sence dâeau libre sur les feuilles ou les fruits. Lâaugmentation des tempĂ©ratures et la diminution de la durĂ©e dâhumectation attendues dans un contexte de changement climatique pourraient avoir des effets antagonistes sur le processus dâinfection. Les simulations rĂ©alisĂ©es dans diffĂ©rents travaux dont le projet CLIMATOR montrent que, selon les besoins en durĂ©e dâhumectation et lâoptimum thermique des pathogĂšnes, diffĂ©rentes situations se dessinent. Ainsi, dans le cas de la rouille brune du blĂ©, les effets de la tempĂ©rature et de la durĂ©e dâhumectation devraient se compenser dans un futur proche, puis lâeffet dĂ©favorable de la baisse significative de la durĂ©e dâhumectation devrait lâemporter et rĂ©duire notablement le nombre de jours favorables aux infections du printemps et de lâĂ©tĂ©. Globalement, on sâattend Ă une diminution marquĂ©e des pertes de rendement dues Ă la rouille brune, notamment pour les variĂ©tĂ©s tardives de blĂ©. Pour la septoriose du blĂ©, on montre que la constitution de lâinoculum serait bien moins limitĂ©e par le froid hivernal, mais quâen revanche la diminution des pluies freinerait ensuite fortement la progression Ă©pidĂ©mique, se traduisant par une diminution de la nuisibilitĂ© de la maladie. Cette baisse de pluviomĂ©trie devrait Ă©galement pĂ©naliser les phases dâinfection et de sporulation du mildiou de la vigne, ainsi que le risque Ă©pidĂ©mique de botrytis, Ă©troitement liĂ© aux prĂ©cipitations durant la pĂ©riode vĂ©raison-maturitĂ©. Toutefois, on constate un effet positif de lâaccroissement de tempĂ©rature et de lâaugmentation de teneur en CO2 sur la croissance de divers champignons qui sont suspectĂ©es ĂȘtre Ă lâorigine de dĂ©viations aromatiques dans les vins Ă©voquant la terre humide, lâhumus, la betterave rouge ou le champignon frais. 43Enfin, lâaugmentation des tempĂ©ratures est Ă©galement susceptible de modifier le positionnement du cycle du champignon par rapport au cycle de la culture. Ainsi, lâavancement des dates de dĂ©bourrement de la vigne pourrait favoriser les infestations primaires de mildiou, mĂȘme si les autres phases du cycle Ă©pidĂ©mique Ă©taient en moyenne freinĂ©es par la baisse de pluviomĂ©trie comme on lâa montrĂ© plus haut [28]. 44En ce qui concerne les insectes ravageurs, le principal facteur ayant un effet direct sur leur cycle reproducteur est la tempĂ©rature [29][30]. Jusquâil y a une dizaine dâannĂ©es, un ravageur majeur de la vigne, lâespĂšce de vers de la grappe Eudemis avait gĂ©nĂ©ralement trois gĂ©nĂ©rations en Aquitaine, la derniĂšre Ă©tant nettement sĂ©parĂ©e des deux prĂ©cĂ©dentes et situĂ©e tard en septembre. Aujourdâhui cette troisiĂšme gĂ©nĂ©ration succĂšde rapidement Ă la deuxiĂšme et il nâest pas rare de trouver une quatriĂšme gĂ©nĂ©ration en octobre/novembre. Mais les effets des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es peuvent parfois ĂȘtre nĂ©fastes au dĂ©veloppement de certains insectes en bloquant les cycles de pontes au-delĂ de 32,5 °C et en causant une forte mortalitĂ© des Ćufs au-delĂ de 38 °C, comme dans le cas dâune autre espĂšce de vers de la grappe, Cochylis [31]. De mĂȘme, il est trĂšs probable que de nouveaux ravageurs puissent faire leur apparition suite au rĂ©chauffement climatique. Ainsi des lĂ©pidoptĂšres, des drosophiles agents de la pourriture acide ou des cochenilles vectrices de virus, cantonnĂ©s actuellement dans les zones mĂ©diterranĂ©ennes, commenceraient leur remontĂ©e [32]. La drosophile fait dĂ©jĂ de nombreux ravages dans les Alpes maritimes source chambre dâagriculture sur les fraises et cerises, et a Ă©tĂ© signalĂ©e en Poitou-Charentes en 2011 source FREDON. II- Adaptations 45Lâadaptation peut ĂȘtre dĂ©finie comme lâensemble des Ă©volutions dâorganisation, de localisation et de techniques que les sociĂ©tĂ©s devront opĂ©rer pour limiter les impacts nĂ©gatifs du changement climatique et en maximiser les effets bĂ©nĂ©fiques ». Elle recouvre des formes dâactions trĂšs variĂ©es qui sâappliquent Ă de nombreux secteurs. Ses problĂ©matiques diffĂšrent suivant les zones et les Ă©chelles gĂ©ographiques et sa mise en Ćuvre implique de combiner des instruments trĂšs divers [33]. Nous nâaborderons ici que les aspects techniques et de localisation en lien avec les enjeux agricoles. Les changements de pratiques culturales 46Lâirrigation est lâune des pratiques culturales qui risque dâĂȘtre la plus remise en question dans le futur. Cela est particuliĂšrement dĂ©terminant pour la culture du maĂŻs, mais aussi la production de semences, les vergers Ă fruits et les lĂ©gumes de plein champ [34]. Les surfaces irriguĂ©es ont augmentĂ© de 20 % depuis les annĂ©es 1980. Les diffĂ©rentes zones de culture de maĂŻs en Aquitaine prĂ©sentent de forts contrastes en matiĂšre de possibilitĂ© dâirrigation. Si les irrigants des sables landais puisent sans contrainte dans la nappe superficielle, abondante et impropre Ă la consommation humaine, les irrigants du bassin de lâAdour, de la Garonne et de la Dordogne sont frĂ©quemment soumis Ă des restrictions, voire des interdictions, lâĂ©tĂ© alors que les besoins du maĂŻs grain sont les plus Ă©levĂ©s. 47Ces derniĂšres annĂ©es, dâimportants efforts ont Ă©tĂ© accomplis pour adapter les apports aux rĂ©els besoins de la plante, en pilotant lâirrigation avec des bilans hydriques ou des mesures de lâeau dans le sol. Par ailleurs, les surfaces en maĂŻs irriguĂ© ont dĂ©cru depuis 2005, et plus de la moitiĂ© des terres libĂ©rĂ©es a Ă©tĂ© rĂ©affectĂ©e Ă dâautres cultures cĂ©rĂ©aliĂšres non irriguĂ©es. Mais dans le contexte du changement climatique et de la rarĂ©faction de la ressource en eau en Aquitaine, la poursuite de la culture du maĂŻs sous irrigation est fortement menacĂ©e dans le Sud-Ouest Ă Ă©chĂ©ance variable en fonction des zones de production [8]. La rĂ©duction des surfaces en maĂŻs irriguĂ© pourrait ainsi libĂ©rer des volumes dâeau pour des irrigations de complĂ©ment pour des cultures non irriguĂ©es jusquâalors blĂ©, tournesol etc. ou le maintien de lâirrigation pour des filiĂšres trĂšs sensibles semences, vergers, lĂ©gumes de plein champ [34]. Du point de vue Ă©conomique, la culture du maĂŻs a permis jusquâĂ prĂ©sent le maintien de nombreuses exploitations de taille moyenne, elle est aussi liĂ©e aux systĂšmes de culture sous contrats » qui rendent lâirrigation presque obligatoire pour maximiser et sĂ©curiser le rendement. Par ailleurs, les politiques publiques de dĂ©veloppement agricole avaient clairement affichĂ© lâirrigation comme prioritĂ© stratĂ©gique dĂšs le milieu des annĂ©es 1980 pour maintenir le marchĂ© des cultures sous contrats » et pousser Ă lâintensification de certaines cultures. Ce sont donc principalement des Ă©lĂ©ments de politique publique modĂšles dâagriculture, PAC, prix de lâeau, arbitrage au sein des territoires, dĂ©veloppement dâinfrastructures pour le stockage de lâeau qui feront Ă©voluer la situation [11]. 48La tendance actuelle est de continuer Ă envisager lâirrigation des vergers en mettant en Ćuvre des techniques permettant de rĂ©duire les apports de 20 Ă 30 % sans pĂ©naliser la production. En Lot-et-Garonne, lâATGM participe Ă de nombreux projets de recherche et dâexpĂ©rimentation dont lâobjectif est dâune part de mieux prĂ©voir les risques de sĂ©cheresse et de mieux piloter lâirrigation. Lâirrigation de la vigne en Aquitaine, interdite jusquâalors en AOP, ne pourrait ĂȘtre envisagĂ©e quâen dernier recours, en se posant clairement la question des prioritĂ©s en matiĂšre de partage des ressources en eau. La vigne est une plante naturellement rĂ©sistante Ă la sĂ©cheresse, qui nâest pas cultivĂ©e pour obtenir un rendement maximal, mais un rendement compatible avec une qualitĂ© donnĂ©e des raisins, les deux Ă©lĂ©ments Ă©tant dĂ©terminants pour la rentabilitĂ© Ă©conomique des exploitations. Par ailleurs, lâirrigation, mĂȘme raisonnĂ©e, peut conduire Ă une augmentation supplĂ©mentaire de la teneur en sucres des raisins. 49Dâautres pratiques culturales peuvent ĂȘtre modifiĂ©es en rĂ©ponse au changement climatique. Pour les grandes cultures, lâavancĂ©e des dates de semis est une pratique qui est dĂ©jĂ mise en Ćuvre et pourra se poursuivre. DâaprĂšs les rĂ©sultats de CLIMATOR, elle serait a priori trĂšs intĂ©ressante pour le tournesol. Pour le blĂ©, lâavancement des dates de semis, intĂ©ressant en termes dâesquive du stress hydrique de fin de cycle, doit ĂȘtre rĂ©flĂ©chi en tenant compte de ses consĂ©quences sur la gestion de la flore adventice et sur la phase de germination et levĂ©e en lien avec lâhumiditĂ© du sol. Dans le cas du maĂŻs et du sorgho, son intĂ©rĂȘt est vĂ©rifiĂ©, mais plus limitĂ© compte tenu de la physiologie et du positionnement calendaire de ces deux espĂšces. 50En viticulture, le potentiel de certaines pratiques doit ĂȘtre Ă©valuĂ©. La mise en Ćuvre de la taille hivernale pourrait ĂȘtre retardĂ©e, avec pour consĂ©quence un retard de quelques jours seulement sur le dĂ©marrage de la vĂ©gĂ©tation. Lâaccumulation en sucres des raisins est Ă©galement trĂšs dĂ©pendante de lâĂ©quilibre entre la quantitĂ© de feuillage qui produit les sucres et de raisins qui accumulent les sucres. Ainsi, une rĂ©duction du rapport feuilles/fruit, soit par une augmentation de rendement, soit par une diminution de la surface foliaire, pourrait prĂ©senter un intĂ©rĂȘt dans le cadre du changement climatique. Câest paradoxalement lâinverse de ce qui est conseillĂ© depuis 30 ans en viticulture, car appliquĂ© Ă un contexte oĂč la teneur en sucres des raisins Ă©tait jusquâĂ prĂ©sent un facteur limitant de la qualitĂ©. Les pratiques de taille hivernale, de conduite du feuillage et dâĂ©claircissage pourraient ĂȘtre revues dans ce sens. On pourra Ă©galement Ă court terme adapter le systĂšme de conduite pour Ă©viter lâĂ©chauffement des baies de raisin, par exemple dĂ©velopper toutes les pratiques favorisant lâombrage des grappes par les feuilles par exemple usage du cordon dĂ©ployĂ© comme en Espagne. Finalement, une diminution de la densitĂ© de plantation nombre de souches/ha pourrait conduire Ă une rĂ©duction des besoins en eau. Ătant en gĂ©nĂ©ral accompagnĂ©e dâune augmentation du rendement par souche pour maintenir le rendement Ă lâhectare, les effets pourraient retarder lâaccumulation des sucres dans les raisins. Lâimpact sur lâaccumulation des composĂ©s phĂ©noliques devrait ĂȘtre Ă©valuĂ©. Le changement dâespĂšces et de variĂ©tĂ©s 51Le maintien de la culture du maĂŻs dans la rĂ©gion Aquitaine ne pourra se faire sans une orientation nette vers des variĂ©tĂ©s plus prĂ©coces et des dates de semis avancĂ©es. Mais cette Ă©volution ne rĂ©soudra pas Ă elle seule les difficultĂ©s pressenties. La modĂ©ration des surfaces et la possibilitĂ© dâaccroissement de la ressource en eau devront Ă©galement ĂȘtre Ă©tudiĂ©es. Pour maintenir la culture du maĂŻs dans la rĂ©gion Aquitaine, le recours Ă des variĂ©tĂ©s Ă cycle court avec des maturitĂ©s plus prĂ©coces permettrait dâimportantes Ă©conomies dâeau dâirrigation. Pour le blĂ©, le choix des variĂ©tĂ©s prĂ©coces permettrait dâĂ©viter les pĂ©riodes de stress hydrique importantes en fin de cycle, sous rĂ©serve que lâimplantation se rĂ©alise en condition dâhumiditĂ© du sol suffisante pour permettre une germination rapide et une bonne installation du peuplement. Dans le cas du tournesol, le choix de variĂ©tĂ©s progressivement Ă cycle long et lâavancĂ©e des semis pourra ponctuellement offrir des perspectives dâaugmentation des rendements, mais pas de façon systĂ©matique. Actuellement, de programmes de recherche de variĂ©tĂ©s moins gourmandes en eau et plus rĂ©sistantes aux fortes tempĂ©ratures est en cours pour toutes ces espĂšces. Le sorgho est une culture qui a des atouts indĂ©niables dâadaptation Ă la sĂ©cheresse attendue dans le cadre du changement climatique, grĂące Ă son systĂšme racinaire, plus profond que celui du maĂŻs, et son feuillage moins exubĂ©rant [11] Figure 6. Elle pourrait avantageusement remplacer la culture du maĂŻs. Les perspectives de cette culture dans la rĂ©gion Aquitaine montrent que lâon peut sâattendre Ă une augmentation de 6 qtx/ha du rendement dâici la fin du siĂšcle pour le sorgho pluvial. De plus, lâintroduction de lâirrigation raisonnĂ©e permettrait dâamĂ©liorer la capacitĂ© de production de cette culture alternative. Figure 6 Besoins en irrigation moyens de 7 cultures dâhiver et dâĂ©tĂ© simulation avec le modĂšle [35] sur la base de seuils transpiration rĂ©elle/transpiration maximale » diffĂ©rents selon la sensibilitĂ© des cultures 3 niveaux de rĂ©serve utile RU, sols argilo-limoneux, climat Toulouse 1984-2004 [11]. 52Pour la vigne, la modification des cĂ©pages et des porte-greffes paraĂźt ĂȘtre une alternative Ă considĂ©rer avec sĂ©rieux que ce soit pour essayer de retarder la maturitĂ© ou pour amĂ©liorer lâadaptation Ă la sĂ©cheresse [36]. Ătant donnĂ© les impacts du changement climatique sur la qualitĂ© et la typicitĂ© des vins, il conviendra dâabord de retarder la phĂ©nologie. Cela peut se faire, dans un premier temps, par le recours Ă des clones plus tardifs et des porte-greffes Ă cycle plus long 420A, 41B. Il sera aussi possible dâaugmenter la proportion de cĂ©pages tardifs, tout en restant dans la palette des cĂ©pages traditionnellement cultivĂ©s en Aquitaine Cabernet-Sauvignon, Cabernet franc et Petit Verdot pour la production de vins rouges, petit Manseng, gros Manseng et Colombard pour les cĂ©pages blancs. Pour la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, cette solution ne sera certainement pas suffisante et lâintroduction de cĂ©pages tardifs non autochtones pourrait ĂȘtre envisagĂ©e [36] Figure 7. Il est nĂ©anmoins nĂ©cessaire dâĂ©valuer au prĂ©alable leur compatibilitĂ© avec la typicitĂ© des vins de Bordeaux. Le recours Ă des cĂ©pages dâorigine atlantique, comme le Touriga nacional cĂ©page tardif portugais pourrait ĂȘtre prometteur. Des recherches sont actuellement menĂ©es dans ce sens en Aquitaine par lâISVV avec le soutien du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux CIVB. En ce qui concerne la sĂ©cheresse, il est bien connu quâil existe une large variabilitĂ© de comportement entre cĂ©pages et aussi entre porte-greffes. Plusieurs programmes de recherches sont conduits Ă ce sujet Ă lâISVV pour sĂ©lectionner des porte-greffes plus rĂ©sistants Ă la sĂ©cheresse. Figure 7 Classification des besoins thermiques de quelques cĂ©pages pour atteindre le stade maturation des raisins. Ces besoins sont calculĂ©s en faisant la somme des tempĂ©ratures journaliĂšres moyennes supĂ©rieures au seuil de 10 °C Ă partir du 1er janvier jusquâĂ la date de maturitĂ© des raisins. Un jour Ă tempĂ©rature moyenne de 15 °C apporte 5 °C. J Ă la somme et un jour Ă tempĂ©rature moyenne infĂ©rieure Ă 10 °C nâapporte rien Ă la somme. Cet indice caractĂ©rise la prĂ©cocitĂ© des diffĂ©rents cĂ©pages. Les cĂ©pages situĂ©s sur la gauche du graphique mĂ»rissent le plus tĂŽt, et ceux qui sont sur la droite mĂ»rissent le plus tard. Les cĂ©pages les plus tardifs pourraient ĂȘtre introduits dans lâencĂ©pagement bordelais, aprĂšs avoir expĂ©rimentĂ© leur potentiel pour Ă©laborer des vins de qualitĂ© dans la rĂ©gion Aquitaine [37]. 53Pour les espĂšces fruitiĂšres, la recherche de variĂ©tĂ©s adaptĂ©es Ă des automnes chauds fraisier, Ă des hivers doux cerisier est dĂ©veloppĂ©e Ă lâINRA dâAquitaine. Sur fraisier, le rĂŽle de la tempĂ©rature sur lâarchitecture de la plante est analysĂ© pour mieux comprendre lâĂ©quilibre entre dĂ©veloppement vĂ©gĂ©tatif et reproducteur et son Ă©volution attendue avec le changement climatique. Le changement de localisation 54La capacitĂ© Ă maintenir un certain confort hydrique pour chaque culture sols profonds pour le maĂŻs et le blĂ©, sols moins riches pour le tournesol ou le sorgho est dĂ©jĂ prise en compte dans le choix des assolements. Lâenjeu majeur rĂ©sidera alors Ă limiter les besoins en eau dâirrigation dans certaines zones de la rĂ©gion, en remplaçant partiellement certaines cultures par dâautres moins consommatrices. 55En viticulture, notamment en Aquitaine, les enjeux spatiaux sont majeurs, en raison de la prĂ©pondĂ©rance des vins en Appellation dâOrigine ProtĂ©gĂ©e. LâAOP est une dĂ©nomination europĂ©enne de protection reprenant lâAOC française et lui reconnaissant une valeur europĂ©enne dâun produit liĂ© Ă son origine gĂ©ographique. Il garantit lâorigine de produits alimentaires traditionnels, issus dâun terroir et dâun savoir-faire particulier. Il est soumis Ă une rĂ©glementation trĂšs stricte et conditionne en partie lâorganisation gĂ©nĂ©rale de la filiĂšre. Le terroir est dĂ©fini comme un Ă©cosystĂšme cultivĂ© dans lequel la vigne est en interaction avec le sol et le climat [38]. 56Le climat aquitain prĂ©sente une variabilitĂ© non nĂ©gligeable qui a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e dans la zone de production des vins de Bordeaux [39] et qui pourrait donc ĂȘtre mise Ă profit pour relocaliser la vigne sur des zones plus fraĂźches et donc plus tardives dans un mĂȘme espace gĂ©ographique. Lâeffet des tempĂ©ratures sur les cultures est classiquement Ă©valuĂ© par lâĂ©tablissement des sommes de tempĂ©ratures. La somme de tempĂ©ratures journaliĂšres moyennes supĂ©rieures au seuil de 10 °C, calculĂ©e sur la pĂ©riode sâĂ©talant du 1er janvier Ă fin septembre varie dâenviron 300 °C. J sur la zone de production des vins de Bordeaux Figure 8. Cette variabilitĂ© est du mĂȘme ordre de grandeur que la variabilitĂ© des sommes thermiques entre millĂ©simes et du mĂȘme ordre que les changements prĂ©vus pour le futur proche. Elle est aussi du mĂȘme ordre de grandeur que les diffĂ©rences entre la somme thermique enregistrĂ©e en Bourgogne Figure 8 Cartographie des sommes de tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă 10 °C entre le 1er janvier et le 30 septembre de lâannĂ©e 2003, Ă lâĂ©chelle du vignoble bordelais. La somme des tempĂ©ratures peut varier de 1700 dans certaines zones du Blayais et du Nord-Ouest du MĂ©doc Ă 2000 °C. J dans les vignobles proches de lâagglomĂ©ration bordelaise ou sur les rives de Garonne et Dordogne [38]. 571160 °C. J en moyenne trentenaire pour Dijon et celle enregistrĂ©e Ă Bordeaux 1490 °C. J, ou encore entre Bordeaux et le Languedoc 1800 °C. J pour Montpellier [40]. La connaissance de cette variabilitĂ© climatique Ă lâĂ©chelle des terroirs viticoles fait actuellement lâobjet de plusieurs projets de recherche TERADCLIM, LACCAVE avec plusieurs zones dâĂ©tudes dans le Bordelais. Localement, ces recherches sont soutenues par les professionnels. Possible sur le plan strictement technique, une relocalisation dans des espaces gĂ©ographiques nouveaux soulĂšvera des questions socio-Ă©conomiques et organisationnelles majeures. Impacts sur lâĂ©levage et les systĂšmes prairiauxEn Aquitaine, la production agricole est en valeur Ă prĂšs de 70 % dâorigine vĂ©gĂ©tale. Les productions animales sont essentiellement reprĂ©sentĂ©es par la filiĂšre bovine 10 % et la volaille 9 %. Pourtant lâĂ©levage concerne 30 % des exploitations en Aquitaine et utilise prĂšs de 40 % de la SAU sous forme de cultures fourragĂšres et de surfaces en herbe. Ă lâĂ©chelle nationale, lâĂ©levage herbivore contribue Ă 11 % des Ă©missions brutes de gaz Ă effet de serre, mais cette part Ă tendance Ă se rĂ©duire. Dans le contexte du changement climatique, lâeffort porte Ă la fois sur la rĂ©duction de lâimpact environnemental des activitĂ©s dâĂ©levage rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre, Ă©conomie dâĂ©nergie au niveau des bĂątiments agricoles et les Ă©tudes dâimpact de la modification des paramĂštres climatiques sur la production des Ă©levages et des aliments destinĂ©s Ă lâĂ©levage. LâĂ©tablissement dâenseignement supĂ©rieur Bordeaux-Sciences-Agro sâimplique particuliĂšrement dans ces de lâaugmentation de la tempĂ©rature et des vagues de chaleur sur les Ă©levages avicoles et porcins fait lâobjet de travaux de recherche dans les rĂ©gions trĂšs concernĂ©es, notamment la Bretagne. Mais les rĂ©sultats obtenus sont extrapolables Ă lâAquitaine. Ces animaux ne transpirant pas, ils doivent Ă©vacuer la chaleur produite par leur organisme par diffĂ©rents mĂ©canismes, et notamment lâaugmentation de leur rythme respiratoire. Les difficultĂ©s dâĂ©vacuer la chaleur augmentent avec la tempĂ©rature et lâhumiditĂ© de lâair, ce qui peut entraĂźner des baisses de production voire la mort des animaux [41][42]. Par ailleurs diffĂ©rents facteurs liĂ©s Ă lâalimentation et Ă lâĂąge des animaux jouent sur la production de chaleur. Les recherches portent actuellement sur la mise au point de modĂšles qui permettent de simuler la production de chaleur et la productivitĂ© des animaux, afin de pouvoir estimer Ă terme les impacts des augmentations de tempĂ©rature prĂ©vues par les climatologues. PIGCHANGE, un projet du MĂ©taprogramme ACCAF est consacrĂ© Ă ces travaux. Ces travaux prennent Ă©galement en compte les caractĂ©ristiques des bĂątiments dâĂ©levage afin dâen amĂ©liorer lâisolation thermique et la ce qui concerne la production dâaliments et les systĂšmes prairiaux, il a Ă©tĂ© montrĂ© quâĂ court terme une rĂ©duction des surfaces en maĂŻs du fait de la restriction des volumes dâeau prĂ©levables pour lâirrigation ne remet pas en question la production et la transformation de volailles. Outre leur fonction de production, les prairies jouent Ă©galement un rĂŽle de protection de lâenvironnement limitation du lessivage, de la biodiversitĂ©, en tant que puits de carbone, et de dĂ©toxification des polluants de sols. Lâimpact du changement climatique sur ces Ă©co-agro systĂšmes doit donc ĂȘtre Ă©valuĂ© en termes de production, de qualitĂ© et aussi de diversitĂ© biologique. Les travaux rĂ©alisĂ©s dans le programme CLIMATOR [8] pour les prairies semĂ©es montrent que le rĂ©chauffement climatique devrait permettre un allongement de la pĂ©riode de production et donc une exploitation fauche ou pĂąturage plus tĂŽt au printemps et plus tard en fin dâannĂ©e. Par contre une diminution du rendement estival est envisagĂ©e Ă cause de la sĂ©cheresse, ce qui accentuerait le problĂšme de surproduction dâherbe au printemps et de manque de fourrages en Ă©tĂ©. En Aquitaine, les augmentations de production seraient assez limitĂ©es. De plus des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sur des prairies naturelles en Dordogne et dans les PyrĂ©nĂ©es par une Ă©quipe de lâUniversitĂ© de Bordeaux I EPOC montrent que lâeffet du changement climatique sur les communautĂ©s herbacĂ©es dĂ©pendrait fortement des situations locales, et ce en interaction avec les modes de gestion des prairies. En zones dĂ©jĂ sĂšches en Dordogne, lâaggravation de la sĂ©cheresse aurait un impact trĂšs nĂ©gatif sur la diversitĂ©, la composition floristique et le fonctionnement des Ă©cosystĂšmes, aussi bien en situation fauchĂ©e ou pĂąturĂ©e que dans les espaces abandonnĂ©s par la gestion [43][44]. En revanche, dans les PyrĂ©nĂ©es et en situation sĂšche, la sĂ©cheresse induite par le changement climatique nâaffecterait nĂ©gativement la diversitĂ© que dans les zones trĂšs pĂąturĂ©es ou trĂšs fauchĂ©es. En zones plus humides, aussi bien en Dordogne que dans les PyrĂ©nĂ©es la diversitĂ© augmenterait avec la fauche sans effet de la sĂ©cheresse. Conclusion 58Ătant donnĂ© lâimportance de lâagriculture en Aquitaine et le positionnement que cela confĂšre Ă la rĂ©gion dans lâĂ©conomie nationale, le changement climatique reprĂ©sente un enjeu majeur quâil est nĂ©cessaire dâores et dĂ©jĂ de prendre en compte. Les efforts pour en Ă©tudier les impacts et envisager des adaptations devront se faire en concertation entre tous les acteurs des diffĂ©rentes filiĂšres concernĂ©es. La rĂ©flexion et lâaction devront ĂȘtre collectives et prendre en compte tous les Ă©lĂ©ments dĂ©terminants pour lâagriculture, y compris ceux relatifs Ă la protection des Ă©cosystĂšmes. Pour la rĂ©gion Aquitaine, il sâagira notamment de prĂ©server le potentiel agricole, en recherchant des solutions agronomiques qui conduisent Ă une rĂ©duction des besoins en eau dâirrigation. Il serait dĂ©terminant de mettre en place un observatoire du changement climatique et de ses effets agricoles en rĂ©gion Aquitaine. Une rĂ©flexion sĂ©rieuse sur les types dâagriculture adaptĂ©s et le lien production-commercialisation devra ĂȘtre conduite pour maintenir le tissu Ă©conomique. La question de lâirrigation devra ĂȘtre posĂ©e quel que soit le type de culture, et les choix devront ĂȘtre Ă©tablis en tenant compte des usages partagĂ©s de la ressource en eau, que ce soit entre les diffĂ©rents utilisateurs, mais aussi entre les diffĂ©rents dĂ©partements de la rĂ©gion Aquitaine. 59Certains secteurs comme les fruits et lĂ©gumes pourraient bĂ©nĂ©ficier de lâavancĂ©e des dates de rĂ©colte et amĂ©liorer ainsi leur compĂ©titivitĂ© vis-Ă -vis dâautres rĂ©gions françaises et europĂ©ennes. La viticulture dispose quant Ă elle dâun potentiel adaptatif important et devrait avoir comme objectif de maintenir, dans les nouvelles conditions climatiques, le haut niveau qualitatif qui est la marque du vignoble aquitain. Les procĂ©dures rĂ©glementaires devront prendre en compte les adaptations techniques nĂ©cessaires. Pour ces cultures, il existe une dynamique scientifique bien implantĂ©e dans la RĂ©gion, dont les objectifs prioritaires de recherche tiennent compte des impacts du changement climatique et des adaptations Ă mettre en Ćuvre. 60La question de lâadaptation de lâagriculture au changement climatique est par nature plurifactorielle et doit ĂȘtre abordĂ©e par des recherches pluridisciplinaires, allant des sciences physiques et biologiques aux sciences humaines et sociales. La question de lâadaptation de la Viticulture aquitaine au changement climatique devrait Ă ce titre, constituer une prioritĂ© exemplaire dans le sens servir dâexemple. Comme cette viticulture est principalement associĂ©e Ă la notion dâappellation dâorigine, la question des adaptations techniques doit ĂȘtre envisagĂ©e, conjointement Ă une rĂ©flexion sur les dispositions rĂ©glementaires, mais aussi sur le lien au terroir comme gage de qualitĂ© et de valorisation commerciale. La recherche bordelaise, au sein de lâISVV, sâest engagĂ©e dans cette direction, que ce soit au niveau rĂ©gional, quâau niveau national. Les forĂȘts 61Coordination Antoine Kremer 62RĂ©dacteurs Laurent Augusto, Vincent Banos, Alexandre Bosc, Yves Brunet, Antoine Collin, Emmanuel Corcket, Sylvain Delzon, Marie-Laure Desprez-Loustau, HervĂ© Jactel, Antoine Kremer, Denis Loustau, Jean-Jacques Malfait, CĂ©line Meredieu, Olivier Mora, Virginie Moreaux, Dominique Piou, Margot RĂ©golini, Pierre Trichet AprĂšs avoir rappelĂ© lâimportance Ă©cologique et Ă©conomique des forĂȘts en Aquitaine, ce chapitre fait une revue des effets dĂ©jĂ visibles des changements globaux sur les forĂȘts, des tendances futures et des mesures dâanticipation envisagĂ©es. Il est souvent difficile dâattribuer les effets observĂ©s aujourdâhui au seul changement climatique. LâaccĂ©lĂ©ration de la croissance de certaines essences, lâavancĂ©e de la date de dĂ©bourrement des arbres et leur migration sont les manifestations les plus tangibles des effets des changements environnementaux en cours. Ces tendances sont amenĂ©es Ă se renforcer, mĂȘme si lâĂ©volution de la productivitĂ© pourrait prĂ©senter des disparitĂ©s gĂ©ographiques fortes au cours des dĂ©cennies Ă venir. Le changement climatique augmentera lâexposition des forĂȘts Ă des risques phytosanitaires et physiques feux, sĂ©cheresse, Ă lâĂ©mergence de pathosystĂšmes nouveaux. Des politiques de gestion adaptative sont envisagĂ©es avec lâobjectif dâamĂ©liorer la rĂ©silience des peuplements forestiers, ou de renforcer les mĂ©canismes dâadaptation des espĂšces aux changements environnementaux. Les forĂȘts offrent Ă©galement des opportunitĂ©s dâattĂ©nuation des effets du changement climatique, qui rĂ©sident dans leur capacitĂ© de stockage du carbone in situ, dans les sols et la biomasse, et de substitution par les produits forestiers du carbone fossile utilisĂ© dans diffĂ©rents secteurs Ă©nergie, construction, etc.. Introduction 63Les forĂȘts dâAquitaine constituent une ressource Ă©conomique et Ă©cologique considĂ©rable, tant par la diversitĂ© des ressources biologiques quâelles renferment que par les services et produits quâelles fournissent. Elles couvrent globalement 1,8 million dâha, ce qui correspond Ă un taux de boisement de 43 % le taux moyen national de boisement est de 29 %. On distingue traditionnellement trois types de forĂȘts, rĂ©parties sur des zones Ă©cologiques contrastĂ©es Les forĂȘts des plateaux calcaires de Dordogne et du Lot-et-Garonne partiellement recouverts de placages acides 360 000 ha, principalement constituĂ©es de chĂȘne pĂ©donculĂ©, chĂȘne sessile, chĂątaignier et pin maritime. Les forĂȘts du bassin sĂ©dimentaire sableux des Landes de Gascogne triangle landais, 1,2 million dâha, constituĂ©es de pin maritime et de chĂȘne pĂ©donculĂ© et chĂȘne tauzin. Les forĂȘts de la zone Adour-PyrĂ©nĂ©es 277 000 ha regroupent trois ensembles majoritairement feuillus vallĂ©e de lâAdour, piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en, montagne pyrĂ©nĂ©enne et sont principalement composĂ©es de chĂȘne pĂ©donculĂ©, chĂątaignier, frĂȘne, aulne, robinier, Ă©rable, hĂȘtre et sapin. 64Leur situation Ă©cologique et gĂ©ographique particuliĂšre entre rĂ©gions mĂ©diterranĂ©enne et tempĂ©rĂ©e fait que nombre dâespĂšces forestiĂšres se retrouvent en limite dâaire de rĂ©partition mĂ©ridionale hĂȘtre, chĂȘne sessile ou septentrionale chĂȘne-liĂšge, chĂȘne tauzin, dont le maintien ou lâextension sera sans doute dĂ©pendant de leurs rĂ©ponses aux changements climatiques. 6 ZNIEFF Zone Naturelle dâIntĂ©rĂȘt Ăcologique, Faunistique et Floristique. 65La production de bois des forĂȘts est une composante majeure de lâĂ©conomie rĂ©gionale. La filiĂšre forĂȘt-bois en rĂ©gion Aquitaine regroupe 33 000 emplois salariĂ©s ce qui reprĂ©sente 10 % de lâemploi industriel dans la rĂ©gion. Outre la production de matĂ©riau bois orientĂ© vers des valorisations industrielles, les forĂȘts dâAquitaine jouent un rĂŽle important dans la protection des milieux fixation des dunes, des berges dans les ripisylves et des sols en montagne et la conservation de la diversitĂ© biologique dans les milieux naturels connexes principalement dans les zones humides, Ă©tangs, lacs cĂŽtiers, tourbiĂšres acides, lagunes⊠ou au sein de zones protĂ©gĂ©es zones Natura 2000, rĂ©serves biologiques, zones ZNIEFF6. Enfin elles constituent un Ă©lĂ©ment essentiel du cadre de vie des Aquitains en offrant de nombreuses activitĂ©s touristiques et rĂ©crĂ©atives. 66Les forĂȘts dâAquitaine ont connu de profondes mutations au cours du siĂšcle dernier. La plus spectaculaire est lâintensification de la sylviculture des peuplements de pin maritime. Dâautres moins connues concernent leur extension en surface et leur croissance accrue. Les trois types de forĂȘts ont doublĂ© en surface au cours du dernier siĂšcle. Au-delĂ de lâaugmentation de la productivitĂ© due notamment Ă lâamĂ©lioration des techniques culturales dans les Landes de Gascogne, la croissance des arbres a continuellement augmentĂ© depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle autant en altitude [1] quâen plaine [2], en rĂ©ponse aux changements environnementaux dĂ©pĂŽts azotĂ©s, accroissement de la teneur atmosphĂ©rique en CO2, Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature. Elles ont Ă©galement Ă©tĂ© sujettes Ă de profondes crises dĂ©mographiques suscitĂ©es par des Ă©vĂ©nements climatiques exceptionnels par leur intensitĂ© cf. infra. 67La prĂ©sente contribution constitue un Ă©tat de lieux des connaissances acquises Ă partir des observations faites au cours des toutes derniĂšres dĂ©cennies, sur les effets et consĂ©quences du changement climatique sur les forĂȘts dâAquitaine. Elle complĂšte utilement les constats et synthĂšses faites Ă dâautres Ă©chelles gĂ©ographiques depuis le niveau mondial [3] [4], le niveau europĂ©en [5] [6] [7] et le niveau national [8] [9] [10] [11] [12]. Elle se fixe Ă©galement pour objectif de considĂ©rer les impacts attendus et dâĂ©valuer les capacitĂ©s dâadaptation et dâattĂ©nuation des forĂȘts dâAquitaine. I- Changements et impacts observĂ©s A- PhĂ©nologie des arbres 68La phĂ©nologie est lâĂ©tude des variations des phĂ©nomĂšnes pĂ©riodiques de la vie vĂ©gĂ©tale et animale en relation avec le climat. Les Ă©vĂ©nements phĂ©nologiques sont des marqueurs du climat mais jouent Ă©galement un rĂŽle central dans lâadaptation des ĂȘtres vivants aux variations climatiques. Pour les arbres, ils conditionnent en grande partie les Ă©changes de carbone entre lâatmosphĂšre et la biosphĂšre terrestre et semblent jouer un rĂŽle sur les limites de rĂ©partition des espĂšces. Dans le contexte actuel de changement climatique, ces caractĂšres adaptatifs revĂȘtent donc une importance croissante dans de nombreux domaines de recherche fondamentale et appliquĂ©e. Câest pourquoi plusieurs Ă©tudes scientifiques, rĂ©seaux dâobservations, bases de donnĂ©es et programmes de recherches sur la phĂ©nologie ont vu le jour ces derniĂšres annĂ©es dans les unitĂ©s de recherche dâAquitaine. 69Les suivis phĂ©nologiques de la date de dĂ©bourrement des feuilles effectuĂ©s au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies montrent que toutes les espĂšces forestiĂšres Ă©tudiĂ©es en forĂȘt naturelle chĂȘne sessile, hĂȘtre commun, houx, Ă©rable sycomore, frĂȘne Ă©levĂ© et sapin commun ont avancĂ© leur date de dĂ©bourrement en rĂ©ponse au rĂ©chauffement du climat [13]. Toutefois, nous constatons que la sensibilitĂ© phĂ©nologique Ă la tempĂ©rature varie considĂ©rablement entre espĂšces les donnĂ©es montrent que le frĂȘne et le chĂȘne sont les espĂšces dont le dĂ©bourrement a Ă©tĂ© le plus avancĂ© au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies alors que le dĂ©bourrement du hĂȘtre nâa Ă©tĂ© affectĂ© que marginalement sur cette mĂȘme pĂ©riode Figure 1. Les rĂ©sultats montrent Ă©galement, pour toutes les espĂšces Ă©tudiĂ©es, un allongement de la saison de croissance diffĂ©rence entre la date de dĂ©bourrement et la date de chute des feuilles avec lâaugmentation de la tempĂ©rature moyenne annuelle. Toutefois, les diffĂ©rences de sensibilitĂ© Ă la tempĂ©rature de la phĂ©nologie printaniĂšre et automnale induisent des rĂ©ponses en termes de saison de croissance relativement contrastĂ©es entre les espĂšces. Le hĂȘtre et le frĂȘne sont les espĂšces dont la saison de croissance sâallonge le moins face Ă une augmentation de la tempĂ©rature respectivement 8 et 7 jours/°C alors que cet allongement est supĂ©rieur Ă 13 jours par degrĂ© pour le chĂȘne [13]. Par consĂ©quent, le changement climatique a et va avoir un impact important sur lâĂ©quilibre compĂ©titif des espĂšces vivant dans une mĂȘme communautĂ©. Figure 1 SensibilitĂ© phĂ©nologique du dĂ©bourrement date dâapparition des feuilles Ă la tempĂ©rature pour six espĂšces forestiĂšres Ă©tudiĂ©es dans le massif des PyrĂ©nĂ©es depuis 2005, le long de gradients altitudinaux. LâordonnĂ©e reprĂ©sente le jour du dĂ©bourrement en nombre de jours depuis le premier janvier et lâabscisse la tempĂ©rature moyenne annuelle au site dâobservation. Les tendances montrent que toutes les espĂšces avancent leur date de dĂ©bourrement avec lâaugmentation de la tempĂ©rature mais cette sensibilitĂ© varie significativement entre espĂšces Vitasse et al. [13]. La pente de la droite de rĂ©gression chiffre en rouge reprĂ©sente le dĂ©calage moyen de la date de dĂ©bourrement exprimĂ©e en nombre de jours par degrĂ© de rĂ©chauffement j °C -1 . B- Migration des espĂšces 70De nombreuses Ă©tudes basĂ©es sur de la modĂ©lisation prĂ©disent des migrations dâespĂšces vers des plus hautes latitudes et altitudes, notamment en Europe cf. infra et AmĂ©rique du Nord. Lâexemple le plus frappant en Aquitaine est sans doute celui du chĂȘne vert Q. ilex. La dynamique temporelle du chĂȘne vert a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e dans le MĂ©doc proche de la limite nord de son aire de rĂ©partition depuis 1880 grĂące Ă une Ă©tude historique des peuplements utilisation des sommiers de lâONF. En 1880, Q. ilex nâĂ©tait pas prĂ©sent sur les 4 036 ha de la forĂȘt domaniale de Hourtin voir Figure 2, carte du haut. Entre 1880 et 1916, le chĂȘne vert a colonisĂ© les dunes barkhanoĂŻdes par le Nord-est, probablement via la dispersion de glands issus de forĂȘts relictuelles dont il a Ă©tĂ© retrouvĂ© lâexistence Ă quelques kilomĂštres de la forĂȘt domaniale donnĂ©es non prĂ©sentĂ©es. Entre 1916 et 1991, Q. ilex a colonisĂ© de nouvelles parcelles vers le Sud et vers lâEst il disparaĂźt localement suite aux incendies de 1944 carte de 1953 et on peut observer lâaccĂ©lĂ©ration de son expansion Ă partir des annĂ©es 1950. En 2011, il est prĂ©sent dans lâintĂ©gralitĂ© des parcelles de la rĂ©serve naturelle dâHourtin et sa densitĂ© est extrĂȘmement Ă©levĂ©e dans les parcelles de hauts de dunes oĂč la nappe phrĂ©atique est trĂšs profonde. Cette colonisation relativement rapide a Ă©tĂ© confirmĂ©e dans trois autres forĂȘts littorales de la cĂŽte atlantique voir Ă©galement la forĂȘt dâOlonne sur Mer au nord de la forĂȘt dâHourtin, Figure 2, carte du bas. Les vitesses de migration de Q. ilex estimĂ©es Ă partir de ces cartes sont de 30 m par an et sont significativement infĂ©rieures Ă celles prĂ©dites par les modĂšles de niche bioclimatique cf. infra. Autrement dit, la vitesse de migration spontanĂ©e observĂ©e pour le chĂȘne vert est trop lente pour suivre lâĂ©volution supposĂ©e du climat. Figure 2 Distribution du chĂȘne vert dans deux forĂȘts domaniales au cours des 120 derniĂšres annĂ©es. Panneau supĂ©rieur cartes du parcellaire de la forĂȘt dâHourtin 87 parcelles soit 4 000 ha de 1880 Ă nos jours. La couleur verte indique la prĂ©sence du chĂȘne vert. Les dates correspondent aux annĂ©es de parution des plans dâamĂ©nagement. Le chiffre mentionnĂ© au-dessus des plans indique le nombre de parcelles prĂ©sentant du chĂȘne vert. Panneau infĂ©rieur cartes du parcellaire de la forĂȘt domaniale dâOlonne sur Mer Ă quelques dizaines de kilomĂštres au nord de la forĂȘt de Hourtin. La couleur verte indique la prĂ©sence de chĂȘne vert. Les dates correspondent aux annĂ©es de parution des plans dâamĂ©nagement. Ces donnĂ©es historiques mettent en Ă©vidence une colonisation trĂšs rapide du chĂȘne vert Ă la limite nord de son aire de distribution Urli 2013 [14]. C- Croissance 71Ă lâĂ©chelle mondiale, une tendance Ă lâaugmentation de la productivitĂ© a Ă©tĂ© observĂ©e pendant les deux derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle [15] [16] [17], sans que lâon puisse attribuer au seul changement climatique cette augmentation. En Aquitaine, lâanalyse des donnĂ©es dâinventaire forestier ainsi que les observations dendrochronologiques ont permis de mettre en Ă©vidence des modifications de croissance en forĂȘt de montagne hĂȘtre et en forĂȘt de plaine pin maritime. RemontĂ©e altitudinale de lâoptimum de croissance du hĂȘtre dans les PyrĂ©nĂ©es cf. chapitre 7 72Lâanalyse de la croissance des peuplements forestiers apparaĂźt comme un bon indicateur de lâimpact des changements environnementaux, car la croissance des arbres prĂ©sente une rĂ©ponse rapide aux variations environnementales [18]. Câest dans cet objectif que lâUMR BIOGECO a conduit une analyse dendrochronologique qui a mis en Ă©vidence une remontĂ©e altitudinale de lâoptimum de croissance du hĂȘtre dans les PyrĂ©nĂ©es entre 1970 et 2009. Le long de gradients altitudinaux situĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es françaises, lâoptimum de croissance de cette espĂšce, qui est ici dans sa limite sud dâaire de rĂ©partition, sâest dĂ©placĂ© Ă la vitesse de 34 m par dĂ©cennie passant de 420 m dâaltitude en 1970 Ă 550 m dâaltitude quatre dĂ©cennies plus tard. Cette remontĂ©e sâexplique dâune part par un dĂ©clin de croissance Ă basse altitude en dessous de 600 m et dâautre part par un gain de croissance au-dessus de 600 m au cours des quatre derniĂšres annĂ©es Figure 3. De plus, la comparaison des variations annuelles du climat et de la croissance a permis de constater que les faibles prĂ©cipitations tout comme les hautes tempĂ©ratures conduisent Ă un optimum de croissance plus Ă©levĂ© le long du gradient. Figure 3 Accroissement moyen du hĂȘtre en surface terriĂšre en cmÂČ sur les pĂ©riodes 1995-2009 et 1970-1984. La croissance des 15 derniĂšres annĂ©es prĂ©sente un dĂ©clin sensible en dessous de 600 m dâaltitude par rapport Ă celle de 1970-1984. Au-dessus de 600 m, la croissance des arbres a par contre augmentĂ© lors de la pĂ©riode rĂ©cente. Le dĂ©clin Ă basse altitude et le gain de croissance Ă haute altitude ont conduit Ă une remontĂ©e altitudinale de lâoptimum de croissance Paillette 2010 [19]. Ăvolution de la croissance des peuplements de pin maritime 73En France, depuis de nombreuses annĂ©es lâInstitut national de lâinformation gĂ©ographique et forestiĂšre IGN mesure, sur des placettes dâinventaire rĂ©parties sur tout le territoire, des accroissements radiaux sous Ă©corce par sondage dâarbres. En Aquitaine, si on regarde les inventaires du XXe siĂšcle pour une des essences emblĂ©matiques du massif landais, le pin maritime, on constate une augmentation de sa productivitĂ© en Gironde, pour les futaies rĂ©guliĂšres, moyenne de 10,1 m3/ha/an en 1999 contre 7,2 m3/ha/an en 1977 [source IFN]. Mais dans le mĂȘme temps, le massif subissait de nombreuses Ă©volutions en trois pĂ©riodes successives abandon progressif de la sylviculture du gemmage aprĂšs la seconde guerre mondiale, gĂ©nĂ©ralisation du drainage, de la prĂ©paration du sol, du semis en ligne et de la fertilisation phosphatĂ©e Ă partir des annĂ©es 1960 et enfin, depuis les annĂ©es 1990, utilisation de matĂ©riel vĂ©gĂ©tal amĂ©liorĂ© pour 50 % des surfaces reboisĂ©es [20] et aujourdâhui Ă plus de 90 %. 74La productivitĂ© en volume comme en surface terriĂšre varie en fonction des facteurs de lâenvironnement mais Ă©galement au cours de la vie dâun peuplement en fonction de son Ăąge, atteignant plus ou moins rapidement une valeur maximale puis dĂ©clinant au-delĂ . Lâamplitude et la rapiditĂ© des variations dĂ©pendent notamment de lâessence et de la fertilitĂ©. Pour une essence comme le pin maritime traitĂ©e principalement en futaie rĂ©guliĂšre il est plus facile dâexaminer lâĂ©volution de sa productivitĂ© en fonction de lâĂąge. Cela a Ă©tĂ© fait dans deux dĂ©partements de lâAquitaine oĂč cette essence est prĂ©sente sur de grandes surfaces environ 800 000 ha et pour lesquels les trois derniers inventaires dĂ©partementaux ont Ă©tĂ© concomitants Gironde et Landes en 1978, en 1988 et en 1999 [21]. 75On observe trĂšs nettement une augmentation de la surface terriĂšre des arbres sur pied liĂ©e au changement de sylviculture faible densitĂ© nĂ©cessaire au gemmage, au contraire dâune forte densitĂ© nĂ©cessaire Ă la production de bois Figure 4. Figure 4 Surface terriĂšre et accroissement en surface terriĂšre par classe dâĂąge pour les trois derniers inventaires dĂ©partementaux de la Gironde et des Landes peuplements de pin maritime traitĂ©s en futaie rĂ©guliĂšre, Pignard [21]. 76Enfin, les variations observĂ©es en terme dâaccroissement en surface terriĂšre par classe dâĂąge sont particuliĂšrement importantes elles peuvent certainement ĂȘtre attribuĂ©es en grande partie Ă lâintensification des pratiques sylvicoles dans ce massif. En 1999, un peu moins de 10 % du massif est composĂ© de matĂ©riel amĂ©liorĂ©, ce qui nâest pas de nature Ă impacter prioritairement la productivitĂ© du massif Raffin, Communication personnelle. Une part de cet accroissement pourrait ĂȘtre liĂ©e au changement climatique. Ainsi, les Ă©tudes par modĂ©lisation [22], qui ne prennent en compte que les ressources du milieu composantes climatiques et pĂ©dologiques sans tenir compte des modifications de gestion, nous indiquent elles aussi une augmentation de la productivitĂ© dans le Sud-Ouest pour cette mĂȘme pĂ©riode derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle. Pour le pin maritime dans les Landes de Gascogne les mesures sur les placettes de lâIGN permettent aussi de constater une augmentation de la productivitĂ© qui, comparĂ©e Ă toutes les autres essences en France, est la plus forte variation annuelle de productivitĂ© de + 2 % Ă comparer Ă 1,58 % pour lâensemble des rĂ©sineux en France et Ă 0,46 % pour les feuillus [21]. Lâexamen des accroissements pour le dĂ©but du XXIe siĂšcle est plus dĂ©licat Ă mener en raison des deux tempĂȘtes qui ont traversĂ© lâAquitaine et qui ont Ă la fois modifiĂ© lâĂ©quilibre des classes dâĂąge en surfaces mais aussi la structure des peuplements restant sur pied peuplements mitĂ©s. Cette Ă©tude reste donc Ă faire pour confirmer la poursuite de lâaugmentation ou le dĂ©clin de productivitĂ©, parfois temporaire, constatĂ© sur certaines espĂšces [23]. D- MortalitĂ©s observĂ©es au cours des derniĂšres dĂ©cennies 77Les grands froids de 1956 et de 1985 et Ă un degrĂ© moindre ceux de 1962-1963, ont provoquĂ© des mortalitĂ©s importantes dans les peuplements de pin maritime, notamment parmi les plus jeunes et qui avaient Ă©tĂ© plantĂ©s Ă partir dâorigines portugaises [24]. Ă la suite de ceux de 1985 -22 °C, on estime que 30 000 Ă 50 000 hectares ont Ă©tĂ© dĂ©truits ou sĂ©vĂšrement atteints. 78Ă la suite de la sĂ©cheresse de 1976 et dâune succession dâannĂ©es dĂ©ficitaires sur le plan hydrique, des dĂ©pĂ©rissements importants de chĂȘne pĂ©donculĂ© sont apparus, essentiellement en PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques ; prĂšs de 10 000 ha ont Ă©tĂ© plus ou moins affectĂ©s [25]. AprĂšs quelques annĂ©es dâaccalmie, les chĂȘnaies du sud de lâAquitaine ont de nouveau subi des dĂ©pĂ©rissements dans les annĂ©es 1989-1992 [26]. Ă chaque Ă©pisode, les causes Ă©taient multifactorielles, incluant des facteurs prĂ©disposants faible rĂ©tention en eau et pauvretĂ© chimique des sols, des facteurs dĂ©clenchants sĂ©cheresses successives associĂ©es Ă des attaques de parasites foliaires insectes dĂ©foliateurs, oĂŻdium et des facteurs aggravants pourridiĂ©s racinaires. 79MalgrĂ© sa relative rĂ©sistance Ă la sĂ©cheresse, plus de 10 000 hectares de pins maritimes dĂ©pĂ©rissants ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans le massif landais en 1990-1991 du fait de la conjonction de plusieurs annĂ©es de sĂ©cheresse estivale et de fortes dĂ©foliations de la processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa [27]. Ces mortalitĂ©s sont en partie imputables aux insectes sous corticaux scolytes, qui se sont prĂ©fĂ©rentiellement attaquĂ©s aux arbres affaiblis tout comme en 1956, lorsque de grands froids ont succĂ©dĂ© Ă des dĂ©foliations par la processionnaire du pin [28]. 80Curieusement, la sĂ©cheresse et la canicule de 2003 nâont pas provoquĂ© en Aquitaine de dĂ©pĂ©rissements importants [29], mis Ă part des mortalitĂ©s plus frĂ©quentes dans les chĂątaigneraies de Dordogne dĂ©jĂ attaquĂ©es par la maladie de lâencre. 81Les grands vents et les chablis quâils occasionnent ne sont pas des phĂ©nomĂšnes nouveaux mais les violentes tempĂȘtes de 1999 et 2009 ont provoquĂ© des chablis dâune ampleur sans prĂ©cĂ©dent en Aquitaine respectivement 29 et 42 millions de m3 de pin maritime. Les scolytes des pins surtout Ips sexdentatus se sont dans un premier temps multipliĂ©s abondamment sur les arbres au sol ou sur les grumes stockĂ©es en bord de route puis se sont reportĂ©s en masse sur des arbres verts Ă©pargnĂ©s par les tempĂȘtes, engendrant une perte supplĂ©mentaire dâenviron 10 Ă 15 % du volume de chablis. E- BiodiversitĂ© assemblages et composition des communautĂ©s 82Au niveau français, le RĂ©seau National de suivi des ĂcosystĂšmes Forestiers RENECOFOR permet de disposer de 15 ans de suivis floristiques depuis 1992-1995 [30]. Au niveau quantitatif, la richesse floristique augmente dans les forĂȘts françaises Ă lâĂ©chelle de la dĂ©cennie [30] [31]. De telles augmentations sont Ă©galement visibles Ă lâĂ©chelle de 70-90 ans dans des Ă©cosystĂšmes herbacĂ©s, mais cette augmentation tend Ă sâannuler Ă trĂšs haute altitude [32]. Les mĂ©canismes invoquĂ©s pour expliquer cette augmentation sont divers principalement le rĂ©chauffement climatique et les dĂ©pĂŽts azotĂ©s atmosphĂ©riques. 83Au niveau qualitatif, la composition forestiĂšre Ă lâĂ©chelle française est globalement peu affectĂ©e entre 1995 et 2005. Cette stabilitĂ© nâest quâapparente et masque une trĂšs grande variabilitĂ© de dynamique en fonction des types de forĂȘts considĂ©rĂ©es [30]. Les pinĂšdes maritimes ocĂ©aniques sur sable font partie des peuplements forestiers qui ont montrĂ© la plus forte dynamique floristique entre 1995 et 2005. Les variations floristiques dĂ©tectĂ©es sont bien corrĂ©lĂ©es avec la forte diminution du nombre de tiges sur ces placettes, directement liĂ©e Ă la tempĂȘte Martin de dĂ©cembre 1999 [33]. Les tempĂȘtes seraient ainsi la premiĂšre cause de variation de vĂ©gĂ©tation forestiĂšre Ă lâĂ©chelle de la dĂ©cennie dĂ©tectable par le rĂ©seau RENECOFOR. Des analyses plus approfondies sont nĂ©cessaires pour identifier les autres facteurs qui interviennent pour expliquer la dynamique observĂ©e dans ces groupements forestiers. 84Des Ă©pisodes de canicule/sĂ©cheresse tels que ceux connus en 2003 engendrent une diminution de richesse vĂ©gĂ©tale, mais la rĂ©silience des communautĂ©s forestiĂšres leur permet de retrouver leur niveau initial de richesse dĂšs 2004 [30]. Les sĂ©cheresses favorisent en outre les Ă©pidĂ©mies de ravageurs, parasites ou maladies [34] affectant les essences forestiĂšres. Bien que les donnĂ©es manquent en ce qui concerne le moyen et long terme, on peut sâattendre Ă une augmentation de la biodiversitĂ© des sous-bois provoquĂ©e par la mortalitĂ© des arbres. En outre, lâaugmentation de bois mort dans les forĂȘts serait un facteur de diversitĂ© animale [35]. 85Il apparaĂźt, outre ces grandes tendances, que les variations de biodiversitĂ© dĂ©pendent sensiblement du type de forĂȘts Ă©tudiĂ©es. En Aquitaine, les pinĂšdes maritimes landaises ne se comportent pas de la mĂȘme façon que les chĂȘnaies pĂ©donculĂ©es de Chalosse ou les hĂȘtraies du piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en. Si des analyses supplĂ©mentaires doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es sur les donnĂ©es dĂ©jĂ disponibles, le dĂ©fi pour lâavenir consiste Ă complĂ©ter le dispositif de suivi des Ă©cosystĂšmes forestiers qui ne reprĂ©sente que trĂšs partiellement les forĂȘts aquitaines, et surtout trouver des moyens pour assurer sa pĂ©rennitĂ©. F- Maladies et ravageurs Ăvolutions et fluctuations 86La base de donnĂ©es du DĂ©partement de la SantĂ© des forĂȘts DSF permet dâavoir une bonne estimation des principaux problĂšmes sanitaires que les forĂȘts dâAquitaine ont connus entre 1989 et 2011. Mise Ă part une punaise Leptoglossus occidentalis sâattaquant aux graines de pin, rĂ©cemment dĂ©couverte, le cortĂšge dâinsectes ravageurs des forĂȘts dâAquitaine est composĂ© trĂšs majoritairement dâespĂšces autochtones dont les niveaux de populations et de dĂ©gĂąts fluctuent cycliquement, comme la processionnaire du pin, ou en fonction de lâaffaiblissement des peuplements comme les scolytes. De façon diffĂ©rente, le cortĂšge de pathogĂšnes est en partie dominĂ© par des champignons non indigĂšnes introduits depuis plus ou moins longtemps en Europe, comme lâoĂŻdium des chĂȘnes, Phytophthora cinnamomi, Dothistroma septosporum [36] [37]. 87Sur peuplier, on observe depuis 1995 lâapparition de dĂ©gĂąts importants causĂ©s par le puceron lanigĂšre Phloeomyzus passerinii alors que cet insecte, connu en France depuis 1939, ne causait pas de dĂ©gĂąts jusquâalors [38]. ParallĂšlement, les dĂ©gĂąts dâinsectes xylophages des pousses et des branches semblent avoir diminuĂ© depuis 2000, tandis que les attaques de rouilles foliaires Melampsora larici-populina ont connu un pic dans les annĂ©es 2000-2005. 88Sur chĂȘne, les signalements de dĂ©foliateurs semblent nettement moins frĂ©quents depuis la fin des annĂ©es 1990, par rapport Ă la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente, sauf peut-ĂȘtre dans le nord de la RĂ©gion, mais les signalements dâoĂŻdium Erysiphe spp ont Ă©tĂ© frĂ©quents certaines annĂ©es. 89Dans le massif landais, on observe une extension marquĂ©e et continue des mortalitĂ©s de pin liĂ©es au fomĂšs Heterobasidion annosum et Ă lâarmillaire Armillaria ostoyae, tandis que les dĂ©gĂąts de pyrale des troncs Dioryctria sylvestrella demeurent Ă un niveau Ă©levĂ© 90Sur pin laricio, lâapparition de dĂ©gĂąts Ă partir des annĂ©es 1990 dus Ă la maladie des bandes rouges Dothistroma septopsorum et D. pini et Ă Sphaeropsis sapinea ont fortement limitĂ© lâusage de cette essence dans lâensemble du Sud-Ouest. Ces deux pathogĂšnes ne causaient jusquâalors que trĂšs peu de dĂ©gĂąts. 91Dâautres maladies parasitaires introduites, comme les maladies de lâencre du chĂątaignier et du chĂȘne rouge Phytophthora cinnamomi, ou le chancre du chĂątaignier Cryphonectria parasitica continuent de reprĂ©senter des contraintes fortes, limitant lâusage de ces essences. La part du changement climatique 92Plusieurs hypothĂšses sont avancĂ©es pour expliquer lâĂ©mergence de nouveaux parasites ou lâaugmentation des dĂ©gĂąts de parasites connus le changement climatique bien sĂ»r mais aussi, lâĂ©volution des pratiques sylvicoles. 93Dans un certain nombre de cas, les Ă©volutions mentionnĂ©es ci-dessus pourraient sâexpliquer principalement par un effet du rĂ©chauffement climatique. Ainsi, Dothistroma pini et surtout Sphaeropsis sapinea et Phytophthora cinnamomi sont des parasites plutĂŽt thermophiles ; les annĂ©es rĂ©centes plus chaudes ont donc probablement favorisĂ© leur dĂ©veloppement [39] [40]. Dans le cas de lâoĂŻdium des chĂȘnes, une relation positive est observĂ©e entre tempĂ©ratures hivernales et sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie, mais les mĂ©canismes biologiques sous-jacents restent Ă caractĂ©riser [41] [42]. Lâeffet positif de lâaugmentation des tempĂ©ratures sur le dĂ©veloppement des insectes est connu. Les tempĂ©ratures Ă©levĂ©es de lâautomne 2009 ont ainsi accĂ©lĂ©rĂ© le cycle de dĂ©veloppement de la processionnaire du pin dont une partie de la population sâest nymphosĂ©e dĂšs lâautomne sans tisser de nids dâhiver. 94Pour dâautres Ă©volutions parasitaires rapportĂ©es ci-dessus, la part du changement climatique est plus difficile Ă isoler des autres facteurs. Dans le cas du puceron lanigĂšre du peuplier, le rĂ©chauffement climatique mais aussi la composition en clones sensibles des peupleraies, auraient contribuĂ© Ă lâĂ©mergence des pullulations [43]. 95De façon gĂ©nĂ©rale, la disponibilitĂ© en hĂŽtes sensibles est un facteur majeur de dĂ©veloppement des maladies. Lâaugmentation des surfaces en Pin laricio est un facteur probablement important dâexplosion des cas de Dothistroma et de Sphaeropsis le pin laricio y Ă©tant particuliĂšrement sensible [40]. Lâaugmentation des surfaces de peupleraies en clones sensibles BeauprĂ© et autres cultivars euramĂ©ricains est un des facteurs explicatifs des attaques de rouilles Ă Melampsora [44]. 96Dans le cas du pin maritime, lâexistence dâun massif largement monospĂ©cifique est un facteur de risque pour le dĂ©veloppement des Ă©pidĂ©mies et pullulations, liĂ©es aux parasites dĂ©jĂ prĂ©sents ou qui pourraient ĂȘtre introduits [45]. Les principaux parasites pourridiĂ©s, rouille courbeuse, pyrale du tronc sont dâautre part trĂšs influencĂ©s par les pratiques de sylviculture intensive [46] [47] [48]. II- Tendances attendues et incertitudes 97Les observations des Ă©volutions rĂ©centes aident Ă formuler des prĂ©dictions futures. On peut donc raisonnablement sâattendre Ă ce que les tendances graduelles, dĂ©crites dans le paragraphe prĂ©cĂ©dent en matiĂšre de croissance, phĂ©nologie, migration continuent Ă lâavenir. Ces jugements qualitatifs sont dâautant plus pertinents quand ils sâappuient sur des observations rĂ©pĂ©tĂ©es et portant sur de longues pĂ©riodes. Les prĂ©dictions plus prĂ©cises sâappuient aujourdâhui sur des modĂšles dĂ©terministes des effets de changements climatiques, forcĂ©s par les scĂ©narios climatiques et environnementaux Ă©voquĂ©s dans les premiers chapitres de cet ouvrage. De tels travaux portent surtout sur les bilans en biomasse, carbone et eau des Ă©cosystĂšmes. A- Aires de distribution et enveloppes bioclimatiques 98Les observations faites au cours des derniĂšres dĂ©cennies ont clairement fait apparaĂźtre des migrations par dispersion naturelle, du chĂȘne vert depuis lâocĂ©an atlantique vers lâintĂ©rieur des terres cf. supra. La question des modifications dâaires de rĂ©partition expansion, translation gĂ©ographique, ou rĂ©traction se pose donc de maniĂšre gĂ©nĂ©rale pour lâensemble des espĂšces prĂ©sentes en Aquitaine. Ces questions ont Ă©tĂ© abordĂ©es par simulation en cherchant Ă prĂ©dire les aires de rĂ©partition Ă©quivalentes Ă celles dâaujourdâhui dans le nouveau contexte environnemental gĂ©nĂ©rĂ© par les changements climatiques. Ces aires de rĂ©partition Ă©quivalentes sont indiffĂ©remment appelĂ©es niches » ou enveloppes bioclimatiques » et le qualificatif Ă©quivalent » signifie invariance des corrĂ©lations entre prĂ©sence dâune espĂšce et conditions climatiques actuelles ». Figure 5 Enveloppes bioclimatiques des groupes chorologiques en France. En orange, le groupe Aquitain pin maritime, chĂȘne tauzin⊠et en rouge le groupe mĂ©diterranĂ©en pins et chĂȘnes mĂ©diterranĂ©ens. La Figure de gauche correspond aux enveloppes actuelles et celle de droite aux enveloppes en 2100 Badeau et al. [49], avec permission de lâĂ©diteur. 99Une premiĂšre gĂ©nĂ©ration de cartes a Ă©tĂ© produite par [49], utilisant les prĂ©dictions climatiques ARPEGE [50] et basĂ©e sur le scĂ©nario B2 du GIEC ce qui correspond Ă une augmentation de tempĂ©rature de lâordre de 2 °C Ă la fin du siĂšcle. Ces cartes ont Ă©tĂ© produites pour des espĂšces individuelles, et pour des groupes chorologiques correspondant Ă des groupes dâespĂšces qui partagent les mĂȘmes affinitĂ©s climatiques Figure 5. Les auteurs ont ainsi dĂ©fini 7 groupes chorologiques dont lâun dâentre eux correspondait Ă un groupe aquitain pin maritime, chĂȘne tauzinâŠ. Les projections Ă lâhorizon 2100 montrent que le groupe aquitain aurait tendance Ă sâĂ©tendre expansion sans translation jusquâĂ la Champagne et la vallĂ©e de la SaĂŽne. LâAquitaine elle-mĂȘme serait progressivement colonisĂ©e vers 2100 sur sa façade orientale Lot, Garonne, Dordogne par le groupe chorologique mĂ©diterranĂ©en chĂȘnes et pins mĂ©diterranĂ©ens.. Ces projections sont confirmĂ©es sur les cartes prĂ©dites pour des espĂšces considĂ©rĂ©es individuellement. Lâenveloppe bioclimatique du pin maritime et du chĂȘne vert pourrait couvrir tout lâOuest de la France Ă lâexception de la Normandie et du Massif Central en 2100. 100Une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de cartes compare les prĂ©dictions basĂ©es sur des modĂšles de niches Ă©quivalente Ă lâapproche prĂ©cĂ©dente, modĂšle BIOMOD, N-NBM avec des modĂšles basĂ©s sur des processus fonctionnels. Ces modĂšles corrĂšlent la prĂ©sence dâune espĂšce soit Ă la phĂ©nologie, reproduction, rĂ©sistance au stress modĂšle PHENOFIT, soit Ă la croissance modĂšle STASH, soit au mĂ©tabolisme du carbone, de lâeau modĂšle CASTANEA, soit au mĂ©tabolisme du carbone, de lâeau et Ă la dynamique vĂ©gĂ©tale modĂšles LPJ, IBIS et ORCHIDEE. Ces projections se placent dans le scĂ©nario A1B du GIEC [51]. Ces nouvelles cartes confirment les tendances observĂ©es prĂ©cĂ©demment Figure 6, Ă savoir un retrait des espĂšces feuillues tempĂ©rĂ©es chĂȘnes pĂ©donculĂ© et sessile, hĂȘtre, et une progression des espĂšces Ă tempĂ©rament mĂ©diterranĂ©en chĂȘne vert, pin maritime. Ces modĂšles ne peuvent, pour lâinstant, que suggĂ©rer des tendances, en attendant une intĂ©gration plus complĂšte des diffĂ©rents processus non seulement fonctionnels, dĂ©mographiques, mais Ă©galement Ă©cologiques et Ă©volutifs qui contribuent Ă lâaire de distribution des espĂšces. Figure 6 Enveloppes bioclimatiques prĂ©dites Ă lâhorizon 2055 par diffĂ©rents modĂšles pour le chĂȘne pĂ©donculĂ© et le chĂȘne vert. Les aires marquĂ©es en rouge correspondent Ă des surfaces perdues, en vert Ă la partie de lâaire actuelle maintenue, et en bleu aux surfaces devenues propices Ă lâespĂšce Cheaib et al. [51], avec permission de lâĂ©diteur. Figure 7 SchĂ©ma des processus biophysiques considĂ©rĂ©s dans le modĂšle Go+ Moreaux [55]. B- Fonctionnement des Ă©cosystĂšmes ProductivitĂ© Ă lâĂ©chelle rĂ©gionale 101La prĂ©diction des impacts environnementaux sur les Ă©cosystĂšmes forestiers procĂšde dâune approche de modĂ©lisation mĂ©caniste. Elle reprĂ©sente les processus dâassimilation et de transformation dâĂ©nergie rayonnement, chaleur, vent et de masse et leur sensibilitĂ© aux facteurs de lâenvironnement et parmi ceux-ci les facteurs climatiques tempĂ©rature, prĂ©cipitations, humiditĂ© de lâair, vent, rayonnement solaire et de grande longueur dâonde [52] [53]. Certains comme le modĂšle Go+ de lâInra Figure 7 prennent en compte la structure du couvert en trois dimensions, les effets des travaux sylvicoles et peuvent couvrir une rotation forestiĂšre entiĂšre avec une rĂ©solution temporelle demi-horaire [54] [55]. 102Les premiĂšres rĂ©gionalisations de scĂ©narios climatiques produites par MĂ©tĂ©o-France Ă partir du modĂšle ARPEGE ont permis dĂšs 2002 dâaffiner la rĂ©solution spatiale de ces analyses Ă 50x50 km pour le scĂ©nario SRES B2 [12] [56] [57] [58] [59]. Dâautres scĂ©narios SRES A2 ont Ă©tĂ© analysĂ©s depuis [60] et ces recherches se poursuivent Ă travers plusieurs projets financĂ©s par les programmes GICC MEED et GIP-Ecofor MAAP projet FAST, la rĂ©gion Aquitaine projet FAST-A, lâANR projet ORACLE ou la commission europĂ©enne GHG-Europe pour nâen citer que quelques-uns. Les dĂ©veloppements actuels visent Ă analyser des scĂ©narios complets environnements abiotique et biotique, sylviculture, Ă©conomie et intĂ©grĂ©s nouveaux scĂ©narios du GIEC. 103On peut ainsi rĂ©sumer lâĂ©tat actuel des connaissances issues de ces projets. 104- En zone tempĂ©rĂ©e, plus de 10, 20 et 40 % de la surface des forĂȘts feuillues, conifĂšres et mixtes respectivement serait vulnĂ©rable au changement climatique en cours. Ces prĂ©dictions suscitent des interrogations sur les rĂ©ponses des forĂȘts Ă ces sollicitations [61] et sur leurs capacitĂ©s dâadaptation [62] cf. infra. Figure 8 Ăvolution entre 1960 et 2080 de la productivitĂ© primaire brute GPP, gC. M-2. An-1, du bilan net de CO2 de lâĂ©cosystĂšme NEE, gC. M-2. N-1, de lâaccroissement annuel en bois MAI, m 3 tige ha-1. An-1 et du stock de carbone dans la biomasse W, tC ha-1, moyennĂ©s sur toute la rotation pour trois scĂ©narios sylvicoles rotation de 25, 45 et 92 ans de plantations de pin maritime sur quatre sites du Sud-Ouest de la France. Les prĂ©dictions ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es pour des sites fertiles teneur foliaire en azote= gN. 100 g dm-1 dans les aiguilles, rĂ©serve utile en eau du sol = 150 mm par le modĂšle GO+, sous le scĂ©nario climatique B2 Ciais et al. 2010 [64]. Les impacts du changement climatique prĂ©sentent de fortes disparitĂ©s rĂ©gionales Figure 8, [63]. Les simulations opĂ©rĂ©es par les diffĂ©rents modĂšles de niche [49] ou de fonctionnement [58] [60] et utilisant plusieurs schĂ©mas de rĂ©gionalisation du climat produisent des rĂ©sultats concordants et cohĂ©rents. Lâinteraction entre gestion et climat varie suivant les itinĂ©raires de sylviculture, et lâintensification de la sylviculture de production de conifĂšres dans le sud amplifie les effets climatiques, quâils soient positifs ou nĂ©gatifs 9. Enfin, lâeffet du climat est amplifiĂ© dans les stations les plus productives [58]. 105Il faut aussi replacer ces analyses dans le contexte rĂ©cent montrant, par exemple, que lâĂ©volution du bilan de masse des glaciers continentaux mission GRACE et les Ă©missions de carbone depuis le permafrost CO2 et CH4, [65] amĂšnent Ă considĂ©rer des hypothĂšses dĂ©passant systĂ©matiquement les scĂ©narios envisagĂ©s jusquâici. Le risque de disparition de surfaces forestiĂšres significatives dans les annĂ©es Ă venir dans le sud de lâEurope est aujourdâhui avĂ©rĂ©. Cycles biogĂ©ochimiques 106Les Ă©lĂ©ments minĂ©raux peuvent changer de compartiment dans un Ă©cosystĂšme, voire le quitter pour un autre. Ă lâinverse, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux peuvent revenir Ă leur compartiment, ou Ă©cosystĂšme, de dĂ©part pour ensuite prendre de nouveau un mĂȘme cheminement. Câest la notion de cycle. Ces flux de matiĂšres se font via des processus biologiques, physiques ou chimiques. On parle alors de cycles biogĂ©ochimiques. 107Les cycles biogĂ©ochimiques sont apprĂ©hendables Ă plusieurs Ă©chelles Figure 9 Cycle biochimique Ă lâĂ©chelle de la plante, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux, et notamment les nutriments, sont frĂ©quemment remobilisĂ©s afin de permettre une optimisation de leur utilisation ex. mise en rĂ©serve dâune partie des nutriments dâune aiguille avant sa chute. Cycle biologique Ă lâĂ©chelle de lâĂ©cosystĂšme, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux sont prĂ©levĂ©s par les vĂ©gĂ©taux, puis reviennent au sol essentiellement par le biais de nĂ©cromasse. Ils sont alors plus ou moins vite rĂ©absorbĂ©s aprĂšs minĂ©ralisation de la matiĂšre organique. Cycle gĂ©ochimique Ă lâĂ©chelle de la rĂ©gion, voire plus, les Ă©lĂ©ments minĂ©raux peuvent quitter ou arriver dans des Ă©cosystĂšmes. La plupart des flux en jeu sont dâordre physico-chimiques comme les dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques ou les fuites des sols vers les cours dâeau mais pas tous ex. fixation symbiotique de lâazote. Figure 9 Les cycles biogĂ©ochimiques dans les Ă©cosystĂšmes forestiers. 108Le fonctionnement biogĂ©ochimique des Ă©cosystĂšmes forestiers aquitains est Ă©tudiĂ© de maniĂšre intensive depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000. Il nâexiste donc pas de recul suffisant pour mettre en Ă©vidence une Ă©volution des cycles biogĂ©ochimiques sous lâeffet des changements climatiques. Il est toutefois dâores et dĂ©jĂ possible dâidentifier les processus susceptibles dâĂȘtre impactĂ©s. 109Ainsi, la hausse attendue des tempĂ©ratures devrait accĂ©lĂ©rer lâensemble des processus biologiques et le cycle biologique en particulier. Câest notamment le cas de la dĂ©composition des nĂ©cromasses forestiĂšres litiĂšres, branches, racines, rĂ©sidus de rĂ©colte qui devrait ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ© sous lâeffet du rĂ©chauffement et ainsi contribuer au dĂ©stockage de carbone dans les sols. Toutefois, la production de biomasse Ă©tant Ă©galement susceptible dâĂȘtre stimulĂ©e par lâeffet de la tempĂ©rature, lâeffet de ce changement pourrait ĂȘtre neutre sur les stocks de carbone [66]. Y compris dans ce dernier cas de figure, le recyclage des nutriments associĂ©s aux matiĂšres organiques azote et, dans une moindre mesure, phosphore devrait ĂȘtre plus rapide. 110Une modification du rĂ©gime des prĂ©cipitations est le second changement climatique majeur attendu Ă©tĂ© plus sec et hiver plus humide. Lâaugmentation des sĂ©cheresses estivales devrait perturber les cycles biologiques alors que des hivers plus pluvieux entraĂźnement probablement des pertes de nutriments azote, potassium etc. vers les eaux de surface par lixiviation. 111Parmi les changements non climatiques causĂ©s par les activitĂ©s humaines, lâaugmentation des dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques dâazote minĂ©rale est un phĂ©nomĂšne qui touche la grande majoritĂ© des Ă©cosystĂšmes forestiers, y compris dans les rĂ©gions Ă©loignĂ©es des sources de pollution [67]. Ces dĂ©pĂŽts dâazote tendent Ă stimuler la croissance des arbres, Ă condition que celle-ci ne soit pas limitĂ©e par dâautres contraintes nutritionnelles [68]. 112Enfin, dans le cadre des politiques dâattĂ©nuation du changement climatique, on assiste Ă des conversions importantes dâĂ©cosystĂšmes forestiers peu anthropisĂ©s vers des systĂšmes de production intensive ex. plantations industrielles, taillis Ă trĂšs courte rotation, cf. infra. Ces changements sâaccompagnent gĂ©nĂ©ralement de substitutions dâessences et dâune augmentation des pertes en nutriments, notamment via les rĂ©coltes de biomasse. C- RĂ©troactions forĂȘts-climat 113On sait que le climat influence la rĂ©partition spatiale de la vĂ©gĂ©tation Ă la surface de la terre cf. supra. Ă lâinverse, on a pu montrer que la vĂ©gĂ©tation, par un ensemble de mĂ©canismes de rĂ©troaction, pouvait agir sur le climat [69]. Le massif forestier des Landes de Gascogne environ 104 kmÂČ est de taille suffisante pour que se manifestent des effets de rĂ©troaction qui pourraient se traduire par une diminution locale des prĂ©cipitations en cas de rĂ©duction des surfaces boisĂ©es. Toutefois, du fait de la position de la rĂ©gion Aquitaine en façade ouest du continent, la contribution de lâĂ©vaporation locale aux prĂ©cipitations est vraisemblablement modĂ©rĂ©e et lâeffet de rĂ©troaction devrait rester limitĂ©. 114Un facteur Ă considĂ©rer en forĂȘt landaise est son Ă©mission importante de composĂ©s organiques volatils terpĂ©noĂŻdes. Ces derniers en effet peuvent induire la formation dâaĂ©rosols, qui peuvent accroĂźtre la couverture nuageuse en augmentant la quantitĂ© de noyaux de condensation [70]. En rĂ©alitĂ©, il faut considĂ©rer lâensemble des facteurs en jeu â albĂ©do, Ă©vaporation, cycle du carbone, etc. â et selon lâimportance relative des processus couplĂ©s, les interactions forĂȘt-atmosphĂšre vont conduire Ă des situations dâĂ©quilibre diffĂ©rentes. Si par exemple une augmentation de surface forestiĂšre dans une rĂ©gion donnĂ©e entraĂźne une plus grande sĂ©questration de carbone, la diminution de lâalbĂ©do qui rĂ©sulte de ce changement dâoccupation des terres est de nature Ă entraĂźner un rĂ©chauffement de lâatmosphĂšre, qui peut ĂȘtre lui-mĂȘme attĂ©nuĂ© par un refroidissement liĂ© Ă une plus grande Ă©vaporation. Ainsi, malgrĂ© le rejet de CO2 occasionnĂ© par la dĂ©forestation, les changements dâusage des sols europĂ©ens et nord-amĂ©ricains sur les 150 derniĂšres annĂ©es semblent avoir conduit Ă un refroidissement net de lâhĂ©misphĂšre Nord [71]. Une analyse gĂ©nĂ©rale des mĂ©canismes de rĂ©troactions entre forĂȘts et climat, prenant en compte les diffĂ©rences entre forĂȘts tropicales, borĂ©ales et tempĂ©rĂ©es [72], montre que le cas des forĂȘts tempĂ©rĂ©es est en fait le plus incertain les forçages radiatifs et Ă©vaporatifs y apparaissent modĂ©rĂ©s, et lâinfluence de lâĂ©vaporation reste peu claire. 115Un autre aspect Ă considĂ©rer est celui de la structure du paysage, qui peut avoir un fort impact sur ses propriĂ©tĂ©s et son fonctionnement. Le cas de la stabilitĂ© au vent des peuplements forestiers illustre bien ce point. Localement, on sait quâune lisiĂšre agit sur le vent en le modifiant sur une certaine distance horizontale, dâune maniĂšre qui dĂ©pend de la structure de la parcelle, elle-mĂȘme liĂ©e aux interventions sylvicoles. Un aspect moins connu, mais qui peut ĂȘtre dâun grand poids dans un massif comme celui des Landes de Gascogne, est lâimpact de la fragmentation du paysage chaque lisiĂšre, chaque parcelle, contribue Ă charger » en turbulence lâĂ©coulement. Des travaux prĂ©liminaires visant Ă analyser le comportement dâun paysage formĂ© de parcelles forestiĂšres rĂ©guliĂšrement espacĂ©es ont montrĂ© que lâĂ©nergie turbulente du vent et les forces mĂ©caniques quâil exerce sur les arbres varient en passant par un maximum pour une valeur de lâespacement valant Ă peu prĂšs le double de celle de la longueur des parcelles [73]. Certains degrĂ©s de fragmentation pourraient ainsi conduire Ă un accroissement des risques en cas de vent violent. Le dĂ©terminisme de la localisation des dĂ©gĂąts nâest donc pas seulement liĂ© aux caractĂ©ristiques sylvicoles de chaque parcelle, mais aussi Ă la structure du paysage dans son ensemble ; une amĂ©lioration de la stabilitĂ© du massif peut passer par un meilleur amĂ©nagement du territoire. 116LâĂ©tude de ces mĂ©canismes de rĂ©troaction, complexes et encore pour une large part mal connus, reste une prioritĂ© car de la qualitĂ© de leur prise en compte dĂ©pend la fiabilitĂ© des prĂ©visions climatiques, aussi bien Ă lâĂ©chelle globale quâĂ lâĂ©chelle rĂ©gionale, et des Ă©tudes dâimpact liĂ©es aux changements dâoccupation et dâutilisation des terres. D- SantĂ© Hausse des tempĂ©ratures 117Les insectes ne rĂ©gulant pas leur tempĂ©rature, il est attendu et dĂ©jĂ observĂ© que la vitesse de leur dĂ©veloppement sera accrue par des hausses de tempĂ©ratures [74]. Pour beaucoup dâespĂšces, un plus grand nombre de gĂ©nĂ©rations par an est Ă prĂ©voir, favorisant la multiplication des populations. Ainsi les scolytes comme le stĂ©nographe Ips sexdentatus pourraient accomplir 4-5 gĂ©nĂ©rations par an contre 3-4 actuellement, et la pyrale du tronc du pin Dioryctia sylvestrella, passer dâune Ă deux gĂ©nĂ©rations par an comme cela est le cas dans certaines rĂ©gions dâEspagne [75]. 118En climat tempĂ©rĂ©, les limites dâaire de distribution des insectes et champignons sont souvent dĂ©terminĂ©es par les tempĂ©ratures froides en hiver. Des hivers plus chauds risquent donc de favoriser lâexpansion en altitude forĂȘts des PyrĂ©nĂ©es et en latitude remontĂ©es depuis la pĂ©ninsule ibĂ©rique dâespĂšces de plaines ou des rĂ©gions mĂ©ridionales [76] comme câest dĂ©jĂ le cas en France, pour la processionnaire du pin [77] ou le chancre du chĂątaignier. 119Des conditions de tempĂ©ratures plus Ă©levĂ©es pourraient Ă©galement favoriser lâĂ©tablissement et lâexpansion dâespĂšces exotiques introduites depuis des rĂ©gions au climat plus chaud que les climats actuels dâAquitaine comme cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© le cas avec Phytophthora cinnamomi [78] [79]. 120En revanche ces hausses de tempĂ©ratures pourraient conduire Ă une dĂ©synchronisation des pĂ©riodes dâĂ©closion des Ćufs notamment chez les lĂ©pidoptĂšres dĂ©foliateurs ou de sporulation des champignons et de dĂ©bourrement des arbres dâessences feuillues comme les chĂȘnes par exemple conduisant Ă une rĂ©duction potentielle des dĂ©gĂąts des chenilles dĂ©foliatrices comme celles de la cheimatobie, Operophtera brumata ou de champignons pathogĂšnes comme lâoĂŻdium du chĂȘne. Aggravation des sĂ©cheresses 121Les modĂšles climatiques prĂ©voient une augmentation de la frĂ©quence et de lâintensitĂ© des sĂ©cheresses dans le Sud-Ouest de la France, surtout en Ă©tĂ©. Ainsi lâeffet gĂ©nĂ©ralement positif du rĂ©chauffement pourrait ĂȘtre contrebalancĂ© par des effets nĂ©gatifs sur le dĂ©veloppement de certaines maladies [76] [79]. La plupart des champignons en effet sont trĂšs dĂ©pendants de facteurs hydriques lors de la dissĂ©mination et de la germination des spores. Dothistroma septosporum est ainsi favorisĂ© par des conditions humides au printemps et en Ă©tĂ© [80]. Il a Ă©tĂ© signalĂ© trĂšs peu de maladies foliaires en 2003, maladies pour lesquelles lâhumiditĂ© de lâair est importante dans la rĂ©alisation des cycles [81]. 122Au-delĂ de lâimpact direct des sĂ©cheresses sur les parasites et sur la croissance et la survie des arbres, celles-ci auront Ă©galement des consĂ©quences indirectes sur les dĂ©gĂąts induits par les parasites via la physiologie de lâhĂŽte [82]. 123Une Ă©tude bibliographique internationale a rĂ©cemment conclu Ă une aggravation des dĂ©gĂąts en conditions de stress hydrique pour les insectes primaires sâattaquant aux feuilles et aux aiguilles pucerons, insectes dĂ©foliateurs et pour les bioagresseurs opportunistes sâattaquant aux organes ligneux des arbres affaiblis scolytes, pissodes, Sphaeropsis sapinea⊠[83]. En revanche, lâaugmentation des stress hydriques pourrait dĂ©favoriser des parasites primaires se dĂ©veloppant prĂ©fĂ©rentiellement sur hĂŽtes vigoureux, comme les oĂŻdiums et les rouilles sur feuilles [84] ou ceux se dĂ©veloppant sur tronc comme la pyrale, la cochenille du pin maritime, ainsi que certains pourridiĂ©s racinaires [83]. Incertitudes et risques 124Toute prĂ©diction fiable ne peut ĂȘtre que basĂ©e sur une modĂ©lisation mĂ©caniste des systĂšmes. De tels modĂšles ne sont pas encore disponibles pour les parasites, mĂȘme si certains processus fortement affectĂ©s par le climat commencent Ă ĂȘtre modĂ©lisĂ©s, comme la survie hivernale de P. cinnamomi [39] [78] ou de la processionnaire du pin [85] ou la synchronisation phĂ©nologique [42] [86]. 125Les incertitudes sur le fonctionnement et lâĂ©volution des pathosystĂšmes » restent trĂšs nombreuses. Un premier type dâincertitude concerne les effets des facteurs climatiques eux-mĂȘmes sur les populations dâinsectes et de champignons forestiers. En second lieu, les populations dâinsectes et de pathogĂšnes nâĂ©voluent pas seules dans un environnement abiotique donnĂ©. Elles interfĂšrent avec dâautres organismes vivants, comme les plantes hĂŽtes, les compĂ©titeurs et les ennemis naturels antagonistes, prĂ©dateurs ou parasites, les champignons endophytes non pathogĂšnes, qui sont eux-mĂȘmes soumis aux changements climatiques. Il existe donc une grande incertitude quant aux effets en cascade, au travers des diffĂ©rents niveaux trophiques, du changement climatique sur la dynamique des populations dâinsectes ravageurs et lâĂ©pidĂ©miologie des pathogĂšnes forestiers. Une autre incertitude concerne les mĂ©canismes dâadaptation au changement climatique qui peuvent diffĂ©rer en rapiditĂ© et intensitĂ© chez les arbres et leurs antagonistes insectes et champignons pathogĂšnes. 126Enfin, comme soulignĂ© prĂ©cĂ©demment, une trĂšs grande inconnue concernant les maladies est liĂ©e Ă lâimportance des introductions de parasites, dont le dĂ©veloppement peut ĂȘtre favorisĂ© par le changement climatique. La mĂ©connaissance gĂ©nĂ©rale des champignons, en particulier dans les zones tropicales ou subtropicales qui constituent des rĂ©servoirs de pathogĂšnes importants, et la part de stochasticitĂ© dans les Ă©vĂ©nements invasifs rendent les prĂ©dictions extrĂȘmement hasardeuses dans ce domaine. DâoĂč la recommandation principale de maintenir les capacitĂ©s de dĂ©tection et de comprĂ©hension des phĂ©nomĂšnes Ă©mergents pour rĂ©pondre Ă ces imprĂ©vus. III- Adaptation et attĂ©nuation 127Devant lâampleur des impacts observĂ©s et ceux prĂ©dits pour le siĂšcle Ă venir, les pouvoirs publics ont cherchĂ© Ă anticiper les effets nĂ©gatifs du changement en mettant en place des politiques adaptatives adaptive management » dont lâobjectif est de rĂ©duire la vulnĂ©rabilitĂ© des Ă©cosystĂšmes forestiers [6] [7] [9]. Ces politiques peuvent prendre diffĂ©rentes formes, allant de la mise en place de rĂ©seaux dâobservation et de surveillance jusquâau dĂ©veloppement de rĂšgles dâamĂ©nagement et de sylviculture susceptibles dâamĂ©liorer la rĂ©silience des peuplements. Certaines de ces mesures peuvent sâappuyer ou renforcer des mĂ©canismes dâĂ©volution biologique en accĂ©lĂ©rant lâadaptation rĂ©sultant de la sĂ©lection, quand il sâagit de forĂȘts renouvelĂ©es par rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle. Dâautres sâappuient sur des Ă©tudes de scĂ©nario pour identifier les mesures les plus pertinentes. Les forĂȘts offrent Ă©galement des opportunitĂ©s dâattĂ©nuation des effets du changement climatique grĂące Ă leur capacitĂ© Ă stocker du carbone Ă moyen terme et par la substitution au carbone fossile extrait par diffĂ©rentes filiĂšres de transformation Ă©nergie, construction, etc. de produits forestiers renouvelables. Ces mesures dâadaptation et dâattĂ©nuation sont trĂšs largement dĂ©pendantes des modes de gouvernance des formations forestiĂšres, qui sont Ă©galement Ă©voquĂ©es dans les paragraphes qui suivent. A- Adaptation Adaptation biologique 128Les capacitĂ©s dâadaptation biologique des arbres sont souvent sous estimĂ©es par un raisonnement intuitif, leur longĂ©vitĂ© Ă©tant considĂ©rĂ©e comme un frein Ă lâĂ©volution. Ces assertions sont dĂ©menties par lâhistoire Ă©volutive des arbres au cours des cycles successifs de refroidissement-rĂ©chauffement du quaternaire. La reconstruction de cette histoire notamment au cours de lâholocĂšne, et tout particuliĂšrement dans le cas des chĂȘnes, a clairement mis en Ă©vidence les capacitĂ©s dâĂ©volution et dâadaptation aux changements climatiques naturels qui ont eu cours lors du rĂ©chauffement qui a suivi les derniĂšres glaciations [87]. Ces capacitĂ©s, ou potentiel adaptatif reposent sur un ensemble de propriĂ©tĂ©s et de mĂ©canismes Ă©volutifs qui sont sans doute mis Ă contribution dans lâĂ©volution actuelle [62] [88]. Il y a tout dâabord la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique intra populationnelle, dont lâampleur est une condition nĂ©cessaire Ă toute Ă©volution future. Cette diversitĂ© est par ailleurs continuellement alimentĂ©e par des flux de pollen. La dispersion Ă longue distance dans le sens Sud Nord peut Ă cet Ă©gard importer des gĂšnes venant de rĂ©gions aujourdâhui soumises Ă des conditions Ă©quivalentes Ă celles prĂ©dites dans les dĂ©cennies Ă venir. La connectivitĂ© gĂ©nĂ©tique au travers des flux de gĂšnes peut ainsi faciliter lâadaptation. Ces principes gĂ©nĂ©raux ne sâappliquent cependant que pour des espĂšces observant une distribution continue au-delĂ de la rĂ©gion Aquitaine pin maritime, chĂȘne sessileâŠ. Les espĂšces en limite sud de distribution risquent Ă cet Ă©gard dâĂȘtre plus exposĂ©es Ă une maladaptation chronique pouvant conduire Ă des difficultĂ©s de maintien chĂȘne pĂ©donculĂ©, hĂȘtre, pin sylvestre. Par ailleurs les mĂ©canismes adaptatifs diversitĂ© gĂ©nĂ©tique + flux de gĂšnes peuvent ĂȘtre fortement contraints en cas de dĂ©sĂ©quilibres dĂ©mographiques des populations. Ainsi les populations Ă effectifs rĂ©duits hĂȘtre, bouleau⊠risquent dâĂȘtre plus sensibles aux changements climatiques. 129Dans tous les cas, des mesures prĂ©ventives sâinspirant dâailleurs des mĂ©canismes Ă©volutifs naturels peuvent ĂȘtre anticipĂ©es. Elles consistent Ă enrichir la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique actuelle par lâadjonction de matĂ©riel de reproduction venant de rĂ©gions plus mĂ©ridionales. Elles peuvent ĂȘtre mises en Ćuvre lors des opĂ©rations de renouvellement des peuplements sous forme de rĂ©gĂ©nĂ©ration assistĂ©e par semis ou plantations. Lâenrichissement de la diversitĂ© au plan interspĂ©cifique peut Ă©galement ĂȘtre recommandĂ© comme mesure adaptative, en se basant sur les connaissances acquises sur les rĂ©seaux de plantations dâespĂšces dans le Sud-Ouest, les essais de provenance et les connaissances sur les mouvements migratoires en cours des espĂšces. En tous les cas, lâintroduction de matĂ©riel nouveau est gĂ©nĂ©ralement raisonnĂ©e en termes dâenrichissement et non de substitution la diversitĂ© introduite sâajoute Ă la diversitĂ© autochtone [7], qui est de toute maniĂšre maintenue. Cette initiative exploite la valeur de garantie que renferme implicitement la notion de diversitĂ©. Une palette de gĂšnes ou dâespĂšces plus variĂ©s offre plus dâopportunitĂ©s et dâalternatives Ă©volutives Ă la sĂ©lection qui sera induite par les changements climatiques. Dans cette optique lâintroduction de pin maritime issu de la PĂ©ninsule IbĂ©rique ou du Rif peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sous forme dâhybrides au vu des essais dĂ©jĂ prĂ©alablement rĂ©alisĂ©s [89]. Au plan interspĂ©cifique les chĂȘnes de la section des chĂȘnes rouges peuvent ĂȘtre plantĂ©s, y compris sur les landes bien drainĂ©es lande mĂ©sophile Ă fougĂšre, en plus des chĂȘnes Ă tempĂ©rament plus mĂ©diterranĂ©ens. Il est probable que la productivitĂ© escomptĂ©e issue de ces peuplements nouveaux soit infĂ©rieure Ă celle du pin maritime, mais la pĂ©rennitĂ© des surfaces forestiĂšres et de leurs services Ă©cosystĂ©miques demandĂ©es par nos sociĂ©tĂ©s sera mieux assurĂ©e. MĂ©thodes de conduite des peuplements 130La cause principale du changement climatique, Ă savoir lâaugmentation du CO2 atmosphĂ©rique a eu et peut avoir, Ă court et moyen terme, des impacts positifs sur la croissance des arbres et des peuplements. Cependant les autres alĂ©as liĂ©s Ă cette modification de la composition de lâatmosphĂšre ont des impacts nĂ©gatifs sur la croissance et la survie des arbres et donc plus largement sur les biens et les services fournis par cet Ă©cosystĂšme. Dâune façon gĂ©nĂ©rale, le maintien de la surface forestiĂšre en Aquitaine doit ĂȘtre un des premiers objectifs de gestion puisque la dĂ©forestation est une source dâĂ©mission de gaz Ă effet de serre Ă lâĂ©chelle mondiale et quâelle a aussi des consĂ©quences sur le climat et lâhydrologie au niveau local. MĂ©thodes de conduite des peuplements dans le cadre de lâĂ©volution de lâalĂ©a feu dans les Landes de Gascogne 131En 2010, une mission interministĂ©rielle IntĂ©rieur, Agriculture, Ăcologie a travaillĂ© sur lâimpact du changement climatique sur les incendies de forĂȘts. Dans ce rapport [90], le classement des massifs prend en compte le paramĂštre de sĂ©cheresse, issu de lâindice de forĂȘt mĂ©tĂ©o IFM et des caractĂ©ristiques de sensibilitĂ© de la vĂ©gĂ©tation. Le massif landais, sans changement notable de la composition de son couvert forestier voit son niveau de risque passer de moyen Ă fort Ă lâhorizon 2040, câest-Ă -dire au mĂȘme niveau que celui actuellement constatĂ© pour les massifs du Sud-Est de la France Figure 10. Figure 10 Carte des zones potentiellement sensibles aux incendies de forĂȘts Ă lâhorizon 2040. Le niveau le plus Ă©levĂ© est en rouge, le niveau moyen en orange et en vert pĂąle le niveau faible. En blanc les zones sans massif forestier supĂ©rieur Ă 100 ha ou Ă sensibilitĂ© trĂšs faible Source Chatry et al. [90]. 132Pour ce massif, la premiĂšre recommandation sylvicole est de pratiquer une sylviculture dynamique des peuplements de production des Ă©claircies prĂ©coces et progressives permettant une croissance dynamique des arbres et une fermeture rapide du couvert pour empĂȘcher le dĂ©veloppement dâun sous-bois trop vigoureux. 133Le pin maritime fait partie des essences les plus sensibles au risque incendie. Le choix dâune essence qui brĂ»le moins » peut ĂȘtre une gageure car un objectif important pour la lutte contre les incendies est le maintien dâun couvert sans arbre dĂ©pĂ©rissant. NĂ©anmoins une rĂ©flexion est Ă mener sur la composition en essences accompagnatrices feuillus Ă feuilles caduques ou la constitution de zones-tampons autour des plantations, pratiques courantes autour des plantations dâEucalyptus globulus en Australie. 134Enfin, le dispositif landais de lutte contre les incendies, citĂ© en exemple par le rapport Chatry [90] doit aussi se renforcer et sâadapter aux nouvelles conditions annoncĂ©es autant climatiques que socioĂ©conomiques [91]. MĂ©thodes de conduite des peuplements dans le cadre de lâĂ©volution de lâalĂ©a sĂ©cheresse dans le massif Adour-PyrĂ©nĂ©es 135LâalĂ©a sĂ©cheresse et son Ă©volution avec les changements climatiques sont des enjeux particuliĂšrement importants pour les forĂȘts du Massif Adour-PyrĂ©nĂ©es. En effet, les prĂ©visions climatiques scĂ©nario A2 pessimiste ou scĂ©nario B2 optimiste du GIEC annoncent une diminution des prĂ©cipitations moyennes et estivales particuliĂšrement prononcĂ©e dans les PyrĂ©nĂ©es [92] aux horizons 2050 et 2100. 136Par ailleurs, les simulations de la distribution potentielle du HĂȘtre et du Sapin essences majoritaires des montagnes des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques indiquent une forte rĂ©gression possible de ces deux espĂšces sur leur aire de rĂ©partition actuelle dans le cadre des changements climatiques [93]. De plus, des dĂ©pĂ©rissements dus aux sĂ©cheresses sont constatĂ©s depuis 1980 pour le ChĂȘne pĂ©donculĂ© essence majoritaire des plaines et coteaux en Adour-PyrĂ©nĂ©es dans les piĂ©monts basques et bĂ©arnais [25]. 137Des adaptations sylvicoles pourraient permettre dâattĂ©nuer la vulnĂ©rabilitĂ© des forĂȘts Ă cet alĂ©a 138- Les opĂ©rations sylvicoles des coupes rĂ©guliĂšres et une gestion accrue du sous-bois permettraient de diminuer la compĂ©tition de la vĂ©gĂ©tation pour lâeau. 139- La structure des peuplements un traitement en forĂȘt irrĂ©guliĂšre permettrait dâattĂ©nuer lâeffet des variations brutales de tempĂ©ratures et des sĂ©cheresses par le maintien, tout au long de la vie du peuplement dâun couvert forestier et de rĂ©partir les besoins en eau du peuplement hauteurs et essences variĂ©es. 140Ces Ă©volutions sylvicoles nĂ©cessiteraient le retour Ă une gestion active des forĂȘts en Adour-PyrĂ©nĂ©es notamment en montagne et plus particuliĂšrement le retour Ă une gestion forestiĂšre organisĂ©e Ă une Ă©chelle supĂ©rieure Ă celle de la parcelle dans le cas par exemple de lâamĂ©lioration de la desserte nĂ©cessaire Ă la gestion. MĂ©thodes de conduite des peuplements dans le cadre des alĂ©as pathogĂšnes et ravageurs dans le massif Dordogne-Garonne 141Le chĂątaignier est lâessence la plus importante en taillis 40 % de la surface de taillis dans le massif Dordogne-Garonne et souffre de dĂ©gĂąts et de mortalitĂ©s causĂ©s par lâencre Phytophtora cinnamoni et le chancre Cryphonectria parasitica. Les changements climatiques seraient a priori favorables Ă beaucoup de pathogĂšnes, notamment ceux qui sont limitĂ©s par les basses tempĂ©ratures hivernales comme P. cinnamoni cf. supra. 142Dans ce contexte, certaines prĂ©cautions sylvicoles pourraient permettre de limiter les dĂ©gĂąts dus aux pathogĂšnes 143- Les traitements dans un contexte de limitation des produits phytocides au niveau europĂ©en, certains traitements biologiques existent et pourraient ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©s, comme par exemple lâhypovirus du chancre [94]. 144- La santĂ© des plants lâutilisation de plants sains issus des pĂ©piniĂšres est extrĂȘmement importante pour Ă©viter la diffusion des pathogĂšnes et la mise en place de plantations contaminĂ©es dĂšs lâinstallation. 145Enfin, un balivage effectuĂ© dans des taillis de chĂątaigniers infectĂ©s par lâhypovirulence a montrĂ© que lâĂ©claircie peut contribuer au dĂ©veloppement de lâhypovirulence en favorisant lâaccroissement des tiges et donc la vigueur des arbres [95]. Ainsi, de maniĂšre assez gĂ©nĂ©rale, la vigueur et la bonne physiologie de lâarbre, favorisĂ©es par une sylviculture dynamique, contribuent Ă la rĂ©sistance des arbres aux pathogĂšnes [45]. 146La sylviculture peut offrir des solutions spĂ©cifiques pour adapter les forĂȘts de contextes diffĂ©rents Ă certains alĂ©as dans le cadre de leurs Ă©volutions liĂ©es aux changements climatiques. Cependant ces solutions peuvent impliquer des compromis difficilement rĂ©alisables Ă lâĂ©chelle de la parcelle [45] et qui nĂ©cessitent une organisation de la gestion forestiĂšre Ă des Ă©chelles plus larges comme le territoire, le massif forestier ou le paysage. Gouvernance 147Les dĂ©fis posĂ©s par le changement climatique participent Ă Ă©puiser le modĂšle traditionnel » dâune politique forestiĂšre nationale qui est, selon [96], fortement ancrĂ©e dans une double logique de pilotage centralisĂ© par lâĂtat et dâautonomisation sectorielle. Ce modĂšle hiĂ©rarchisĂ© et cloisonnĂ© est confrontĂ© au problĂšme de sa mise en cohĂ©rence avec des stratĂ©gies environnementales transversales portĂ©es par une diversitĂ© dâacteurs privĂ©s et publics Ă de multiples Ă©chelles internationale, europĂ©enne, national, infranational qui apparaissent comme autant de scĂšnes interdĂ©pendantes oĂč se structurent de nouveaux standards de lâaction forestiĂšre. 148Dans ce contexte mouvant et incertain, les dispositifs dâengagement volontaires et les mĂ©canismes basĂ©s sur le marchĂ© sont souvent jugĂ©s plus souples et plus adaptĂ©s que les approches rĂ©glementaires classiques pour promouvoir une gestion durable des forĂȘts. Cependant, prisonniĂšre des intĂ©rĂȘts sectoriels et de lâatomisation de lâespace Ă©conomique, cette rĂ©gulation privĂ©e peut aussi conduire Ă une simple rĂ©duction du coĂ»t des dommages liĂ©s aux risques. Un dĂ©veloppement des contractualisations pourrait alors permettre de donner plus de poids aux exĂ©cutifs locaux et aux partenariats territoriaux afin de renforcer la dĂ©finition concertĂ©e dâune adaptation conçue autour de la qualitĂ© des espaces et des produits. En impliquant de nouvelles formes de regroupement des propriĂ©taires ou le dĂ©veloppement de coopĂ©ratives, ces procĂ©dures peuvent aussi ĂȘtre envisagĂ©es comme des modes de coordination contribuant Ă amĂ©liorer lâorganisation du dialogue intra/inter-sectoriel et la mutualisation des risques [97]. 149Mais, la territorialisation de lâaction publique forĂȘt-bois paraĂźt Ă la fois potentiellement plus efficace, car mieux adaptĂ©e Ă la diversitĂ© des situations, et plus lĂ©gitime, car plus propice Ă la mise en dĂ©bat des enjeux forestiers et aux pratiques dĂ©libĂ©ratives [98]. La fabrication dâarrangements locaux pourrait ainsi sâappuyer sur des forums territoriaux au sein desquels se travaillerait une hybridation des diffĂ©rents intĂ©rĂȘts en prĂ©sence afin de maĂźtriser lâenvironnement sectoriel mais aussi les interfaces entre les diffĂ©rents usages du territoire. Lâinstauration de ces communautĂ©s dâutilisateurs serait de nature Ă favoriser la co-construction de normes dâaction adaptĂ©es aux Ă©cosystĂšmes et aux ressources territoriales [99]. B- AttĂ©nuation ForĂȘts et plantations Ă vocation de fixation de carbone 150AttĂ©nuer et anticiper les effets du changement climatique sont les enjeux Ă considĂ©rer dans la gestion de la forĂȘt française dans un contexte dâintensification des pratiques sylvicoles. Un des objectifs est de maintenir le rĂŽle de la forĂȘt dans la sĂ©questration de carbone tout en rĂ©pondant Ă la demande Ă©nergĂ©tique croissante par le recours Ă la production de biomasse [100]. Lâintensification de la sylviculture pose un certain nombre de questions quant au maintien de la viabilitĂ© des forĂȘts. Elle affecte les composantes du systĂšme sol-vĂ©gĂ©tation-atmosphĂšre au travers de changements des propriĂ©tĂ©s du sol travail du sol, tassement dĂ» aux passages dâengin, retours de matiĂšre organique, fertilisation, des propriĂ©tĂ©s de surface albĂ©do, rugositĂ©, interception de la pluie et par consĂ©quent le microclimat du systĂšme. ItinĂ©raires sylvicoles 151Pour analyser ces impacts multiples, la rĂ©ponse au climat de trois options de sylviculture a Ă©tĂ© analysĂ©e sur trois pĂ©riodes 1970-2000, 2020-2050 et 2070-2100 du scĂ©nario climatique type A2 [55], Tableau 1. Tableau 1 ItinĂ©raires sylvicoles analysĂ©s Moreaux, [55]. 152Pour les ITK 1 et 2, il sâagit dâitinĂ©raires intensifs sâappuyant sur des discussions engagĂ©es dans le cadre de la production intensive de biomasse-Ă©nergie [101]. Pour ITK 3, il sâagit des itinĂ©raires actuellement dĂ©veloppĂ©s dans la rĂ©gion Sud-Ouest. ScĂ©nario climatique Tableau 2 Moyenne annuelle par pĂ©riode des variables climatiques du scĂ©nario climatique A2 utilisĂ© pour lâexpĂ©rience de simulation, pour le point de grille de Bordeaux entre 1970 et 2100 donnĂ©es SAFRAN - Rg dĂ©signe le rayonnement global, Ta la tempĂ©rature de lâair, RH lâhumiditĂ© relative, et [CO2] la concentration en CO2 153Le scĂ©nario climatique A2 prĂ©sente une rupture importante entre 2035 et 2085, notamment en termes de prĂ©cipitation. Le point choisi dans la rĂ©gion Sud-Ouest Bordeaux prĂ©sente une rĂ©duction de 28 % entre 1985 et 2085, ce qui correspond Ă lâune des plus fortes rĂ©ductions en France [63]. Par ailleurs, lâaugmentation de la tempĂ©rature atteint 4,1 °C et la concentration en CO2 750 ppm dâici 2099. ProductivitĂ© Figure 11 154Les trois options rĂ©agissent diffĂ©remment au scĂ©nario climatique considĂ©rĂ©. Le climat 2035 semble favorable aux Eucalyptus accroissement positif de Ag Inc de + 4 % alors que pour les deux options de Pins, celui-ci est rĂ©duit de -11 % et -21 % respectivement. En 2085, lâincrĂ©ment en biomasse aĂ©rienne est fortement rĂ©duit pour les trois essences, mais celui des Eucalyptus est moins sensible avec une rĂ©duction de 31 % contre 61 % pour les deux options de Pins. Changements du stock de carbone dans le sol entre la fin et le dĂ©but du cycle Figure 12 155En 1985 et 2035, lâitinĂ©raire Eucalyptus ici sans labour accumule du carbone Ă un taux annuel de 69 gC m-2 an-1 et lâeffet dâun changement climatique est peu important. Dans le cas du Pin, la dynamique du carbone du sol est fortement impactĂ©e par les interventions sylvicoles labour et rouleau lourd. Le compartiment de carbone humifiĂ© du sol HUM est affectĂ© et les deux itinĂ©raires dĂ©stockent du carbone. Les apports de matiĂšres organiques ne sont pas suffisants pour compenser la perte en carbone du sol pour des rotations aussi courtes. Flux de carbone Figure 13 156Au cours des trois pĂ©riodes climatiques, lâitinĂ©raire Eucalyptus, en lâabsence de perturbations du sol, reprĂ©sente un puits de carbone consĂ©quent, permettant la sĂ©questration de 965 gC m-2 an-1 en moyenne et ce, essentiellement dans la biomasse aĂ©rienne Figure 13. Les deux itinĂ©raires de Pins sont Ă©galement un puits de carbone moyen sur les trois pĂ©riodes NEE moyen de-76 gC m-2an-1. Sur un cycle de 30 ans, cette valeur faible sâexplique par les perturbations successives du sol et la respiration hĂ©tĂ©rotrophe importante. Figure 11 Ăvolution du cumul de lâincrĂ©ment de biomasse exprimĂ©es en tonne matiĂšre sĂšche t DM des parties aĂ©riennes des parties aĂ©riennes Ag Inc et souterraines Bg Inc et de lâindice foliaire LAI pour les trois options sylvicoles taillis dâEucalyptus 10 ans, et rotations de Pin 15 et 30 ans et pour trois pĂ©riodes climatiques Moreaux [55]. Entre 0 et 15 ans, les deux simulations Pin-15 et Pin-30 sont confondues. Figure 12 Variations moyennes annuelles des stocks de carbone des compartiments du sol pour trois options sylvicoles taillis dâEucalyptus 10 ans, et rotations de Pin 15 et 30 ans et pour trois pĂ©riodes climatiques scĂ©nario A2. Un accroissement est comptĂ© positivement. DPM dĂ©signe le compartiment dâentrĂ©e de la matiĂšre organique MO labile, RPM celui de la MO rĂ©sistante. BIO dĂ©signe le compartiment de biomasse microbienne et HUM le compartiment de matiĂšre organique humifiĂ©e, câest-Ă -dire stabilisĂ©e Moreaux [55]. Figure 13 Valeurs moyennes annuelles des flux de C-CO2 simulĂ©s pour les trois options sylvicoles taillis dâEucalyptus 10 ans, et rotations de Pin 15 et 30 ans et pour trois pĂ©riodes climatiques. Les flux descendants assimilation sont comptĂ©s positivement. Pour rappel, GPP dĂ©signe la production primaire brute, Rh la respiration hĂ©tĂ©rotrophe et R la respiration autotrophe Moreaux [55]. 157La seconde pĂ©riode climatique 2035 est favorable aux trois essences en termes de production primaire brute GPP car les plantes ne sont pas Ă saturation en CO2. LâactivitĂ© de stockage de carbone est stimulĂ©e. Cet effet de lâĂ©lĂ©vation de concentration en CO2 est assez bien compris [102] [103]. Cependant, en 2085, la diminution des prĂ©cipitations et lâaugmentation de tempĂ©rature amĂšnent une rĂ©duction de GPP de-15 % dans le cas de lâEucalyptus et de-38 % pour les deux itinĂ©raires de Pins qui est attribuĂ©e Ă lâaggravation du dĂ©ficit en eau du sol. Finalement, en 2085 lâoption sylvicole Pins-15 ans devient une source nette de carbone +17 gC m-2 et lâoption Pins-30 ans est proche de la neutralitĂ©. 158De rĂ©cents travaux estimant le bilan en gaz Ă effet de serre dâun systĂšme de taillis Ă courte rĂ©volution de peuplier ont utilisĂ© le modĂšle global de fonctionnement de la vĂ©gĂ©tation {ORCHIDEE} couplĂ© Ă un module de gestion forestiĂšre Ă lâĂ©chelle europĂ©enne [104] [105]. Ses auteurs obtiennent une augmentation de la production Ă©nergĂ©tique sous un climat enrichi en CO2 Les auteurs prĂ©cisent cependant que les changements de carbone dans le sol ne sont pas pris en compte. Finalement, les effets climatiques sur la dynamique des flux de carbone obtenus par Moreaux [55] sont en accord avec les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s par le projet CLIMATOR Ă lâĂ©chelle du Sud-Ouest [11] pour lesquels les sĂ©cheresses Ă©daphiques et atmosphĂ©riques sont considĂ©rĂ©es comme les contraintes majeures. Utilisation du bois comme substitution aux Ă©nergies fossiles 159La demande de biomasse forestiĂšre commercialisĂ©e Ă usage Ă©nergĂ©tique en Aquitaine sera de lâordre de 2 millions de tonnes dâici cinq annĂ©es. Elle concernera sans doute en majoritĂ© des quantitĂ©s provenant dâessences rĂ©sineuses, si on tient compte de lâusage des produits connexes des scieries et des ressources non mobilisĂ©es actuellement rĂ©manents et souches. 160Le potentiel de lâautoconsommation de bois de feu des particuliers provenant des feuillus aquitains est du mĂȘme ordre de grandeur. La mobilisation de peuplements feuillus non valorisĂ©s aujourdâhui et le dĂ©veloppement de peuplements feuillus dĂ©diĂ©s pourraient sensiblement augmenter Ă plus long terme le potentiel de ressources. 161Compte tenu des effets des tempĂȘtes de 1999 et 2009, un risque de tension entre usages devrait exister sur lâaffectation de la ressource forestiĂšre dans les dix Ă quinze annĂ©es Ă venir. 7 Soit, pour 5 millions de m3 de rĂ©colte, une quantitĂ© de matiĂšre sĂšche de 2,7 millions de tonnes i ... 162Jusquâen 2030, il a Ă©tĂ© indiquĂ© prĂ©cĂ©demment que la productivitĂ© des peuplements de pin maritime devrait continuer Ă croĂźtre. En faisant abstraction de risque de mortalitĂ©s engendrĂ©es par des Ă©vĂ©nements climatiques extrĂȘmes, on peut penser que, mĂȘme avec une baisse de productivitĂ© dans les vingt annĂ©es suivantes sĂ©cheresse et attaques biotiques, les volumes des reboisements issus de la tempĂȘte Klaus devraient atteindre leur maximum de potentiel de rĂ©colte annuel vers 2050 et compenser cette possible perte de productivitĂ©. Ă cet horizon on peut envisager de disposer, durant une dĂ©cennie, dâune rĂ©colte stable annuelle de 10 Ă 12 millions de m 3 par an pour les rĂ©sineux, essentiellement du pin maritime hors mortalitĂ©s. Cette ressource conservera le grand intĂ©rĂȘt dâĂȘtre facilement mobilisable techniquement. Il existera Ă©galement un potentiel Ă©nergĂ©tique de 2 millions de m 3 dans les rĂ©manents et souches dâarbres. Il est difficile de prĂ©voir quelle sera la part de rĂ©colte affectĂ©e aux usages Ă©nergĂ©tiques substitutifs des Ă©nergies fossiles. Les interactions avec les marchĂ©s du bois dâĆuvre et du bois dâindustrie dĂ©pendront beaucoup du prix relatif de lâĂ©nergie. Les usages traditionnels, bois dâĆuvre et bois dâindustrie, pourraient souffrir de la concurrence de la demande de bois dâĂ©nergie, mĂȘme si les acteurs de la filiĂšre bois souhaitent prĂ©server ces usages de la ressource forestiĂšre sur le long terme. Ă titre de repĂšre, en passant par les tonnes de matiĂšre sĂšche [106] et le pouvoir calorifique infĂ©rieur PCI du bois, câest un potentiel total de 2,2 Ă 2,6 27 millions de tonnes Ă©quivalent pĂ©trole 30 500 Gigawatt-h que pourrait reprĂ©senter la biomasse rĂ©sineuse Ă cet horizon. 8 Soit, pour 14 millions de bois bois fort 12 Mm3 et 2 Mm3 de rĂ©manents, une quantitĂ© de matiĂšre s ... 163Ă ce mĂȘme horizon 2050, le niveau des stocks de feuillus aquitains dĂ©pendra des prĂ©lĂšvements effectuĂ©s sur cette ressource durant les annĂ©es antĂ©rieures. On sait que les stocks de bois sur pied ont rĂ©guliĂšrement crĂ» jusquâĂ aujourdâhui durant les dĂ©cennies passĂ©es. La rĂ©colte commercialisĂ©e de bois dâĆuvre et dâindustrie reste actuellement nettement infĂ©rieure Ă 1 million de m 3, celle de lâautoconsommation de bois de feu non commercialisĂ©e est voisine de 2 millions de m 3 depuis des dĂ©cennies. Cette ressource autoconsommĂ©e pourrait ĂȘtre rĂ©introduite avec une meilleure efficience dans les circuits commerciaux. Sans prĂ©juger dâun ralentissement de la productivitĂ© des feuillus dĂ» au rĂ©chauffement climatique, il existera sĂ»rement Ă©galement un potentiel supplĂ©mentaire de rĂ©colte de 2 millions de m 3 , sans altĂ©rer les stocks de bois sur pied, rĂ©colte dont la mobilisation dĂ©pendra des conditions Ă©conomiques dâexploitation Ă cet horizon temporel. Le prix de revient de lâexploitation sera, lĂ encore, dĂ©terminant. Ă titre de repĂšre, le potentiel reprĂ©sentĂ© par cette biomasse forestiĂšre feuillue serait alors de 0,7 Ă 1,28 million de tonnes Ă©quivalent pĂ©trole 13 500 GWh. 9 En comptant les usages Ă©nergĂ©tiques lors des processus de transformation de la ressource liqueurs ... 164Au total, les ressources forestiĂšres dâAquitaine reprĂ©senteraient Ă cet horizon de 2,9 Ă 3,7 millions de tonnes Ă©quivalent pĂ©trole. ExprimĂ© en gigawatt, le potentiel reprĂ©sentĂ© pourrait ĂȘtre compris entre 34 000 et 44 000 GWh. Cependant sur ce potentiel il serait raisonnable, compte tenu des contraintes socio-Ă©conomiques sur lâaffectation de la ressource aux autres usages, de ne retenir quâun ordre de grandeur de 17 500 Ă 24 500 GWh comme gisement de biomasse forestiĂšre potentiel9. 165Ă titre de comparaison, la consommation Ă©nergĂ©tique de lâAquitaine Ă©tait voisine en 2008 de 100 000 GWh. Notons que les Ă©missions de CO2, qui rĂ©sultent de la combustion de la biomasse forestiĂšre, ne sont pas comptabilisĂ©es dans les inventaires car elles vont ĂȘtre refixĂ©es lors de la croissance des peuplements forestiers. Ceci rend dâautant plus vertueux le mĂ©canisme de substitution Ă©nergĂ©tique au profit de cette biomasse, en tenant compte bien sĂ»r du circuit dâapprovisionnement qui devrait ĂȘtre le plus neutre possible pour le calcul du bilan carbone de la substitution Ă©nergĂ©tique de la biomasse forestiĂšre aux Ă©nergies fossiles. Vue aĂ©rienne de la forĂȘt du MĂ©doc, entre Ă©tang et dune littorales © J. Haas, FĂ©dĂ©ration dĂ©partementale des Chasseurs de Gironde. Landes humides dans la forĂȘt des Landes, prĂšs dâHostens © A. Kremer, INRA-Bordeaux. 166Ă lâhorizon de la fin du siĂšcle, compte tenu dâune baisse potentielle de productivitĂ© des peuplements forestiers actuels de 30 Ă 40 %, la concurrence entre usages ne pourra ĂȘtre que plus forte. Bien sĂ»r cela suppose que catastrophes climatiques ou biotiques nâhypothĂšquent pas la vocation de production des espaces forestiers. Gouvernance 167Les mesures dites dâattĂ©nuation » conduisent au dĂ©veloppement rapide de diverses formes de marchĂ©s carbones articulant rĂ©gulations privĂ©es et incitations publiques. Certes, dans le cadre de lâactuel Protocole de Kyoto » 1997, la France apparaĂźt peu concernĂ©e car elle est plus susceptible de stocker du carbone par la gestion forestiĂšre crĂ©dits plafonnĂ©s que par les processus de boisement, et ce dâautant plus que les reboisements post-tempĂȘtes ne sont pas Ă©ligibles. Cependant, depuis 2002, des marchĂ©s volontaires se sont peu Ă peu imposĂ©s comme une alternative plus souple avec des mĂ©canismes de compensation carbone », portĂ©s par diffĂ©rents labels ex. Voluntary Carbon Standard [VCS], Chicago Climate Exchange [CCX]âŠ., Ă partir de lâaugmentation de stock de carbone en forĂȘt ou dans les produits du bois. De plus, il existe Ă©galement des projets infranationaux. LâAssociation Aquitaine Carbone 2012 est ainsi un projet rĂ©gional qui vise Ă rĂ©pondre Ă lâenjeu particulier du reboisement post-tempĂȘte et Ă promouvoir des projets et des parcours sylvicoles capteurs de CO2 [99]. Ă lâavenir, dâautres dispositifs gagneraient Ă ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s en favorisant, par exemple, les emplois Ă longue durĂ©e du bois et des produits ligneux dans lâhabitat [9]. Ces certifications, qui sâappuieraient sur des Analyses de Cycle de Vie ACV des produits du bois, sâinscriraient dans une rĂ©gulation marchande portĂ©e par les consommateurs. 168Si diverses mesures dâattĂ©nuation sont dĂ©jĂ mises en place ou envisageables, il est toutefois nĂ©cessaire de sâinterroger non seulement sur leurs attractivitĂ©s et leurs implications en termes dâĂ©volution des investissements forestiers, des structures fonciĂšres et des modes dâorganisation collective mais aussi et surtout sur leurs compatibilitĂ©s. 169En effet, parallĂšlement Ă la promotion de la forĂȘt stock de carbone », les marchĂ©s et les soutiens Ă©conomiques, nationaux ou rĂ©gionaux, aux filiĂšres concourent actuellement Ă un dĂ©veloppement de la biomasse forestiĂšre. Si ces processus visent Ă rĂ©duire la dĂ©pendance aux Ă©nergies fossiles, ils peuvent Ă©galement favoriser lâessor de parcours sylvicoles taillis Ă courte rotation, une rĂ©organisation des filiĂšres et des bouleversements paysagers en contradiction avec les objectifs de sĂ©questrations du carbone mais aussi les stratĂ©gies dâadaptation visant Ă amĂ©liorer la rĂ©silience des forĂȘts et des territoires. La structuration et la mise en cohĂ©rence des diverses politiques dâattĂ©nuation au niveau des espaces forestiers constituent donc des enjeux majeurs. Cela suppose tout dâabord de rĂ©insĂ©rer la problĂ©matique de la biomasse forestiĂšre dans une rĂ©flexion rĂ©gionale sur le dĂ©veloppement des diffĂ©rentes Ă©nergies renouvelables mais Ă©galement de questionner les trajectoires envisagĂ©es, les portages privilĂ©giĂ©s et les technologies dĂ©ployĂ©es fourniture de rĂ©seaux nationaux et internationaux par une production trĂšs centralisĂ©e, valorisation dĂ©centralisĂ©e Ă lâĂ©chelle des territoires [99]. Conclusion 170Cette revue rappelle Ă quel point les forĂȘts se trouvent aujourdâhui au centre dâenjeux Ă©cologiques et Ă©conomiques considĂ©rables. Ces enjeux sont illustrĂ©s par la position duale des forĂȘts dans le contexte du changement climatique. Dâune part leur stabilitĂ© Ă©cologique est dĂ©fiĂ©e par lâampleur et lâintensitĂ© de ce changement. Dâautre part elles peuvent contribuer de maniĂšre significative Ă lâattĂ©nuation du changement climatique. Cette revue a permis de dĂ©gager, au vu des observations actuelles et des prĂ©visions futures, quelques grandes tendances, qui caractĂ©riseront les formations forestiĂšres en Aquitaine. Il est presque certain que leur composition en espĂšces quâil sâagisse de la pinĂšde landaise, des forĂȘts de la vallĂ©e de lâAdour ou des plateaux calcaires de Dordogne, se modifiera graduellement au cours des prochaines dĂ©cennies sous le forçage du changement climatique ou par intervention humaine. Dâautre part tous les modĂšles prĂ©disent que la productivitĂ© des forĂȘts continuera Ă augmenter dans le futur proche avant de connaĂźtre un ralentissement et une nette dĂ©croissance et ce dĂšs les annĂ©es 2050. Au-delĂ de ces grandes tendances, des incertitudes demeurent cependant. 171LâintensitĂ© Ă laquelle ces diffĂ©rents mĂ©canismes se produiront reste peu connue. Par exemple, les vitesses respectives auxquelles se feront les mouvements migratoires et les disparitions de populations quâil sâagisse dâarbres ou dâespĂšces associĂ©es restent mĂ©connues si bien que leur bilan qui traduit la composition spĂ©cifique reste tout aussi spĂ©culatif. Cette incertitude est renforcĂ©e par lâabsence de cadre conceptuel et de modĂ©lisation des interactions interspĂ©cifiques stimulĂ©es ou inhibĂ©es par le changement climatique. Dans ce domaine le concept de communautĂ©s non analogues » est le plus souvent invoquĂ© pour Ă©voquer lâĂ©volution des compositions futures. 172Les interactions entre les diffĂ©rentes composantes de lâensemble atmosphĂšre-forĂȘts-climat et les rĂ©actions en cascades qui peuvent en dĂ©couler ont Ă©tĂ© peu abordĂ©es, quelle que soit lâĂ©chelle spatiale considĂ©rĂ©e. Lâinconnue portant sur les rĂ©actions en cascades sâapplique Ă©galement aux modifications de la biodiversitĂ©, en rĂ©ponse aux modifications spĂ©cifiques Ă diffĂ©rents niveaux trophiques. 173Lâimpact des Ă©vĂ©nements climatiques extrĂȘmes risque de perturber de maniĂšre considĂ©rable les changements graduels Ă©noncĂ©s dans cette revue. LâintĂ©gration de ces Ă©vĂ©nements, de leur occurrence comme de leurs effets reste un sujet majeur de recherche. 174Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale la prise en compte de lâincertitude elle-mĂȘme dans les modĂšles de prĂ©vision, ainsi que son intĂ©gration dans les politiques dites adaptatives » mĂ©ritera une attention plus grande. Une telle attitude nĂ©cessitera sans doute une grande diversitĂ© dans les approches prĂ©dictives, une flexibilitĂ© dans les dĂ©cisions, et une volontĂ© de réévaluer frĂ©quemment lâĂ©tat des lieux. Cette conduite sera dâautant plus efficace quâelle se fonde sur un solide jeu dâindicateurs rĂ©guliĂšrement observĂ©s dans les Ă©cosystĂšmes forestiers. 175Enfin lâimpact du changement climatique sur les forĂȘts dâAquitaine est indissociable de lâĂ©volution des demandes sociĂ©tales portant par ailleurs sur les forĂȘts. Les forĂȘts dâAquitaine sont en effet gĂ©rĂ©es et exploitĂ©es dans un milieu fortement et historiquement modifiĂ© par lâhomme. Leurs rĂ©ponses aux changements environnementaux en cours sont de ce fait conditionnĂ©es en grande partie par les activitĂ©s humaines au contraire dâĂ©cosystĂšmes moins anthropisĂ©s. Les services Ă©cosystĂ©miques attendus par les diffĂ©rentes composantes de nos sociĂ©tĂ©s auront tendance Ă sâaccroĂźtre en rĂ©ponse Ă lâurbanisation croissante et au dĂ©veloppement du tourisme en Aquitaine. Cette surenchĂšre risque par ailleurs dâaugmenter les tensions autour de lâutilisation des terres Ă des fins forestiĂšres. Certaines de ces Ă©volutions ont Ă©tĂ© explorĂ©es dans une Ă©tude de prospective rĂ©cente portant sur la forĂȘt landaise [99]. Elles illustrent Ă©galement Ă quel point lâĂ©volution des forĂȘts rĂ©sultera des modifications environnementales et de celles de nos sociĂ©tĂ©s. Elles appellent de ce fait Ă des analyses globales intĂ©grant sciences de lâenvironnement et sciences humaines et sociales, qui restent pour lâessentiel Ă ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. La confluence de la Garonne et de la Dordogne au niveau du Bec dâAmbĂšs, formant lâestuaire de la Gironde © T. Auly, UniversitĂ© de Bordeaux 3.
maĂŻsgrain colza tournesol Ă©vol. 2020/2019 (%) Ă©vol. 2020/moy. 15-19 (%) Source : Agreste - Statistique agricole annuelle Sources : Agreste - Statistique agricole annuelle, DGDDI Source : Agreste - Statistique agricole annuelle Source : FranceAgriMer, La DĂ©pĂȘche blĂ© tendre rendu Rouen maĂŻs rendu Bordeaux Ă©vol. 2020/2019 Ă©vol. 2020/moy
ETUDE DE REFERENCE SUR LES CEREALES MIL, SORGHO, MAĂS ET FONIO AU SENEGALPublished on Oct 28, 2014No descriptionCORAF/WECARD
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Journal agricole le progrÚs édition août-septembre 2015Published on Aug 27, 2015Dans cette parution, luzerne, grain, volaille et cheval. Un journal de La Coop Profid'Or. Coop Profid'Or
Jesouhaiterais savoir si quelqu'un fais du maĂŻs humide (rĂ©colte du grain autour de 26 -30% humiditĂ©) pour stockage en boudin ? Si oui, je souhaiterais une info, pour la mĂȘme variĂ©tĂ© dans les mĂȘmes terres, pour un rendement x en grain humide, cela reprĂ©sente combien en sec ? C'est pour avoir une idĂ©e de grandeur pour faire un prorata. On me propose de la
GASPACHO AUX ASPERGES ET CITRON VERT Quand j'ai prĂ©parĂ© ce gaspacho que je vous prĂ©sente aujourd'hui, je me suis demandĂ©e dans quoi je pouvais bien le prĂ©senter. Et puis, j'ai pensĂ© Ă mes tasses de fantaisie, et plein de souvenirs sont revenus en ma mĂ©moire. Ma sĆur et moi avions hĂ©ritĂ© de quelques unes de ces tasses de ma mĂšre quand elle a cassĂ© maison. Les personnes de plus de 60 ans ont probablement eu une maman qui en possĂ©dait quelques unes dans son vaisselier, ou armoire. Elles Ă©taient toutes disparates. C'Ă©tait une tradition Ă l'Ă©poque on offrait une tasse aux fiançailles ou en cadeau de mariage, Ma mĂšre s'Ă©tant mariĂ©e en 1956 en avait une petite collection. Elle les sortait dans les grandes occasions, souvent dans le temps des fĂȘtes. Enfant, je me rappelle que ma mĂšre avait servi dans ces tasses un consommĂ© aux adultes convives lors d'un repas de NoĂ«l. Dans les yeux de la petite fille que j'Ă©tais, ces tasses Ă©taient trĂšs belles. Elles le sont encore aujourd'hui pour moi parce qu'elles Ă©voquent de beaux souvenirs. J'en en reçu quatre, deux sont parmi mes prĂ©fĂ©rĂ©es de la collection de maman, dont celle des photos de ma publication. La tasse et la soucoupe ont de la dorure tout le tour. De l'or imaginez-vous donc! On buvait avec le ptit doigt en l'air hihi. Pour maman, elles Ă©taient prĂ©cieuses. Et puis, en servant ce gaspacho aux asperges dans ces tasses, je rends un peu hommage Ă ma petite maman disparue depuis maintenant deux ans, mais aussi Ă mon papa qui adorait les asperges. Je dois tenir de lui certainement hihi. Papa cultivait d'ailleurs les asperges, et bien d'autres lĂ©gumes. Il aurait apprĂ©ciĂ© grandement cette soupe froide et trĂšs rafraĂźchissante qui m'a Ă©tĂ© inspirĂ©e par celle-ci. J'ai voulu donner un peu de piquant Ă ce gaspacho. J'y ai Ă©tĂ© parcimonieusement mais si vous avez un seuil de tolĂ©rance plus Ă©levĂ©, vous pouvez mettre davantage de tabasco vert. Si vous prĂ©fĂ©rez utiliser un piment jalapeno, libre Ă vous. Dans mon cas, j'ai utilisĂ© ce que j'avais sous la main. Et pour puncher le tout, un peu de jus de lime. Encore lĂ , allez-y Ă votre goĂ»t. Je m'en suis tenue Ă une cuillĂšre Ă soupe, mais vous pouvez en mettre un peu plus si vous aimez beaucoup. GoĂ»tez et ajustez tout simplement! Certaines recettes de potage, soupe aux asperges filtrent le mĂ©lange au tamis aprĂšs. Je n'ai pas jugĂ© nĂ©cessaire de le faire. Il n'y avait aucun filament dans le gaspacho et la texture Ă©tait trĂšs agrĂ©able en bouche. Vous servirez trĂšs froid durant les chaudes journĂ©es estivales. Du bonheur! IngrĂ©dients 4 portions - 1 lb 454 g dâasperges, parĂ©es - 1 c. Ă soupe 15 ml dâhuile dâolive - 1 c. Ă soupe 15 g de beurre - 1 oignon hachĂ© - 1 tasse 80 g de poireaux hachĂ©s - 2 gousses dâail, hachĂ©es finement - 2 œ tasse 625 ml de bouillon de lĂ©gumes maison ou du commerce - 1 pomme de terre moyenne pelĂ©e et coupĂ©e en cubes - œ c. Ă thĂ© 3 ml de cerfeuil sĂ©chĂ© - œ-1 c. Ă thĂ© 3-5 ml/selon votre tolĂ©rance de sauce Tabasco au jalapeno - 1 c. Ă soupe 15 ml ou + Ă votre goĂ»t de jus de lime - œ tasse 125 ml de mĂ©lange laitier 5% - Sel et poivre - Ciboulette ciselĂ©e au goĂ»t garniture PrĂ©paration 1. Couper en tronçons les asperges. Mettre de cĂŽtĂ© les tĂȘtes. 2. Dans une petite casserole, faire bouillir un peu dâeau. Saler. Ajouter les tĂȘtes dâasperges et faire cuire 3 minutes. Retirer du feu et rafraĂźchir rapidement. RĂ©server. 3. Dans une casserole verser lâhuile dâolive. Ajouter le beurre et faire fondre. Ajouter lâoignon et le poireau et faire cuire Ă feu moyen doux quelques minutes pour les ramollir. Ajouter lâail et les tronçons dâasperges. Bien mĂ©langer et poursuivre la cuisson une minute. 4. Verser le bouillon de lĂ©gumes. Ajouter le cerfeuil sĂ©chĂ©, le tabasco au jalapeno, la pomme de terre en cubes. Saler et poivrer. Porter Ă Ă©bullition, baisser le feu et laisser mijoter 10-12 minutes. 5. Passer le mĂ©lange au bras mĂ©langeur ou au robot culinaire. Vous pouvez filtrer aprĂšs si vous le souhaitez je nâai pas jugĂ© bon de le faire. 6. Ajouter le jus de lime et bien mĂ©langer. 7. Verser le mĂ©lange laitier et mĂ©langer. 8. Rectifier lâassaisonnement si nĂ©cessaire et rĂ©frigĂ©rer la prĂ©paration. 9. Servir garni de pointes dâasperge et de ciboulette. Rendement le rendement total est de 4 tasses 1 L calculer ±1 tasse/250 ml pour une portion Source grandement inspirĂ©e par Le Journal des Femmes IMPRIMER LA RECETTE POULET NAPPĂ DE SAUCE AUX CHAMPIGNONS Ă LA DIJONNAISE Cette belle combinaison d'ingrĂ©dients de cette recette dĂ©nichĂ©e ici me parlait beaucoup. J'avais fait en mars une recette un peu semblable, mais cette derniĂšre diffĂšre sur quelques Ă©lĂ©ments. Et puis, la recette est trĂšs simple d'exĂ©cution. Quand j'ai vu qu'on utilisait des champignons en boĂźte; j'avoue ne pas avoir trĂšs bien compris. Des champignons frais seraient bien meilleurs, et c'est ce que j'ai fait. J'ai fait saisir avant de commencer. J'ai aussi doublĂ© la quantitĂ© de bouillon afin d'avoir un peu plus de sauce. J'ai un type sauce Ă la maison. Le rĂ©sultat est dĂ©licieux et bien goĂ»teux. IngrĂ©dients - 4 poitrines environ 1 lb/500 g de poulet, dĂ©sossĂ©es et sans peau - ÂŒ tasse 60 g de farine tout usage - œ c. Ă thĂ© ml de sel - ÂŒ c. Ă thĂ© 1 ml de poivre - 3 c. Ă soupe 45 ml d'huile d'olive ou de canola - œ tasse 125 ml de bouillon de poulet mis un peu plus que le double - œ tasse 125 ml de champignons tranchĂ©s en conserve, Ă©gouttĂ©s mis 1 barquette 227 g de champignons frais Ă©mincĂ©s - 1 ou 2 c. Ă thĂ© de 5 Ă 10 ml de moutarde de Dijon - Thym frais hachĂ©, si dĂ©sirĂ© mis une pincĂ©e de thym sĂ©chĂ© PrĂ©paration 1. Placer chaque poitrine de poulet, cĂŽtĂ© lisse en dessous, entre des feuilles de pellicule plastique ou de papier cirĂ©. Attendrir dĂ©licatement avec le cĂŽtĂ© plat d'un maillet Ă viande ou un rouleau Ă pĂątisserie jusqu'Ă ce qu'elles aient environ de ÂŒ po 6 mm d'Ă©paisseur. 2. Dans un plat peu profond, mĂ©langer la farine, le sel et le poivre. 3. Dans une poĂȘle Ă revĂȘtement antiadhĂ©sif de 12 po 30 cm, faire chauffer 2 c. Ă soupe 30 ml d'huile Ă feu mi-Ă©levĂ©. Enrober complĂštement le poulet avec le mĂ©lange de farine. Faire cuire le poulet dans l'huile de 6 Ă 8 minutes, en le retournant une fois, jusqu'Ă ce que la chair ne soit plus rosĂ©e au centre. DĂ©poser les poitrines sur un plat de service et couvrir pour garder au chaud. 4. Faire chauffer la derniĂšre cuillĂšre Ă soupe dâhuile dans la poĂȘle et saisir Ă feu mi-Ă©levĂ© les champignons. 5. Verser le bouillon dans la poĂȘle. Amener Ă Ă©bullition. Incorporer la moutarde et la pincĂ©e de thym sĂ©chĂ©. Cuire de 2 Ă 3 minutes, en remuant frĂ©quemment, jusqu'Ă ce que le tout Ă©paississe lĂ©gĂšrement. 6. Napper le poulet de sauce Ă l'aide d'une cuillĂšre. Parsemer de thym. Source Vivre dĂ©licieusement IMPRIMER LA RECETTE PETITS PAINS MOELLEUX Je les trouvais bien mignons ces petits pains dĂ©nichĂ©s ici. La maniĂšre de procĂ©der Ă©tait diffĂ©rente de ce que j'ai dĂ©jĂ fait, mais cela reprĂ©sentait un beau dĂ©fi. Dans le plat oĂč ils ont cuit, ils ont l'air de brioches. Ils ne sont pas parfaits, et j'ai obtenu un peu plus que prĂ©vu ce dont je ne me plains pas, et mĂȘme en ayant pesĂ© chacun, mais coudonc! Hihi. Ces petits pains sont tout moelleux malgrĂ© le fait que j'ai mis un peu de farine de blĂ©. J'adore. Sont vraiment excellents et ils se congĂšlent trĂšs bien. - 1 œ tasse 375 ml d'eau tiĂšde - 1 c. Ă soupe 12 g de levure instantanĂ©e - 2 c. Ă soupe 25 g de sucre - 2 c. Ă soupe 30 g de beurre ramolli - 1 c. Ă thĂ© 5 ml de sel - ±4 tasses 560 g de farine tout usage jâai mis 1 tasse 140 g de farine de blĂ© entier, et le reste de farine blanche tout usage non blanchie/ pour la 4 Ăšme tasse mis 3 fois x ÂŒ tasse 35 g + 2 c. Ă soupe 17 g lors du pĂ©trissage, je nâai donc pas atteint le 4 tasses - 3 c. Ă soupe 45 g de beurre fondu, pour badigeonner le dessus des pains - Gros sel marin, pour saupoudrer le dessus des pains PrĂ©paration 1. Dans un grand bol ou le bol d'un batteur sur socle, dissoudre la levure et le sucre dans l'eau tiĂšde et laisser reposer pendant cinq minutes, ou jusqu'Ă consistance mousseuse. 2. Ajouter le beurre, le sel et 3 tasses 420 g de farine et mĂ©langer jusqu'Ă homogĂ©nĂ©itĂ©. 3. Ajouter de la farine supplĂ©mentaire, ÂŒ tasse 35 g Ă la fois, jusqu'Ă ce que la pĂąte se dĂ©tache des cĂŽtĂ©s du bol et ne soit que lĂ©gĂšrement collante au toucher attention Ă ne pas ajouter trop de farine!. 4. PĂ©trir 3 Ă 5 minutes, jusqu'Ă consistance lisse. Couvrir et laisser lever 20 minutes. Jâai mis au four couvert d'un linge, lumiĂšre du four allumĂ©e et tasse dâeau bouillante Ă cĂŽtĂ©. Boule aprĂšs le pĂ©trissage et avant la levĂ©e Boule aprĂšs la premiĂšre levĂ©e 5. Tapisser un moule 9 x 13 po 23 x 33 cm de papier parchemin ou vaporiser d'enduit Ă cuisson. 6. Retirer la pĂąte du bol Ă mĂ©langer et mettre la pĂąte sur une surface farinĂ©e. Diviser en deux longs pĂątons de proportion Ă peu prĂšs Ă©gale. 7. Diviser chaque pĂąton en 10 portions de taille Ă©gale au total 20, mais jâen ai obtenu 21. Former une boule avec chaque portion, et disposer en rangĂ©e dans le moule prĂ©parĂ©. Petites boules avant la deuxiĂšme levĂ©e 8. PrĂ©chauffer le four Ă 400 °F 200 °C. 9. Pendant ce temps, badigeonner de beurre fondu chaque boule de pain. 10. Saupoudrer de sel de mer et laisser lever 15 Ă 20 minutes supplĂ©mentaires. J'ai couvert d'un linge sec Petites boules aprĂšs la deuxiĂšme levĂ©e 11. Cuire au four de 13 Ă 15 minutes ou jusqu'Ă ce qu'ils soient dorĂ©s. Retirer du four et badigeonner de beurre Ă nouveau. 12. Laissez refroidir lĂ©gĂšrement avant de servir et de dĂ©guster. Source Little Red Hen IMPRIMER LA RECETTE ASPERGES Ă LA GRECQUE C'est en cuisinant mes asperges Ă l'italienne la semaine derniĂšre que je me suis dit qu'il serait facile d'en faire une version Ă la grecque. L'origan de mon jardin pousse allĂšgrement. J'avais au frigo de la feta et du citron. C'Ă©tait dĂ©cidĂ©! Je ferais. C'est aprĂšs avoir dĂ©gustĂ© que je me suis dit qu'il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant d'ajouter quelques fines laniĂšres d'oignon rouge. Je vous le suggĂšre, mais ce n'est pas essentiel. Ces asperges du QuĂ©bec cuisinĂ©es un peu Ă la grecque sont exquises. DĂ©solĂ©e pour les photos! Elles ne sont pas gĂ©niales. IngrĂ©dients pour 4-6 portions - 2 bottes dâasperges, parĂ©es - Ÿ tasse 108 g de feta Ă©miettĂ© - 1 grosse gousse dâail au presse-ail - Le jus dâ1 citron - Huile dâolive au goĂ»t - Persil hachĂ© au goĂ»t, hachĂ© - Origan frais au goĂ»t, hachĂ© - Ciboulette ciselĂ©e au goĂ»t - Poivre du moulin au goĂ»t Suggestion pas fait, y ai pensĂ© aprĂšs de fines laniĂšres dâoignons rouges, au goĂ»t facultatif PrĂ©paration 1. Peler une gousse dâail et la passer au presse-ail. Disposer dans un petit bol. 2. Faire cuire les asperges dans une eau bouillante salĂ©e durant4-5 minutes. ArrĂȘter la cuisson en les plongeant dans une eau glacĂ©e et laisser refroidir. Bien Ă©goutter. 3. Disposer les asperges dans un plat. Arroser gĂ©nĂ©reusement d'huile d'olive. 4. MĂ©langer ensemble le jus de citron et lâail et verser sur les asperges. 5. Ajouter la feta Ă©miettĂ©e, le persil et lâorigan et lâoignon rouge si dĂ©sirĂ©. 6. Poivrer gĂ©nĂ©reusement et bien mĂ©langer le tout. 7. Couvrir et rĂ©server au frais au moins 1 heure. 8. Au moment de servir, garnir chaque portion de ciboulette ciselĂ©e. Source grandement inspirĂ©e par une recette de SĂ©golĂšne Jonquoy sur Femme actuelle IMPRIMER LA RECETTE SALADE DE GOBERGE ET DE CĆURS DE PALMIER Je pense bien vous l'avoir dĂ©jĂ dit, j'ai un conjoint qui aime beaucoup manger de la salade, et il apprĂ©cie particuliĂšrement celles que je prĂ©pare qui contiennent de la goberge surimi hihi . J'en fais donc pratiquement Ă toutes les semaines, et j'aime Ă varier. J'ai Ă©tĂ© inspirĂ©e par celle-ci pour cette derniĂšre. J'y ai ajoutĂ© des poivrons grillĂ©s, mon lĂ©gume bonbon et fait quelques autres ajouts et changements pour mettre la salade Ă ma main. Cette salade est bien Ă mon goĂ»t. Elle est dĂ©licieuse. IngrĂ©dients pour 3-4 portions Sauce - 2 c. Ă soupe 30 ml de mayonnaise - 2 c. Ă soupe 30 ml de yogourt nature de type grec 0% - œ c. Ă soupe ml de jus de citron - Quelques gouttes de lait - Sel et poivre - Ăpices Ă salade au goĂ»t Salade - 1 paquet de lb/ 227 g de goberge Ă saveur de crabe surimi, hachĂ© - œ tasse 83 g de maĂŻs en grains - 1 boĂźte 398 ml de cĆurs de palmier, Ă©gouttĂ©s et coupĂ©s en rondelles - 2 poivrons rouges moyens grillĂ©s, hachĂ©s - 1 branche de cĂ©leri hachĂ© - 1 Ă©chalote sĂšche hachĂ©e finement - 1 c. Ă soupe 15 ml de ciboulette ciselĂ©e PrĂ©paration Sauce 1. Dans un saladier, fouetter la mayonnaise avec le yogourt, et le jus de citron. Saler et poivrer et ajouter au goĂ»t des Ă©pices Ă salade. Ăclaircir le tout en ajoutant quelques gouttes de lait. Salade 2. Ajouter la goberge, le maĂŻs, les cĆurs de palmier, les poivrons, le cĂ©leri, lâĂ©chalote et la ciboulette. Saler et poivrer. Bien mĂ©langer. 3. Si dĂ©sirĂ©, servir sur un lit de laitue facultatif Source dĂ©clinaison dâune recette de 5 ingrĂ©dients 15 minutes IMPRIMER LA RECETTE PAIN AMISH Je poursuis mes expĂ©riences boulangĂšres en ce moment hihi. J'ai trouvĂ© chez Nathalie ce pain qu'elle a mis Ă sa main. Au lieu de sucre ou de cassonade, elle a utilisĂ© du sirop d'Ă©rable pour son pain. J'adorais cette idĂ©e dâutiliser ce sucre naturel bien de chez nous. J'ai fait un mĂ©lange de farine comme je le fais depuis quelque temps, et j'ai ajoutĂ© une petite quantitĂ© de son d'avoine. Le pain n'en serait que plus nutritif. Je m'inquiĂ©tais par contre Ă savoir si cela pouvait rendre le pain plus massif. Mes apprĂ©hensions sont vite tombĂ©es hihi. Ce pain est vraiment trĂšs bon. Une belle mie bien aĂ©rĂ©! Les rĂŽtis sont croustillantes Ă l'extĂ©rieur et tendres Ă l'intĂ©rieur. Je n'ai pas vraiment dĂ©tectĂ© le goĂ»t d'Ă©rable mais ce n'est pas grave. Je dirais que jusqu'Ă maintenant, c'est un de mes pains prĂ©fĂ©rĂ©s. IngrĂ©dients pour 1 pain - 1 tasse 250 ml d'eau tiĂšde - 2 c. Ă soupe 30 ml de sirop dâĂ©rable - 1 sachet 2 ÂŒ c. Ă thĂ©/8 g de levure rapide - Ÿ c. Ă thĂ© 4 ml de sel - 2 c. Ă soupe 30 ml dâhuile dâolive - 3 tasses 413 g de farine tout usage jâai fait un mĂ©lange de farine tout usage 2 tasses/270 g + farine de blĂ© entier Ÿ tasse/103 g + son dâavoine ÂŒ tasse/30 g PrĂ©paration 1. Dans un bol moyen, mĂ©langer ensemble les farines, le son dâavoine et le sel. 2. Dans un grand bol, verser lâeau tiĂšde. Ajouter la levure, le sirop dâĂ©rable et lâhuile. Faire lever 5 minutes. 3. Ajouter le mĂ©lange de farine et mĂ©langer. 4. PĂ©trir pendant 10 minutes. 5. Mettre dans bol et couvrir dâun linge propre. Disposer dans un lieu chaud et humide four Ă©teint lumiĂšre allumĂ©e + tasse dâeau chaude Ă cĂŽtĂ©. 6. Faire lever durant 1 heure. La pĂąte devrait doubler de volume. 7. DĂ©gonfler la pĂąte, et former le pain et le disposer dans le moule prĂ©alablement huilĂ© lĂ©gĂšrement 9 x 5 po /23 x 13 cm. Laisser lever environ 40 minutes couverts d'un linge propre toujours au four Ă©teint lumiĂšre allumĂ©e et tasse dâeau chaude. 8. PrĂ©chauffer le four Ă 350 °F 180 °C et cuire 30 minutes. Source dĂ©clinaison DĂ©linquances et saveurs » IMPRIMER LA RECETTE
teneursplus élevées en acides aminés essentiels que le maïs entier, comme le montre le tableau 1. Tableau 1: Teneurs en protéines et en acides aminés du maïs et du tourteau de germes de maïs. Maïs Tourteau de germes de maïs Protéines brutes (%) 7.6 20 Lysine (%) 3.1 4.0 Méthionine (%) 2.1 1.7 EMAn (MJ/kg MS)* 15.1 8.8
L'Action Agricole Picarde, L'hebdomadaire agricole et rural de Picardie 29 avril 2022 Hausse du coĂ»t de lâaliment, augmentation du coĂ»t de production du maĂŻs grain liĂ© notamment Ă la hausse du⊠29 avril 2022 Hausse du coĂ»t de lâaliment, augmentation du coĂ»t de production du maĂŻs grain liĂ© notamment Ă la hausse du⊠Les plus lus Inscription Newsletter CoopĂ©ratives 80% des adhĂ©rents ont confiance en leur coop Body A partir de
Bonsoirà tous, J'essaye de trouver une nouvelle culture de printemps, et par chez moi du maïs grain sec ce n'est pas évident. Il faudrait que je sois équiper d. AGRICULTURE - CONVIVIALITà - ENVIRONNEMENT (A.C.E) Bonjour et bienvenue sur ACE !!!! Enregistrez-vous sur le forum et n'oubliez pas de renseigner votre profil. Avant de poster pour la premiÚre fois,
Dans de prĂ©cĂ©dents essais, avec en ligne de mire lâalimentation porcine, Arvalis sâest penchĂ© sur la digestibilitĂ© du phosphore du maĂŻs selon le mode de conservation. Cette digestibilitĂ© est significativement amĂ©liorĂ©e » dans le cas dâune conservation humide. Les valeurs de digestibilitĂ© Ă©taient de 63 % pour le MGHE, de 49 % pour le MGHI, contre 32 % pour le maĂŻs sec 1. Les teneurs en phosphore digestible prĂ©sentent la mĂȘme hiĂ©rarchie en faveur de la forme humide ensilĂ©e 1,63 g/kg pour le MGHE et 1,23 g/kg pour le MGHI, contre 0,79 g/kg pour le MGS. La valeur a Ă©tĂ© doublĂ©e entre le maĂŻs grain sec et la forme humide ensilĂ©e », constate Arvalis. En Ă©levage porcin, lâutilisation de la forme humide entraĂźne un gain Ă©conomique et environnemental la part de phosphore digestible apportĂ© par le maĂŻs augmente, permettant de rĂ©duire lâajout de phosphate bicalcique dans lâaliment, mais aussi de baisser la teneur en phosphore dans les dĂ©jections. 1 Des valeurs supĂ©rieures aux 28 % de rĂ©fĂ©rence pour le maĂŻs grain sec, indiquĂ©es dans les tables Inra-AFZ 2004.
DĂ©couvrirle MaĂŻs Grain . Le maĂŻs est la cĂ©rĂ©ale la plus produite dans le monde et se positionne juste derriĂšre le blĂ© en France. Avec sa teneur riche en amidon, le maĂŻs est intĂ©ressant pour l'Ă©levage de bovins, de volailles et de porcins. Ainsi, 75% de la production française est destinĂ©e Ă lâalimentation animale.
Ce document compare les rĂ©sultats observĂ©s pour l'annĂ©e 2020 de la marge sur charges variables par hectare pour la production de maĂŻs-grain humide. AGDEX 111/891cQu'est-ce qu'une information Ă©conomique et technique? Parmi les donnĂ©es regroupĂ©es dans les feuillets dâinformation Ă©conomique et technique peuvent figurer des statistiques de production, les charges sociales, le montant des prĂ©levĂ©s des plans conjoints, la masse volumique des produits agricoles ou encore les tables de conversion. Ces informations sont essentielles dans la rĂ©alisation de prĂ©visions budgĂ©taires. AccĂ©dez Ă un exemple de feuillet dâinformation Ă©conomique et technique. Vous lâaurez compris, les budgets offerts par le CRAAQ constituent le pilier central des RĂ©fĂ©rences ces prĂ©visions ne peuvent que rarement ĂȘtre transposĂ©es directement aux entreprises. Comme conseiller, vous pourrez les adapter Ă chaque situation en tenant compte de la table de sensibilitĂ© incluse dans le sommaire des budgets, de mĂȘme quâavec les donnĂ©es fournies dans les feuillets des autres catĂ©gories. Pour vous faciliter lâutilisation des diffĂ©rents feuillets, les mĂ©thodes de calculs ont Ă©tĂ© harmonisĂ©es et sont dĂ©crites dans un guide mĂ©thodologique disponible en ligne dans lâoutil dâencadrement Ă la budgĂ©tisation. AccĂ©dez Ă lâoutil dâencadrement Ă la budgĂ©tisation. En savoir plusCe document fait partie de la collection RĂ©fĂ©rences Ă©conomiques. Pour en savoir plus sur l'abonnement Ă la collection complĂšte cliquez ici Une initiative du ComitĂ© RĂ©fĂ©rences Ă©conomiques du CRAAQ. DĂ©tails
bHxj. pmy24wtlk3.pages.dev/215pmy24wtlk3.pages.dev/227pmy24wtlk3.pages.dev/52pmy24wtlk3.pages.dev/174pmy24wtlk3.pages.dev/269pmy24wtlk3.pages.dev/304pmy24wtlk3.pages.dev/105pmy24wtlk3.pages.dev/135
tableau conversion maĂŻs grain humide en sec 2020